Né à Brühl en Rhénanie (Allemagne) le 2 avril 1891, le peintre Max Ernst est mort à Paris le 1er avril 1976.
Peintre français d’origine allemande, féru de philosophie, de mathématiques, de littérature et d’art, formé aux théories freudiennes, Marx Ernst est le fondateur de la branche Dada de Cologne (1919). En 1921, année où il peint Perturbation ma sœur, L’Éléphant Célèbes, Œdipus Rex, Max Ernst est invité par André Breton à exposer, à Paris, à la galerie « Au sans pareil ». Il exécute pour ses amis surréalistes un « portrait de famille », Au Rendez-vous des amis (1922). Max Ernst révolutionne par son approche la question du statut de l’objet, dans les rapports que celui-ci entretient avec lui-même et avec les objets qui l’entourent. Interrogeant la substance même des objets, Max Ernst donne libre cours à leur forme, à leur ombre et fait naître sur sa toile tout un univers de signes insoupçonné, constitué de rencontres jusqu’alors improbables. « Il naît sous son pinceau des femmes héliotropes, des animaux supérieurs qui tiennent au sol par des racines, d’immenses forêts vers lesquelles nous porte un désir sauvage, des jeunes gens qui ne songent plus qu’à piétiner leur mère », écrit André Breton dans Le Surréalisme et la peinture. Marqué par de graves crises existentielles, Max Ernst se fait explorateur de l’enveloppe humaine et pousse ses investigations jusque dans les dimensions divinatoires de l’esprit, jusqu’aux sources de l’inconscient. Qui lui offre un foisonnement à la mesure de ses réflexions sur l’art. Hantée par de « mystérieuses intuitions poétiques », sa peinture, habitée de fantasmes et de réminiscences mythiques et archétypales, a fait l’objet de grandes expositions et rétrospectives. Notamment celles du Solomon R. Guggenheim Museum de New York et du Grand Palais de Paris en 1975. Et celle du Centre Georges-Pompidou en 1991-1992. ŒDIPUS REX Dans un espace enclos entre des murs, deux personnages, un homme et une femme, symbolisés par deux têtes zoomorphes et hybrides, regardent fixement devant eux. Les cornes du mâle sont reliées à un fil ténu qui pend au-dessus de sa tête. La femelle, apparentée à un oiseau, a le col souligné par les claies d'une barrière. Chacun des deux personnages est donc retenu par un obstacle. À l’arrière, dans leur dos, une main gigantesque surgit de la fenêtre creusée dans le mur. La main tient une noix de même taille que les deux têtes du couple. Traversée de pointes, flèche, aiguille, fil et fût de fusil-arbalète qui transpercent aussi pouce et index enserrant le fruit. Composée comme une énigme onirique, la toile renvoie par son titre, Œdipus Rex, au mythe thébain d’Œdipe. Et au couple d’Œdipe et de Jocaste. Tous deux prisonniers de leur aveuglement, enfermés dans leur culpabilité. Leur regard fixe est aveugle à la réalité qui est la leur. L’assujettissement du couple aux forces occultes qui le dominent est suggéré par la main disproportionnée qui tient leur destin invisible entre ses doigts. Quant à la coque de noix, dont l'amande est cachée mais suggérée par l’interstice qui sépare les deux parties disjointes, peut-être pourrait-on y voir l’enveloppe crânienne du cerveau humain. Qui abrite conscient et inconscient. Les aiguilles et flèches qui transpercent la chair du doigt et la coque de noix, pouvant symboliser l’acte d'auto-mutilation d’Œdipe et son aveuglement. Le sujet de cette toile, réalisée en 1921, s'inspire du mythe qui a conduit Freud à élaborer la célèbre théorie du « complexe d’Œdipe ». Œdipe qui incarne par ailleurs pour les surréalistes la figure du héros en révolte contre l’autorité du père. Angèle Paoli D.R. Texte angèlepaoli |
■ Voir aussi ▼ → 59 toiles de Max Ernst (présentées par ordre chronologique) dans la Olga's Gallery |
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Et Loplop ?
Rédigé par : Elisabeth | 03 avril 2007 à 00:45
Contente de te lire, Elisabeth. Oui, c'est vrai, je n'ai fait aucune allusion à Loplop. Mais Œdipus Rex date de 1921 et Loplop n'est apparu que vers 1929 dans l'œuvre de Ernst. Au moment où Buñuel tournait L'Âge d'or. Et je ne suis pas certaine que Ernst avait déjà lu en 1921 Totem et Tabou, qui n'a été connu en France et notamment discuté par les surréalistes qu'à partir de 1924 (peu après la publication de la traduction de Simon Jankélévitch en décembre 1923). Ceci dit, tu as raison, l'alter ego Loplop était sûrement déjà en germe...
Rédigé par : Angèle | 03 avril 2007 à 09:55