Le 28 janvier 1912 naît à Cody, dans le Wyoming, Jackson Pollock.
Jackson Pollock appartient à une famille modeste de l’Ouest. Il passe toute son enfance dans le Wyoming mais les difficultés économiques de son père contraignent la famille Pollock à quitter sa région et à se déplacer du Wyoming en Californie puis en Arizona. En 1924, les Pollock s’installent à Riverside, près de Los Angeles. Pollock se rend dans la grande métropole et s’inscrit à la Manual Arts High School de Los Angeles pour y entreprendre des études de peinture. À New York qu’il découvre en 1930, il fréquente les artistes et suit les cours à l’Art Students League de Thomas Hart Benton, son professeur et ami, qui prône le réalisme agraire et l’initie à l’art régionaliste. Pollock se passionne pour les peintures sur sable des Indiens Navajos et les fresquistes mexicains, José Clemente Orozco, David Alfaro Siqueiros et Diego Rivera. Au cours des années 1936-1937, il connaît à New York une extrême misère et sombre dans l’alcoolisme. Il continue pourtant de travailler, participe au Federal Art Project de la Work Progress Administration (WPA). Dans le même temps, il découvre la peinture européenne moderne. Peinture surréaliste et peinture abstraite. Influencé par Picasso et en particulier par Guernica, mais aussi par les toiles de Joan Miró et les tableaux d’André Masson, il se lance dans l’exécution de grandes toiles expressionnistes. Le travail de création artistique de Pollock naît de cette triple influence et du choc culturel des deux continents : les dessins rituels des Indiens Navajos et le réalisme quotidien de Benton, d’une part, la peinture européenne, d’autre part. De 1938 à 1947, les peintures de Pollock, habitées de figures totémiques à connotation sexuelle, rendent compte de la fusion entre archétypes et inconscient. De cette période date The She-Wolf (1943, Museum of Modern Art, New York). Ainsi que la première exposition personnelle du peintre. À la galerie Art of This Century de Peggy Guggenheim. Se délestant progressivement des influences hétéroclites qui ont jusqu’alors mené son inspiration, Pollock évolue vers l’ « Action Painting » et vers l’Expressionnisme abstrait, dont il est, en 1946-1947, l’un des initiateurs. À partir de 1947, l’artiste, marqué au plus profond de sa personnalité par une mystique du hasard, expérimente et développe une méthode directe, libérée de l’usage de tous les instruments traditionnels : le « dripping all over ». Cette technique consiste à tourner autour de la toile plaquée au sol et à faire couler la peinture - contenue dans des boites percées ou sur les pinceaux imprégnés de couleurs - sans jamais toucher la surface du support. Aucun obstacle ne vient entraver le jeté de la main ni les mouvements du corps que cette gestuelle ininterrompue engendre. Seule l’intensité de la transe corporelle décide de la densité et du lyrisme des éclaboussures et des coulures de couleurs, de la complexité des entrelacs, qui tracent leurs réseaux serrés sur la texture de la toile. De ces séances qui engagent l’artiste dans une fièvre paroxystique naissent les peintures monumentales au sol de Pollock. Jackson Pollock, Untitled, v. 1948/49, encre et vernis sur papier, 56,8 x 76,2cm, New York, The Metropolitan Museum of Art. Gift of Lee Krasner Pollock, 1982 (1982.147.27) Source
Parmi les réalisations les plus importantes de cette période figurent : Mural (1943), University of Iowa Museum of Art ; Number 13A : Arabesque (1948), Yale University Art Gallery ; Lavender Mist Number 1 (1950), National Gallery of Art, Washington, DC ; One: Number 31 (1950), Museum of Modern Art, New York ; Autumn Rhythm (1950), The Metropolitan Museum of Art, New York ; Blue Poles, Number 11 (1952), National Gallery of Australia, Canberra ; The Deep (1953), Musée national d’Art moderne, Paris. Jackson Pollock meurt à l’âge de quarante-quatre ans, des suites d’un accident d’automobile. Le 11 août 1956. « Sa mort prématurée et le souvenir d’une vie vécue à plein régime ont fait de lui une sorte de James Dean » de la peinture. Considéré par l’Amérique comme le peintre le plus important de l’après-guerre, le météore Jackson Pollock connaît un succès mondial posthume. Il laisse derrière lui « une œuvre limitée en quantité comme en qualité, mais avec d’extraordinaires culminances. » Le MoMA de New York lui a consacré deux grandes rétrospectives, en 1956 et en 1957. Puis une troisième en 1979. Les rétrospectives américaines ont été suivies par une rétrospective à Paris, au Musée national d’Art moderne (Centre Georges-Pompidou. 21 janvier 1982 - 19 avril 1982). Angèle Paoli D.R. Texte angèlepaoli |
■ Voir aussi ▼ → (sur YouTube) une vidéo de 1951 sur Jackson Pollock |
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Immense l'oeuvre de Pollock et puis sa vie fascinante... ce qui interroge. Sa vie et nous-même en rapport avec cet homme a posteriori.
Une reconnaissance tranquille a posteriori. Facile après-coup.
Mais en face, en face de cet homme aurions-nous eu la même reconnaissance ? Alcoolique, colérique, violent peut-être ? Aurions-nous eu cette même compassion ?
Ce peintre aujourd'hui, sans exposition, sans argent, sombre et parfois sans force, et puis pénible avec ses échecs, pour tout dire insupportable, à ressasser, serions-nous capables de le tolérer ? Car il n'est pas Soulages et vous taxerait bien dix euros pour vivre aujourd'hui.
Vous, confortablement assis.
Rédigé par : Cordesse | 04 février 2007 à 13:25
Sans doute, Cordesse, mais je crois que cette question se pose pour beaucoup d'autres artistes, pour la plupart insupportables, infréquentables et invivables, pour mille raisons différentes ! Peggy Guggenheim a été une des rares à avoir eu le génie de reconnaître, pris au plus fort de leur misère, déchéance ou décrépitude, les grands artistes de son temps et le courage de les soutenir et de les aider moralement et financièrement.
Quant à moi, je ne me prononce pas, je tente de comprendre à partir de mes modestes critères personnels, une oeuvre-choc qui aujourd'hui me fascine (j'ai eu l'occasion de voir de nombreux tableaux de Pollock, au MoMa, notamment).
Pour ce qui est de la compassion, je n'en suis pas encore là, j'ai encore pas mal de chemin à parcourir, je crois, avant d'atteindre le stade du boddhisattva en délassement royal. Mais faut-il pour autant désespérer, quand bien même j'aurais l'intime conviction de ne jamais y parvenir.
Rédigé par : Angèle Paoli | 04 février 2007 à 19:25
Vous m'excuserez, j'en suis sûr, cette petite colère, Angèle. Mais voyez-vous, je fais mes colères comme d'autres font leurs gammes. Certaines injustices artistiques et sociales surtout me font (presque) toujours réagir !
Je me rassure en me disant que c'est signe d'être encore vivant, n'est-ce pas ?
Ah, tout de même ! Que j'aimerais parfois atteindre ce stade dont vous parlez !
Rédigé par : Cordesse | 05 février 2007 à 17:58
Comme je vous comprends, mon cher Cordesse. Je suis comme vous, loin du compte. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, croyez-moi, mais le naturel, c'est bien connu, revient toujours au galop, n'est-ce pas ? Et le jour où je ne me passionnerai plus et serai seulement emplie de compassion pour tout un chacun, je crois bien que ce jour-là je serai morte. Alors, patience, ça peut attendre encore un peu, je ne suis pas vraiment pressée.
Rédigé par : Angèle Paoli | 05 février 2007 à 23:22
Pollock est mon père spirituel dans l'Art de peindre. Merci à Jackson.
Rédigé par : Terry | 29 août 2007 à 10:54