Le 21 mai 1944 meurt à Paris l’écrivain René Daumal.
Proche des surréalistes dont il partage l’intérêt pour l’exploration de l’inconscient, l’écrivain René Daumal (né le 16 mars 1908 à Boulzicourt, dans les Ardennes) anime avec Roger Gilbert-Lecomte, Roger Vailland et André Rolland de Renéville (1903–1962), la revue du Grand Jeu. Assoiffé d’absolu dans un monde ruiné par les excès du rationalisme, René Daumal, cherchant désespérément à concilier métaphysique et matérialisme, se tourne vers les philosophies orientales, en particulier la spiritualité hindoue. L’œuvre entière de René Daumal porte la marque de cette quête : Contre-ciel (1936), La Grande Beuverie (1938), puis Poésie noire, poésie blanche, Le Mont Analogue, œuvres publiées en 1952, huit ans après la mort de l’écrivain, survenue à Paris le 21 mai 1944. Le Mont Analogue, roman d’aventures alpines, non euclidiennes et symboliquement authentiques fut commencé par René Daumal en juillet 1939 lors de son séjour à Pelvoux dans les Alpes et à un moment particulièrement tragique des son existence. Celui-ci venait d’apprendre - à trente et un ans - qu’il était perdu : tuberculeux depuis une dizaine d’années, sa maladie ne pouvait avoir qu’une issue fatale à court terme. Trois chapitres étaient achevés en juin 1940 quand Daumal quitta Paris en raison de l’occupation allemande, sa femme, Véra Milanova, étant israélite. Après trois ans passés entre les Pyrénées (Gavarnie), les environs de Marseille (Allauch) et les Alpes (Passy, Pelvoux), dans des conditions très difficiles sur tous les plans, Daumal connut enfin, au cours de l’été 1943, un moment de répit et espéra pouvoir finir son "roman". Il se remit au travail, mais une dramatique aggravation de sa maladie l’empêcha de terminer la relation de son voyage "symboliquement authentique".
EXTRAIT du MONT ANALOGUE
Voici, schématiquement, comment nous pouvons nous représenter cet espace ; les lignes que je trace représentent ce que seraient les trajets de rayons lumineux, par exemple ; vous voyez que ces lignes directrices s’épanouissent en quelque sorte dans le ciel, où elles se rejoignent à l’espace général de notre cosmos. Cet épanouissement doit se produire à une hauteur telle – bien supérieure à l’épaisseur de l’atmosphère – qu’il ne faut pas songer à pénétrer dans la « coque » par en haut, en avion ou en ballon.
Si maintenant nous figurons le territoire en plan horizontal, nous avons ce schéma. Remarquez que la région même du Mont Analogue ne doit offrir aucune anomalie spatiale sensible, puisque des êtres tels que nous doivent pouvoir y subsister. Il s’agit d’un anneau de courbure, plus ou moins large, impénétrable, qui, à une certaine distance, entoure le pays d’un rempart invisible, intangible ; grâce auquel, en somme, tout se passe comme si le Mont Analogue n’existait pas.
Supposant – je vous dirai tout à l’heure pourquoi – que le territoire cherché soit une île, je représente ici les trajets d’un navire allant de A à B. Nous sommes sur ce navire, je braque une lunette dans la direction de la marche du navire ; je vois le phare B, dont la lumière a contourné le Mont Analogue, et je ne me douterai jamais qu’entre le phare et moi s’étend une île couverte de hautes montagnes. Je poursuis ma route. La courbure de l’espace dévie la lumière des étoiles et aussi les lignes de force du champ magnétique terrestre, si bien que, naviguant avec le sextant et la boussole, je serai toujours persuadé que je vais en ligne droite. Sans que le gouvernail ait à bouger, mon navire se courbant lui-même avec tout ce qui est à bord, épousera le contour que j’ai tracé sur le schéma de A à B. Donc, cette île pourrait avoir les dimensions de l’Australie, qu’il est tout à fait compréhensible, maintenant, que personne ne se soit jamais avisé de son existence. Vous voyez ? » René Daumal, Le Mont Analogue, Gallimard, Collection L’Imaginaire, 1981, pp. 63-64. |
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Si trova qui, molto raramente nelle zone più basse, più sovente man mano che si sale, una pietra limpida e di un’estrema durezza, sferica e di grossezza variabile – un vero cristallo, ma, caso straordinario e sconosciuto nel resto del pianeta, un cristallo curvo! è chiamato nella lingua di Porto-delle-Scimmie, peradam. [...]. Potrebbe significare “più puro del diamante”, e lo è; oppure “padre del diamante”, e si dice infatti che il diamante sia il prodotto della degenerazione del peradam per una sorta di quadratura del cerchio, o più esattamente di cubatura della sfera; oppure la parola potrebbe significare “la pietra di Adamo”, avendo qualche segreta e profonda connivenza con la natura originale dell’uomo.
(Daumal, Il monte analogo)
Rédigé par : alfred | 24 mai 2007 à 21:09