Ph., G.AdC
à Colomba.
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GUILLEVIC Source ■ Eugène Guillevic sur Terres de femmes ▼ → 5 août 1907 | Naissance d’Eugène Guillevic → A → À Denise Le Dantec → Carnac, traduit en corse par Francescu-Micheli Durazzo |
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2es Rencontres Européennes de Littérature à Strasbourg
Hommage à Guillevic
(1907-1997)
« Guillevic poète et traducteur »
VENDREDI 16 MARS 2007
14h00 –16h30 (Palais universitaire)
Guillevic a passé l’essentiel de sa jeunesse en Alsace : à Ferrette où il habitait, à Altkirch où il a fait ses études. Ce n’est donc pas un hasard si, pour lui, poésie et traduction ont toujours été étroitement liées : de l’allemand (Brecht, Goethe, Trakl, Stadler…), de l’alsacien (Nathan Katz), mais aussi du hongrois, de l’arabe et d’autres langues.
Dans le cadre des célébrations nationales du 100e anniversaire de la naissance de Guillevic (Carnac, Morbihan, 5 août 1907) et du 10e anniversaire de sa mort (Paris, 19 mars 1997), l’hommage strasbourgeois est centré sur cet élément fondateur de son œuvre : traduire, écrire.
Témoignages de son épouse Lucie Guillevic et de son ami Henri Meschonnic. Interventions de Tivadar Gorilovics (Université de Debrecen), qui travailla avec Guillevic à de nombreuses traductions. Interventions d’Irène Kuhn et de Pascal Maillard. Lectures en hongrois, allemand, alsacien et français.
Rédigé par : Agenda culturel de TdF | 21 février 2007 à 14:52
La colomba___
Sul davanzale, la rosa
e là sul tetto, la colomba.
La vedi ora, guarda!
La colomba vola alla rosa,
lei bianca, rosso il fiore,
rosso e bianco stanno insieme
bianco e rosso insieme s'amano.
Ma vola via poi la colomba.
Oh mia bella colomba bianca
Tu dimentichi il mio davanzale,
oh mia bella colomba bianca,
ritorna qui un istante.
Anonimo cinese ____
Anghjula,Ivucciu, direz-vous à Colomba que j’aurais tant aimé être Picasso pour lui raconter cette poésie chinoise anonyme ?
Amicizia
Guidu___
Rédigé par : Guidu | 21 février 2007 à 16:19
Ditti di u scavapuzza
Pà Guillevic
O frà chi cerchi acqua
quandu a to verga trinneca
narbosa s’arrizza
l’acqua s’apra una via
indrint’à u sambucu
par u zirlimu.
Tandu scavu eiu
Pà dà forma à a to brama.
Dits du puisatier
À Guillevic
Sourcier mon frère
quand ta baguette vibre
se redresse nerveuse
l’eau se fraie un passage
dans le coudrier
pour le jaillissement.
Alors je creuse
pour donner forme à ton désir.
Francescu-Michele Durazzo, A Filetta (Onze poètes corses contemporains) Editions PHI, juin 2005.
Rédigé par : Jean-François AGOSTINI | 21 février 2007 à 23:29
delicati versi d'acqua e terra, e bella foto di Guidu che qui saluto
un abbraccio stregamia, a presto
rita
Rédigé par : r.r.florit | 22 février 2007 à 00:40
La lecture de ce poème de Francescu-Michele Durazzo en lingua nustrale proposé par Jean-François Agostini me donne envie de vous parler de nos voisins-cousins sardes qui, eux, depuis 1948, ont un vrai statut d’autonomie par rapport à l’Etat de leur continent italien (c’était le nôtre autrefois) !
Les résultats de cette politique sont, dans notre île sœur, particulièrement tangibles ! Il suffit pour le vérifier de consulter dans son intégralité le magnifique site Sardegna Cultura, édité par la Regione Autonoma della Sardegna.
En voici un aperçu : Lingua sarda. Vous jugerez ainsi sans doute, par comparaison, de l’indigence de notre corsité dont j’affirme désormais qu’elle est condamnée à disparaître à tout jamais, tant la politique de la France jacobine a eu raison de notre identité ! Honte à toi Napoléon qui a trahi Bonaparte ! Malaparte disait, à propos de son pseudonyme : « Napoléon s'appelait Bonaparte, et il a mal fini : je m'appelle Malaparte et je finirai bien. »
Amicizia
Guidu____
Ps : Désolé, chère Angèle, c’est la première fois que j’exprime ici mon opinion sur cette question, et ça sera la dernière. Je vous félicite une fois encore de faire l'éloge de la littérature et de la poésie italienne dans vos colonnes et je suis particulièrement fier et heureux de participer à vos cotés à l’aventure de TdF.
Rédigé par : Guidu | 22 février 2007 à 11:18
Cavaliere, je comprends votre amertume et je la partage aussi bien des fois. Mais là où vous êtes injuste, c'est lorsque vous écrivez "Honte à toi, Napoléon, qui a trahi Bonaparte"! Vous oubliez que Bonaparte est venu trouver Pascal Paoli et que le Babbu a refusé ses propositions. Le pouvoir ne se partage pas, vous le savez aussi bien que moi. Napoléon est aussi né de ce rejet ! Quant à Pascal Paoli, je n'ai pas eu connaissance des ambitions culturelles qui auraient pu être les siennes pour notre île. Certes, lorsque le Babbu s'adressait au peuple corse, il le faisait en corse, mais toute sa correspondance avec l'élite intellectuelle de son époque est en italien ! Il n'y a pas eu, à ma connaissance, de "projet culturel corse" lors de la première Cuncolta.
Je ne vous donne pas vraiment raison lorsque vous sous-entendez que notre identité culturelle passe par l'italianité. Elle passe par la latinité. Et par l'ouverture au monde méditerranéen au sens large. Pourquoi au sens large ? Parce que je n'y intègre pas seulement le Mare nostrum, mais aussi par exemple le Portugal pour lequel je me sens une vraie attirance et fascination, et l'Amérique latine. Ce qui ne m'interdit pas de m'ouvrir à tout ce qui m'est étranger...
Rédigé par : Angèle Paoli | 22 février 2007 à 12:07
La traduction en italien d'un de mes poèmes de jeunesse, par mon amie milanaise
Sabina Dessalles D' Epinoix :
Settembre
Amo settembre, il mese delle rinascenze
Quando il vento rosato della sera
Scolpisce a freddo le nubi
E gli azzurri declinati in vasta tela di mare
Sfiorano l’orizzonte di carezze velate.
Amo settembre a notte,
Di luna arrossata
E il suo alone soffuso d’un desiderio evaso
Nell’assente chiarore di stelle vagheggiate.
Quando il bagliore erompe, aureolando i lembi
E accresce il mistero dell’isola redenta
Amo settembre vivo, turbamento dei miei sensi
Quando la vita si placa delle audacie passate
Esacèrba l’odore della terra ritrovata
Dopo un’alba pioggia di rugiada inebriante.
Amo settembre in fuga
E la traccia delle sue ore
La fragranza d’un tempo immobile e mutevole
Che agita il mio cuore e libera la mia anima.
Un très très beau roman à lire impérativement de notre voisine sarde Milena Agus " Mal de pierres " aux éditions Liana Levi (traduit de l'italien par Dominique Vittoz).
Petite réflexion personnelle à l'attention de Guidu, je me sens 100 % imprégné de culture corse, 100 % imprégné de culture française et 100 % imprégné de culture italienne. Nul jacobinisme, qu'il soit d'essence étatique "parisienne" ou d'essence universitaire "cortenaise" ne me fera renoncer à ce que je suis, un homme libre et raisonnable (et nous sommes nombreux à dépasser toutes polémiques stériles pour essayer de construire autre chose qui pourrait bien véritablement étonner)
Amicizia
Rédigé par : Jean-François AGOSTINI | 22 février 2007 à 12:57
100% + 100% + 100% = 300 %.=> Vous avez bien de la chance, mon cher Jean-François, d'être à 300 % ce que vous êtes. Pour ma part, je suis à 100% en "attente d'imprégnation" de toutes les cultures que je ne connais pas, que je désirerais connaître et que je n'aurai sûrement pas le temps de connaître. Voilà le coeur de mon dépit, mais qui est aussi le coeur de la problématique propre à la nature humaine (cf. memento mori : "Souviens-toi que tu es mortel").
PS La famille Dessalles d’Epinoix (d’azur à trois croissants d’argent, au chef du même chargé de trois molettes d’azur) n'est-elle pas d'origine insulaire (Martinique) ?
Rédigé par : Yves | 22 février 2007 à 14:53
Très touchée par ce poème. Je connais trop peu Guillevic, je m'en rends compte ici.
Rédigé par : tissiane | 22 février 2007 à 15:00
Mon cher Yves,
Il va de soi, et vous l’avez compris, que je suis 100 % de chacune de ces affirmations à tour de rôle (sauf peut être corse mais là il s’agit de sang pour sang), sans être schizophrène, et lorsque par hasard tout cela se mélange j’écris ma bien piètre poésie. Angèle a raison
d’ évoquer notre latinité, je vais même au-delà et parle d’hellassitude philosophique pour m’honorer de ma condition de citoyen pensant de l’univers.
Les Dessalles D’Epinoix sont d’origine bretonne, leur ancêtre a fui la Révolution pour effectivement rejoindre la Martinique.
Rédigé par : Jean François Agostini | 22 février 2007 à 17:07
"Corse, sang pour sang" ? Allons donc ! Vous jouez de provocation, cher Jean-François, car vous n'êtes pas naïf, ni si simple... Et, n'en déplaise à votre modestie, votre soufle poétique essaime jusqu'en ce débat diversités et contradictions irrévocables...
Et si la Corse était une pomme ? De tentation ou de discorde ?
"J’étais autrefois bien nerveux. Me voici sur une nouvelle voie : Je mets une pomme sur ma table. Puis je me mets dans cette pomme. Quelle tranquillité! "(Henry Michaux, «Magie», Lointain intérieur).
Amicalement
Nadine
Rédigé par : Nadine Manzagol | 23 février 2007 à 06:12
Guillevic, je l'ai découvert très tôt, il y a des dizaines d'années. Il m'avait touchée. Puis, j'ai cessé de le fréquenter pour le redécouvrir à un moment où la vie m'était devenue fragile... Sa simplicité, ses élans, ses ardeurs me sont nécessaires.
Je ne résiste pas au plaisir de noter quelques très courts extraits.
*
Végéter.
C'est vivre moins
Que le végétal.
*
Est-ce que le chant
D'un oiseau
Aide un autre oiseau
A trouver son chant ?
*
Je ne suis pas l'oiseau,
Disait le rossignol,
Je suis un besoin de chanter.
*
Je ne vois pas l'oiseau
Qui ne sache alterner
Le silence et le chant.
*
Ce dernier extrait devrait nous rassurer quand nous sommes en période de trop calme, sans rien, sans écriture...
A vous deux, toute mon amitié.
Rédigé par : nobody | 23 février 2007 à 09:41
Chère Nadine,
La Corse, une pomme ? mais une pomme pleine de sÈve… ne nous pressons pas !
Pour revenir à Guillevic sans pour autant compromettre Saint Augustin, ce joli poème tout rond :
"Qu’est-ce qu’il y a donc
de plus rond que la pomme ?
- Si lorsque tu dis : rond,
Vraiment c’est rond que tu veux dire,
mais la boule à jouer
Est plus ronde que la pomme ;
mais si, quand tu dis : rond,
C’est plein que tu veux dire,
plein de rondeur
Et rond de plénitude,
Alors il n’y a rien
de plus rond que la pomme."
Petite précision pour Yves à propos des Dessalles D’Epinoix, Sabina me reprend, son ancêtre Gilles Dessalles, né en Bretagne au début du XVIIe siècle, serait passé aux Iles dans sa jeunesse ou son âge mûr, donc bien avant la Révolution. Il était membre du Conseil Souverain créé à Saint-Christophe le 1-VIII-1645.
Rédigé par : Jean-François Agostini | 23 février 2007 à 11:08
=>Nobody : tu as bien fait de ne pas résister. Ces vers m'accompagnent maintenant, quand je marche sur la route. J'entends le raffut des oiseaux dans les arbres. Il font silence à mon passage, puis, dès que j'ai le dos tourné, ils reprennent leurs gammes frénétiques.
=> Nadine, Jean-François :
- Autrefois, je me disais: je prends une pomme, je me mets dedans. Personne ne voit que je suis le ver dans le fruit. Une position stratégique pour semer la zizanie tout en passant inaperçue.
- Aujourd'hui, j'ai changé. Je pencherais plutôt du côté d'Henri Michaux. Par sagesse ? Je l'espère, mais n'en suis pas certaine.
=>Jean-François : Plus rond que la pomme, il y a la Terre, pleine et bleue comme une orange !
Rédigé par : Angèle Paoli | 24 février 2007 à 00:39
Raison à vous Angèle et à Eluard, de plus en plus, la terre est bleue comme une orange... moisie !
Rédigé par : Jean François Agostini | 24 février 2007 à 16:10
Hélas, oui, cher Jean-François, raison de plus pour la défendre, bec et ongles et la sauver par notre solidarité de sa mise à sac et à sang.
Rédigé par : Angèle Paoli | 27 février 2007 à 11:09
Les vers de Guillevic ont été mis en musique par Thierry Dagon, compositeur et musicien suisse.
Pour en savoir plus sur lui, voir ici : http://www.fattore.com/ThierryDagon.htm
et ici :
http://www.thierrydagon.ch
Rédigé par : Daniel Fattore | 08 novembre 2007 à 12:57