Santa Maria Assunta, l’hyperbole éblouie de Pinu baroque
Image, G.AdC
Il s’arrête sur la place déserte. Son âme d’architecte frémit. Un secret enthousiasme le gagne tandis que l’ombre de sa silhouette longue s’absorbe dans la blancheur solaire des murs. Il tourne autour de la noble bâtisse. De belles proportions. Il observe, s’éloigne, prend le recul nécessaire, se rapproche. Il s’approprie formes et volumes. L’église est là, qui offre à son œil avisé sa façade baroque tournée vers la mer. Il capte. Faîtage et linteaux, listels et encorbellements. Les entrecroisements de colonnes s’élancent vers le ciel. Dans l’effleurement léger d’une caresse.
Guidé par le sillon sûr des pilastres, l’œil sidéré se lance à l’assaut de l’azur. Vertige. Le regard un instant se blottit dans l’arrondi accueillant d’une niche. Ciel de lit. Reprend sa quête vers l’idéal. Harpe, tympan. Modénatures, jambages, cannelures. Élévation, jubilation, vertige.
Entre la pierre et le végétal, quel dialogue ? Le feuillage enfiévré du platane se tient à distance. Le pot-à-feu, orgueil de formes et de spirales, toise le grand arbre. Majestueux silence.
Corniches et volutes en pavois, torsades d’ocres délavées par le vent. Le vaisseau de l’église se joue de l’espace. Il glisse silencieux dans l’océan du ciel. De ses étraves fines, il fend la verticalité des airs. Indomptable félinité. L’évanescence d’un nuage décuple ses ardeurs. Les colonnes d’Hercule, bientôt, signeront les bornes du voyage immobile. Éternité.
Angèle Paoli
D.R. angèlepaoli
Image, G.AdC
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"Qui, si je criais, m'entendrait donc, parmi les ordres
d'anges ? et à supposer même que l'un me prît
soudain à coeur : je périrais de sa
présence plus forte. Car le beau n'est rien
que le commencement du terrible, que, juste encore, nous supportons ;"
Rainer Maria Rilke est né le 4 décembre 1875 et décédé le 29 décembre 1926
Amitiés,
Rédigé par : Pascale | 05 décembre 2006 à 11:45
Merci, Pascale, pour cette remise en mémoire. Je renvoie les lectrices et lecteurs de TdF à l'une des notices consacrées à Rainer Maria Rilke (très présent dans Terres de femmes).
Rédigé par : Webmestre de TdF | 05 décembre 2006 à 14:35
[...] celle
qui reçut tant d'amour que d'une seule lyre
plus de plainte jaillit que de mille pleureuses,
et que naquit pour elle un monde fait de plainte,
où tout fut à nouveau : les forêts et vallées,
villages et chemins, bêtes, flauves et champs.
et ce monde de plainte eut aussi un soleil
tournant autour de lui comme autour de la terre,
avec un ciel silencieux et rempli d'astres,
un ciel de plainte aux étoiles défigurées - :
pour elle tant aimée.
Rainer Maria Rilke, "Orphée, Eurydice, Hermès", Nouveaux poèmes, I,, Œuvres poétiques et théâtrales, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, page 408.
Rédigé par : Angèle Paoli | 06 décembre 2006 à 00:06
LA COLONNE DECHUE
J’ai fait un rêve :
Malaparte à Capri
Sous un ciel clair,
Veut habiter sur un promontoire.
Il me décrit son programme :
Un arbre,
Une statue,
Une colonne déchue,
Une métaphysique de l’espace basculé,
Une victoire de l’apesanteur,
Une défaite de l’immobilisme...
Est-ce une Architecture méditerranéenne rationaliste lyrique
Qu’il m’a commandée ?
Amicizia
Guidu ____
Ps : L’Architecte Adalberto Libera est auteur de la très célèbre villa Malaparte de Capri, toile de fond du Mépris de Jean-Luc Godard, d'après Moravia
Rédigé par : Guidu | 06 février 2007 à 11:38