Ph., G.AdC
Corfou, 28 mai 1937.
Dans de tels moments nous ne parlons jamais ; mais je ressens plus fortement, dans cette irréelle lumière, la présence de deux bras bruns, d’une gorge brune, et des orteils bruns dans des sandales. Une centaine d’images simultanées m’étourdissent l’esprit. Le bol plein de roses sauvages. Les fourchettes et les couteaux anglais. Les cigarettes grecques. Le carnet tout froissé, taché par l’eau de mer, où j’ai noté mes poèmes. La corde et la rame sous l’arbre. Le trop-plein de la presse à olives que l’on recueillera pour garnir les lampes. Le tas de pierres destinées à la construction d’un mur autour du jardin. Un seau et une hache. La paysanne qui traverse le verger, vêtue d’une robe blanche. La chèvre qui n’arrête pas de tousser dans la grange. Toutes ces images prennent corps et substance autour du petit cône jaune de la flamme où N… coupe du fromage et lave les raisins. Une seule bougie qui brûle sur une table entre nos deux bonheurs. »
Lawrence Durrell, Divisions sur le sol grec, 1, L’Île de Prospero, Éditions Buchet /Castel, 1962 ; Le Livre de Poche biblio, 1993, pp. 20-21.
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honte grande je n'en ai lu que quelques lignes. Sous prétexte que, dans ma jeunesse, c'était l'auteur préféré de quelqu'un que je n'aimais pas. Je pense que je devrais m'y mettre
Rédigé par : brigetoun | 28 mai 2007 à 22:41