Mort à Cuernavaca (Mexique) le 18 mars 1980, de Tamara Gurwick-Gorska, dite Tamara de Lempicka, la peintre la plus emblématique des années « Art Déco ».
Tamara de Lempicka
Image, G.AdC
Née à Varsovie (ou à Moscou ?), le 16 mai 1898, dans une famille très fortunée, Tamara de Lempicka a vécu en Russie une existence dorée jusqu’à l’arrestation par les bolcheviks, en 1918, de son mari Tadeusz (de Lempicki), dont elle finit (après beaucoup d’acharnement) par obtenir la libération. Le couple fuit tout aussitôt la Russie et s’installe en France. À Paris où, très vite, elle fréquente la Haute société européenne et s’affiche femme émancipée et bisexuelle. Tamara étudie la peinture à l’Académie de la Grande-Chaumière (un institut privé). Elle est l’élève d’André Lhote et de Maurice Denis (mouvement nabi) et se passionne pour l’art de la Renaissance italienne et des grands maîtres italiens (Michel-Ange en particulier).
En 1925, elle participe à la première grande Expo Arts Déco (Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels de Paris). C’est à partir de là qu’elle se fait un nom et devient une véritable icône et diva de l’Art Déco et des Années folles. Avec un style glamour tout à fait reconnaissable. « Une lumière à la manière d'Ingres, du cubisme à la Fernand Léger, avec du rouge à lèvres Chanel », résume un critique d'art de l’époque. Elle se sépare en 1928 de Tadeusz, s'installe en 1929 dans son atelier du 7, rue Méchain. En février 1934, elle épouse le très riche baron Raoul Kuffner de Dioszegh. Tous deux émigrent en 1939 pour les États-Unis (New York, puis Los Angeles) où elle se consacre exclusivement à son art, exposant dans de nombreuses galeries de renom, mais sans plus jamais obtenir le succès qui l'auréola durant l'entre-deux-guerres. Dans les années 1960, elle se tourne vers l’art abstrait. Artiste prolifique, c’est surtout comme portraitiste qu’elle est aujourd’hui reconnue.
Elle s’est éteinte à Cuernavaca (Mexique) le 18 mars 1980, dix-huit ans après le décès du baron Kuffner. Sa fille Kizette, née de son premier mariage, a dispersé ses cendres au sommet du Popocatépetl.
La première grande rétrospective de l’œuvre de Tamara de Lempicka s’est tenue à Paris à la Galerie du Luxembourg en 1972 et a contribué à la réhabilitation de son œuvre (tant soit peu ignorée par la critique qui tenait jusqu’alors son art pour un art « mineur »). La toute dernière grande rétrospective (après celle du Musée des années 30 de Boulogne-Billancourt) s'est achevée en février 2007 au Palazzo Reale de Milan. Tamara de Lempicka est peu représentée sur les cimaises des musées français (un beau Portrait toutefois de Tadeuz de Lempicki au musée National d'Art moderne de Paris), hormis le Musée des Beaux-Arts de Nantes (le premier musée français à lui avoir acheté une toile en 1928), auquel elle a légué ses œuvres en 1976 par l'intermédiaire de la direction des Musées de France.
« Rien n’est plus évocateur des années jazz que ces portraits glacés de femmes à la mode et d’hommes séduisants qui jouent au polo dans la journée et boivent des cocktails jusqu’à l’aube », rapporte le critique d’art Frank Whitford, qui rajoute que c’est au cours de ces soirées folles « données par les riches et les décadents, où drogues et alcools étaient servis par des domestiques à moitié nus », « qu’elle sniffait de la cocaïne avec Gide et draguait hommes et femmes », et qu’elle a aussi fait la connaissance de Colette, d'Isadora Duncan, de Jean Cocteau, ou encore de James Joyce.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.