Image, G.AdC LXXXIX
[Aleràmo à Campana]
[Florence] 25 avril 1917 Je t’envoie des vers quelconques, uniquement pour que tu constates, que moi aussi, ces jours-ci, je pensais que la « vie est un cercle vicieux »… Mais je le pensais autrement que toi, mon pauvre Dino. Du reste, si j’ai encore la grâce de sentir de temps à autre le retour éternel de la pureté du monde, je n’en souffre pas moins. Dino, je t’aime encore. Au cours de ces trois mois, je suis restée fidèle à ma passion, d’une façon que tu ne peux pas imaginer peut-être. Mais alors que je suis encore ainsi à toi, je te dis à mon tour adieu. Je ne sais pas ce qui m’attend. Peut-être les printemps, s’ils reviennent jamais pour moi, reviendront-ils tous comme celui-ci déserts. Que la volonté de dieu soit faite. Ma mère est morte, je l’ai appris trop tard pour la revoir. Je partirai peut-être demain, peu importe où. Je n’ai pas de traduction à t’envoyer, comme tu me le demandes, et je ne vois pas comment t’en procurer en ce moment. Adieu, Dino, puisses-tu retrouver la poésie au fond de ton âme ― et te souvenir parfois de la mienne. Sib.
Sibilla Aleràmo
Ti mando dei versi qualunque, soltanto perché tu veda che anch’io in questi giorni pensavo che la « vita è un circolo vizioso »... Ma lo pensavo diversamente da te, mio povero Dino. Del resto, se ho ancora la grazia di sentire in qualche attimo il ritorno eterno della purezza nel mondo, non soffro però meno. Dino, ti amo ancora. In questi tre mesi son rimasta fedele alla mia passione, in un modo che tu non puoi forse neppur immaginare. Ma, mentre sono ancora cosi tua, ti dico a mia volta addio. Non so che cosa mi aspetta. Forse le primavere, se torneranno per me, torneranno tutte come questa, deserte. Sia fatta la volontà di Iddio. È morta mia madre, l'ho saputo troppo tardi per rivederla. Forse partirò domani, non importa per dove. Non ho da mandarti le traduzioni che mi richiedi, e non vedo come procurartene in questo momento. Addio, Dino, che tu possa ritrovar la poesia nella tua anima - e ricordarti qualche volta dell’anima mia. Ma si, sempre Sento che sorrido, intenerita, c’è pudore e c’è grazia puerile in questo che m’investe, sola, tremore improvviso, oh luce tra le rame gemmate, sera che avvicini la primavera, sento che sorrido, intenerita, cosi tersa cosi lieve e presente la vita, con un suo senso anch’essa di casto bene, ridente, di un’ora che torna, torna, ma si, sempre di un’ora sospesa, oh nuova ! Sibilla Aleràmo/Dino Campana, Un viaggio chiamato amore. Lettere 1916-1918, Giangiacomo Feltrinelli Editore, 2000. |
SIBILLA ALERÀMO Source ■ Sibilla Aleràmo sur Terres de femmes ▼ → 28 juillet 1916 | Lettre de Sibilla Aleràmo à Dino Campana ■ Voir aussi ▼ → (sur Terres de femmes) Dino Campana | O, Sicilienne arrogante → (sur Terres de femmes) Dino Campana | Pampa → (sur it.Wikipedia) bio-bibliographie (en italien) de Sibilla Aleràmo |
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déjà beau de délicatesse en français, une musique supplémentaire avec l'italien (parce que ce n'est pas ma langue ?)
Rédigé par : brigetoun | 26 avril 2007 à 12:58
"Addio, Dino, che tu possa ritrovar la poesia nella tua anima". Sibilla se réfère-t-elle au manuscrit confié au poète Soffici et égaré par ce dernier? A ces chants que Campana dut réécrire de mémoire ?
Perdre sa poésie: non seulement physiquement, mais aussi spirituellement, comme Agnès Schnell qui se trouve dépourvue de poésie au cours d’une nuit.
Pourtant, même nus, "on continue / quand même vers l’avant…", selon elle. C'est dans l'âme que l'on retrouve l'espoir de l'"heure nouvelle", si nouvelle qu'' elle est frontière entre espoir et désespoir.
Perdre la poésie. devenir aveugle. devenir fou. comme Campana
Rédigé par : Emilie Delivre | 30 avril 2007 à 11:53
oh luce tra la musica.....................
Rédigé par : Martine | 26 avril 2012 à 00:59