Ph., G.AdC
Parfois, tandis que je vais seul au soleil
et que j’accueille les apparences du monde
et que mon cœur
est presque oppressé par l’amoureuse cohue,
le soleil soudain devient ombre et l’ombre, gel.
J’ai l’impression d’être un aveugle qui va
le long de la rive d’un immense fleuve.
En bas coulent des eaux majestueuses ;
mais lui ne les voit pas : le peu de soleil
il le prend avec béatitude. Et si lui parvient
par moment quelque murmure d’eau, il le tient
pour un bourdonnement d’oreilles dupées.
Parce qu’il me semble, vivant cette mienne
pauvre vie, en effleurer une autre
comme dans le sommeil, et que ce sommeil est
ma vie présente.
Un vague désarroi me saisit alors,
une détresse puérile.
Je m’asseois
où je suis, au bord de la route,
je regarde mon misérable monde étriqué
et caresse d’une main qui tremble l’herbe.
Camillo Sbarbaro, Pianissimo (1960), Clémence Hiver Editeur, 1991, p. 101. Traduit par Bruna Zanchi et Bernard Vargaftig. Préface de Giuseppe Conte.
A volte mentre vado solo al sole
e gli aspetti del mondo accolgo e il cuore
quasi m’opprime l’amorosa ressa,
ombra il sole ecco farsi e l’ombra, gelo.
Un cieco mi par d’essere che va
lungo la sponda d’un immenso fiume.
Scorrono sotto l’acque maestose ;
ma non le vede lui : il poco sole
lui si prende beato. E se gli giunge
a tratti mormorar d’acque, lo crede
ronzìo d’orecchi illusi.
Perché a me par vivendo questa mia
povera vita, un’altra rasentarne
come nel sonno; e che quel sonno sia
la mia vita presente.
Un vago smarrimento allor mi coglie,
uno sgomento pueril.
Mi siedo
dove sono, sul ciglio della strada,
miro il misero mio angusto mondo
e carezzo con man che trema l’erba.
Camillo Sbarbaro, Pianissimo (1960) in L’Opera in versi e in prosa, Garzanti Editore, 1985, 1995 ; Garzanti Libri, Gli elefanti poesia, 1999, p. 62.
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