Image, G.AdC
SANT ALESSIO, ROME
Hirondelles romaines,
hirondelles de l’Aventin
lorsque vous volez,
les yeux fortement plissés,
(depuis bien longtemps je sais
que tout ce qui vole est aveugle
et c’est pourquoi les oiseaux disent : « Seigneur ! »
comme l’homme ne peut le faire)
lorsque vous volez
allant on ne sait où, venant l’on ne sait d’où
devant les rameaux d’orangers et les pins…
le fugitif revient dans la maison paternelle
ancienne et profonde comme l’eau dans le puits.
Non, tout ne sera pas perdu
tout ne disparaîtra pas.
Cette gratuité
Cette inutilité pour quiconque
cela
que ne reconnaissent pas même une mère ou une épouse
cela ne disparaît pas.
Et comme tout est bon à la fin.
Comme il est bon que tout
ce que l’on désire tant, que l’on demande avec tant d’insistance
pour quoi l’on donnerait
ce qu’il y a de plus cher
que tout cela ne s’avère nullement nécessaire.
Ils n’ont pas su reconnaître – mais qui le pourrait ?
Pour ce qu’il en reste !
Des plaies et des os.
Des os secs, comme dans la vallée de Josaphat.
(traduction de Marie-Noëlle Pane)
Ph., G.AdC
SANT ALESSIO. ROMA
Римские ласточки
ласточки Авентина
когда вы летите
крепко зажмурившись
(о как давно я знаю,
что все, что летит, ослепло
и поэтому птицы говорят: « Господи! »
как человек не может)
когда вы летите
неизвестно куда неизвестно откуда
мимо апельсиновых веток и пиний...
беглец возвращается в родительский дом
в старый и глубокий, как вода в колодце.
Нет, не все пропадет
не все исчезнет.
Эта никчемность
эта никому-не-нужность
это
чего не узнают родная мать и невеста
это не исчезает.
Как хорошо наконец.
Как хорошо, что все
чего так хотят, так просят
за что отдают
самое дорогое –
что все это, оказывается, совсем не нужно.
Не узнали – да и кто узнает?
Что осталось-то?
язвы да кости
Кости сухие, как в долине Иосафата
Москва: журнал “Итака”, изд-во “Логос”, 2001.
Olga Sedakova, Poètes russes d’aujourd’hui, anthologie bilingue, La Différence, 2005, pp. 206-207.
NOTE d'Angèle : Saint Alexis (prénom de mon fils) est fêté le 17 mars par l'Église orthodoxe et le 17 février par l'Église catholique. Par ailleurs, le Dramma musicale Il Sant’Alessio de Stefano Landi a été exécuté pour la première fois le 8 mars 1631 à Rome [extrait sur YouTube, DVD réalisé le 19 mai 2008].
NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE
Née le 26 décembre 1949 à Moscou où elle vit, Olga Aleksandrovna Sedakova [Ольга Александровна Седакова] enseigne la littérature à l’université de Moscou. Elle est aussi docteur honoris causa de l’université de théologie de Minsk.
Ses poèmes ont d’abord été diffusés en samizdat. Parmi ses recueils : Portes, fenêtres, arches (sa première publication de poésie aux éditions YMCA-Press, Paris, 1986), Le Voyage des rois mages (2001), Le Voyage en Chine (2001). Olga Sedakova est lauréate du Prix européen de poésie (Rome 1996), du prix de la société Soloviev (1998) et du prix Soljenitsyne (2003).
Ont été traduits en français, en 2001, son essai, Éloge de la poésie (traduction de Ghislaine Capogna Bardet, L’Âge d’homme), puis, en 2005, Voyage à Tartu, suivi de Poésie & Anthropologie et de Quelques remarques sur l’art de la traduction (traduction de Philippe Arjakovsky, Sauve, Clémence Hiver, 2005). Un recueil de ses poèmes est paru en 2004 (Le Voyage en Chine et autres poèmes, traduction de Léon Robel et Marie-Noëlle Pane, Caractères).
Purtroppo le rondini romane sono sempre piu' rare anche a sant'Alessio, una delle mie passeggiate preferite !
Stregabella sono senza p.c. per questo non posso ancora scriverti... ma ti penso e ti abbraccio
rita
Rédigé par : farouche | 18 mars 2007 à 19:15
Philippe Jaroussky, interviewé pour le journal de 13h00 de France 2 le 8 septembre 2008. Il interprète un extrait du Sant'Alessio de Stefano Landi : http://www.youtube.com/v/OBpjdcICDBw&hl=en&fs=1>O morte gradite.
Rédigé par : Webmestre de TdF | 12 septembre 2008 à 00:30