Ph., G.AdC
FRÅN BERGET
Jag står på berget och ser över fjärden.
Båtarna vilar på sommarens yta.
« Vi är sömngångare. Månar på drift. »
Så säger de vita seglen.
« Vi smyger genom ett sovande hus.
Vi skjuter sakta upp dörrarna.
Vi lutar oss mot friheten. »
Så säger de vita seglen.
En gång såg jag världens viljor segla.
De höll samma kurs - en enda flotta.
« Vi är skingrade nu. Ingens följe. »
Så säger de vita seglen.
Tomas Tranströmer, Den halvfärdiga himlen, Bonnier, Stockholm, 1962.
DE LA MONTAGNE
Je suis sur la montagne et contemple la baie.
Les bateaux reposent à la surface de l’été.
« Nous sommes des somnambules. Des lunes à la dérive. »
Voilà ce que les voiles blanches me disent.
« Nous errons dans une maison assoupie.
Nous poussons doucement les portes.
Nous nous appuyons à la liberté. »
Voilà ce que les voiles blanches me disent.
J’ai vu un jour les volontés du monde s’en aller.
Elles suivaient le même cours ― une seule flotte.
« Nous sommes dispersées maintenant. Compagnes de personne. »
Voilà ce que les voiles blanches me disent.
Tomas Tranströmer, Ciel à moitié achevé, in Baltiques, Œuvres complètes 1954-2004, Gallimard, Collection Poésie, 2004, page 96. Traduit du suédois et préfacé par Jacques Outin. Postface de Renaud Ego. © Le Castor Astral, 1996 et 2004, pour la traduction française.
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même si l'on aspire ardemment la mer/les vents/les tempêtes
ces "bateaux"/vies "reposent"/renoncent...
et ces tristes voiles blanches - pas gonflées de vent/liberté -
deviennent "compagnes de personne"...
merci Angèle de nous faire découvrir des artistes peu connus et
...de nous les faire apprécier.
bisous.
Franca
Rédigé par : madeinfranca | 18 avril 2007 à 09:09
Grazie a te Franca, j'aime explorer des territoires inédits, lointains et souvent même inaccessibles qui me poussent à déplacer mes frontières, à me décaler un peu au coeur de mes tropismes. Qui restent toujours mes tropismes mais je peux les considérer sous un autre angle d'approche.
Baci, amica.
Rédigé par : Angèle Paoli | 18 avril 2007 à 12:04
Bonjour,
Bon choix que de citer Tomas Tranströmer que j'ai découvert par hasard dans les rayons de la librairie de mon quartier. Je me tourne régulièrement vers ses textes paisibles, méditatifs et faisant parfois un pas de côté pour esquisser une excursion surréaliste.
Jean-François de Nancy en Lorraine.
Rédigé par : Jean-François Nominé | 20 avril 2007 à 08:43
Merci, je cherchais, au hasard, des textes de Tomas Tranströmer, dont me parle aujourd'hui Christian Bobin dans Autoportrait au radiateur. "De la montagne" et l'image de cette pièce sont bien dans l'esprit de Bobin. "J'ai vu un jour les volontés du monde s'en aller." Comme c'est juste : nous en sommes là...
Rédigé par : Robert, de Montréal | 06 août 2007 à 20:33
envie de s'envoler quelque part.
Rédigé par : Account Deleted | 07 octobre 2011 à 02:50
Bonjour Angèle,
Une recherche sur les textes de Tomas Tranströmer m'a fait retrouver ton site, et donc un peu toi-même. Je te salue donc, je salue ton travail pour Terres de femmes, et j'espère que tout va bien pour toi depuis notre dernière rencontre à Paris pour Poésie en Compagnie.
Très amicalement,
dany moreuil
Rédigé par : Dany Moreuil | 17 octobre 2011 à 11:46
Chere Angele, je suis de Russie, la langue francaise m'interesse beaucoup -- et je cherche maintenant la traduction d'un poeme de Transtromer en francais. "Les arques romaines" - je crois, ce poeme s'appelle comme ca. En russe il sonne d'une maniere fantastique. Vous ne pourriez pas m'aider à le trouver? Excusez s.v.p. mes fautes. Serge
Rédigé par : Serge | 27 novembre 2011 à 20:36
Bonjour Serge,
Le poème que vous recherchez s’intitule en français « Voutes romanes ». Le voici, ci-dessous.
Bien amicalement,
Angèle
VOÛTES ROMANES
Au milieu de l’immense église romane, les touristes se
pressaient dans la pénombre.
Une voûte s’ouvrait sur une voûte, et aucune vue
d’ensemble.
La flamme de quelques cierges tremblotait çà et là.
Un ange sans visage m’enlaça
et me murmura par tout le corps :
« N’aie pas honte d’être homme, sois-en fier !
Car en toi, une voûte s’ouvre sous une voûte, jusqu’à
l’infini.
Jamais tu ne seras parfait, et c’est très bien ainsi. »
Aveuglé par mes larmes,
je fus poussé sur la piazza qui bouillait de lumière
en même temps que Mr et Mrs Jones, Monsieur Tanaka
et la Signora Sabatini
et en eux, une voûte s’ouvrait sur une voûte, jusqu’à
l’infini.
Tomas Tranströmer, Pour les vivants et les morts, 1989, in Baltiques, Œuvres complètes 1954-2004,
Poésie / Gallimard, 2004, page 288.
Rédigé par : Angèle Paoli | 29 novembre 2011 à 12:06