Ph., G.AdC
CXXI
LA MORT DES AMANTS
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Écloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux;
Et plus tard un Ange, entr’ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Baudelaire, Les Fleurs du mal, in Œuvres complètes, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, page 119.
Note : Ce poème est paru pour la première fois le 9 avril 1851 dans Le Messager de l’Assemblée.
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Rédigé par : Martin | 17 avril 2009 à 16:27