Neuvième anniversaire de la
mort de Maurice Blanchot, le
20 février 2003.
Ph., G.AdC
« Que Maurice Blanchot vers qui va notre pensée n'y voie pas », s'il l'entend, « une atteinte à sa volonté maintes fois exprimée d'effacement […], mais le témoignage de notre reconnaissance pour le don incommensurable qu'il nous a fait : celui de son œuvre tout entière et, non moins généreusement, celui de sa présence amicale, une présence toujours si proche en son retrait et qui a le sens d'une veille. »
Louis-René des Forêts, « Hommage à Maurice Blanchot à l'occasion de ses 90 ans », Maison des écrivains, Paris, 22 septembre 1997.
C'EST LA CHANCE DU POÈME...
« Quand la parole emprunte à l'oracle sa voix où ne parle rien d'actuel, mais qui force celui qui l'écoute à s'arracher à son présent pour en venir à lui-même comme à ce qui n'est pas encore, cette parole est souvent intolérante, d'une violence hautaine qui, dans sa rigueur et par sa sentence indiscutable, nous enlève à nous-mêmes en nous ignorant. […]
C'est la chance du poème que de pouvoir échapper à l'intolérance prophétique, et c'est cette chance qu'avec une pureté dont nous nous rendons mal compte, l'œuvre de René Char nous offre, elle qui nous parle de si loin, mais avec une intime compréhension qui nous le rend si proche, - qui a la force de l'impersonnel, mais c'est à la fidélité d'un destin propre qu'elle nous appelle, œuvre tendue mais patiente, orageuse et plane, énergique, concentrant en elle, dans la brièveté explosive de l'instant, une puissance d'image et d'affirmation qui « pulvérise » le poème et pourtant gardant la lenteur, la continuité et l'entente de l'ininterrompu.
D'où vient cela ? C'est qu'elle dit le commencement, mais par la longue, patiente, silencieuse approche de l'origine et dans la vie profonde du tout, en donnant accueil au tout. »
Maurice Blanchot, « La Bête de Lascaux », Une voix venue d'ailleurs, Gallimard, Collection Folio Essais, 2002, pages 62-63.
Quelle formule plus juste que celle de Blanchot à propos de Char : « Le poète de l’essence du poème ».
Merci Angèle, merci Yves pour ce rappel à nos mémoires.
Rédigé par : agostini | 20 février 2007 à 16:19
Merci pour ces "instants d'éternité" que vous nous offrez avec ces grandes voix évoquées, partagées (je pense aussi à l'envoi de l'émouvante vidéo sur René Char, que je ne connaissais pas). D'autant plus que, comme le pensaient si justement Char et Blanchot, l'œuvre poétique peut devenir une véritable voie vers l'inspiration. Votre site, par les textes, les références, les liens choisis, y contribuent avec une magnifique générosité poétique.
Martine Morillon-Carreau
Rédigé par : Martine MORILLON-CARREAU | 20 février 2011 à 20:02