Le 11 mars 1951 naît à Paris Dominique Sanda (de son vrai nom Dominique Varaigne).
À peine sortie du « couvent » où elle a fait ses études, Dominique Sanda, mannequin pour Vogue, fait ses débuts au cinéma avec Robert Bresson. Tout juste âgée de dix-sept ans. Dans Une femme douce (1968), une adaptation d'une nouvelle de Dostoïevski. Un film qui, derrière la voix blanche, révèle paradoxalement une voix. Un film cathartique qui révèle aussi l’actrice à elle-même et sera tout au long de sa vie d’artiste son fil d’Ariane. Une carrière qui se poursuit l’année suivante avec Premier amour (Erste Liebe, d’après Tourgueniev) de Maximilian Schell, film qu’elle tourne en allemand. Mais c’est en Italie que l’évanescente et plus que troublante beauté blonde va prendre son fol envol. Dominique Sanda joue aux côtés de Jean-Louis Trintignant et de Stefania Sandrelli dans Le Conformiste (1970), un film adapté d’un roman très traditionnel d’Alberto Moravia (Il Conformista), et dont Bernardo Bertolucci a génialement éventré la structure narrative. La même année, elle interprète pour Vittorio De Sica la fascinante et insaisissable Micòl du Jardin des Finzi-Contini. Après L’Incroyable Évasion (The Mackintosh Man, 1972) de John Huston et une brève et onirique apparition dans Violence et Passion de Luchino Visconti (Gruppo di famiglia in un interno, 1975), Dominique Sanda reçoit au Festival de Cannes le Prix d’interprétation féminine pour son rôle dans L’Héritage (L’Eredità Ferramonti, 1976) de Mauro Bolognini. Cette même année 1976, Bernardo Bertolucci confie à l’actrice le premier rôle féminin de 1900 (Novecento). Dominique Sanda trouve dans le personnage d’Ada, confrontée à la tourmente paysanne et à l’effondrement du monde auquel elle appartient, l’un de ses rôles les plus aboutis. En 1979, Dominique Sanda joue le rôle d’Hélène dans Le Voyage en douce de Michel Deville, aux côtés de sa complice Géraldine Chaplin (Lucie). Une échappée en Provence pleine de fraîcheur, un film arabesque à la « petite musique » grisante et lancinante (Granados). Comme la voix de Sanda. Depuis lors, plus aucun film de l’actrice ne m’est vraiment resté en mémoire (hors Une chambre en ville peut-être...). Pour moi, les années Sanda ont duré une douzaine d'années et se sont mystérieusement interrompues au début des années quatre-vingt. Comme délitées. Angèle Paoli D.R. Texte angèlepaoli ____________________________ Note d'AP : selon de nombreuses sources, Dominique Sanda serait née le 11 mars 1948. Nous avons pris pour référence le Who's Who in France qui vérifie de façon très rigoureuse (auprès des bureaux d'état-civil) l'état-civil des personnes qui figurent dans leur publication. Voir aussi (ci-dessous) l'article de Libération du 16 juillet 2007 (« Elle est née trois ans après la date de naissance que lui donnent communément les fiches biographiques, peut-être parce qu'à 13 ans, ça l'arrangeait d'en avoir 16 […] »). |
DOMINIQUE SANDA Affiche du festival du film de Taormine 2019 ■ Voir| écouter aussi ▼ → (sur le site de Libération) un article d'Anne Diatkine : L'inoubliée (16 juillet 2007) → (sur le site de La Stampa) un entretien (en italien) avec Dominique Sanda (Taormina Film Fest, juillet 2019) → le site personnel de Dominique Sanda |
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Angèle, il aura fallu cet article pour que j'apprenne que Sanda avait joué aux côtés de Vittorio Gassman en 1992 dans un film de Dino Risi. Sur une musique de Francis Lai !!! Cela m'avait totalement échappé. Sanda est bien l'actrice d'UNE époque.
Rédigé par : Yves | 11 mars 2007 à 18:51
Je me souviens du film Al di là del bene e del male (Liliana Cavani), où Dominique Sanda était Lou Andreas-Salomé et fut simplement grandiose ! Et dans Il giardino dei Finzi-Contini.
Elle a une grâce et une beauté de poupée mais l'inquiétude de l'artiste.
Je l'adore.
Rédigé par : Blumy | 11 mars 2007 à 19:52
Je suis très fière de m'apercevoir que j'étais fan de Dominique Sanda, que la nouvelle génération ne connaît pas. J'ai vu Le Jardin des Finzi Contini, Violence et passion, Au delà du bien et du mal, 1900 et Le Voyage en douce. Fidèle lectrice, surtout en ce qui concerne les Femmes.
Rédigé par : caroline_8 | 13 mars 2007 à 10:04
Elle vit à Buenos Aires, maintenant, elle fait du théâtre.
Voilà une actrice atypique, avec une sorte de "mauvais jeu" pour certains ―du fait de sa formation mannequin + Bresson―, mais une présence et une beauté qui l'ont fait comparer, à juste titre, au début de sa carrière, à une Garbo française.
Elle aurait pu être une actrice "bankable", comme on dit (elle l'a même été, avec carrière américaine, etc.) et puis non, et c'est vrai qu'après Une chambre en ville et le beau film vietnamien Poussière d'empire, elle n'a plus trop joué dans des films réussis & exigeants. Peut-être a-t-elle un peu trop suivi Benoît Jacquot à une époque où il filmait vraiment chiant ― Corps et biens, Les Mendiants.
Il reste qu'elle a fait des choix de vie admirables, que l'on devine sentimentaux.
Ça serait bien qu'elle revienne, sans tenter le come-back, mais juste revenir un peu dans le ciné français.
Il reste 2-3 films parmi les plus grands du cinéma dont Le Jardin des Finzi-Contini et Le Conformiste.
Je l'avais vue au festival de Créteil, en 1988, mal à l'aise d'être célébrée ainsi, mais progressivement libérée et parlant d'elle avec plaisir. Une belle soirée.
Laurent
Rédigé par : laurent b | 08 mai 2007 à 01:49