421e anniversaire de la mort du philosophe Filippo Bruno, dit Giordano Bruno. Image, G.AdC BRUNO, UN DRÔLE D’ÉNERGUMÈNE « À la fin novembre 1599, le pape Clément VII se demanda si on ne pouvait pas faire un petit bûcher pour le jubilé du siècle nouveau. Bellarmin, consulteur du Saint-Office et recteur de la Sacrée Pénitencerie, réfléchit et lui concocta une petite fête assez chaleureuse pour le 17 février. Le 21 décembre 1599, au bout de cinq jours de torture, Filippo Bruno déclara : 1) qu’il n’avait pas de désir de se repentir, 2) qu’il n’avait pas lieu de se repentir, 3) qu’il n’y avait pas matière sur laquelle se repentir, 4) qu’il ignorait sur quoi il devait se repentir. Bellarmin décidé de brûler : 1) les livres, 2) leur auteur, 3) des branches de chêne-liège … Il ne plut pas. Ce fut très beau. » Ainsi Pascal Quignard évoque-t-il la mort de Giordano Bruno dans un article publié par Le Nouvel Observateur (20-26 septembre 1990) : « Giordano furioso ». Il ne précise pas que, parmi les spectateurs, sur le Campo dei Fiori à Rome, était présent Le Caravage. C’est ce que des amis romains et moi-même évoquions sous la statue du philosophe, sur cette même place, à deux pas du palais Farnèse (l’ambassade de France), le 17 février 2000, à l’occasion de la célébration du 400e anniversaire de la mort sur le bûcher du philosophe. Dénoncé comme imposteur, impie et « hérésiarque séditieux ». Certaines des propositions du philosophe qui lui valurent d’être condamné par le tribunal de l’Inquisition, se retrouvent dans un opuscule resté inédit du vivant de son auteur : De la Magie (éditions Allia). Ce traité n’a été publié à Florence qu’en 1891, et c’est cette édition qui a servi à l’établissement de la traduction française. Un ouvrage que l’on ne peut réduire à l’odeur de soufre qu’il dégage, mais qu’il faut mettre en relation avec les « savoirs étranges » d’un temps où les « énergumènes » (energoumenos = possédé) étaient légion : « combinatoire inspirée de l’Art de Lulle, images de mémoire, figures mythologiques et zodiacales, symbolique et langages mystérieux. » À signaler, dans cette édition Allia, la remarquable postface de « deux académiciens de nulle Académie », Danielle Sonnier et Boris Donné : « La Philosophie dans le miroir ». C’est aussi eux qui ont entrepris la traduction du latin, décrypté les marginalia du texte original et rédigé les annotations de ce bijou d’opuscule, comme toujours aux éditions Allia. Angèle Paoli D.R. Texte angèlepaoli
« Jamais un luth encordé en boyau de mouton et une autre en boyau de loup ne produisent d’harmonie heureuse. Beaucoup savent que si deux cithares ou deux lyres ont été mêmement accordées, et que l’une résonne tout près de l’autre, non seulement l’harmonie de l’une gagnera les cordes consonantes de l’autre, mais celles-ci se mettront à vibrer à l’unisson ; ce qui est du tout conforme à la raison. » Giordano Bruno, De la magie, Éditions Allia, 2000, pages 77-78. Traduit du latin par Danielle Sonnier et Boris Donné. |
Source ■ Voir aussi ▼ → le site du Centro Internazionale di Studi Bruniani “Giovanni Acquilecchia” → le site officiel Giordano Bruno → (sur Luminesciences : le blog de Jean-Pierre Luminet) hommage à Giordano Bruno : l'ivresse de l'infini → (sur Wikipedia) l'excellent article Giordano Bruno sur lequel a travaillé un éditeur |
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Merci pour De la magie parce que mon latin est vraiment trop loin.
Rédigé par : brigetoun ou Brigitte Celerier | 18 février 2007 à 10:44
"…sarcasmes contre ceux qui rêvèrent les statues philosophiques et méprisent ceux-là qui veulent les déboulonner." (L'infini, l'univers et les mondes).
Rédigé par : Don Diego | 19 février 2007 à 20:03