SAVOIR ET CONNAISSANCE
Il importe d’établir une différence entre le savoir et la connaissance.
Le savoir est une somme d’informations engrangées par la mémoire. Ces informations pouvant être transmises, il est donc possible de les acquérir, de les amasser.
La connaissance, elle, elle naît d’une élucidation de soi et de ce chemin qu’il faut parcourir pour aller du moi au soi. Cette connaissance va de pair avec une exigence morale et ne s’enseigne pas. Chacun doit la puiser en lui-même. C’est elle qui donne un principe de déchiffrement et de compréhension de l’être humain, de ses comportements et de ses productions. Ceux qui ne possèdent pas cette connaissance ne peuvent avoir une pensée claire, procédant toujours d’un même centre, prenant constamment en compte le fondamental.
Le fondamental, c’est l’obligation de vivre la grande aventure : se dégager de l’ego – le particulier, l’individuel, l’égocentrisme – pour gagner en soi ce lieu où se rencontrent notre part la plus singulière, la plus authentique, en même temps qu’une sagesse, une disposition à la compassion, et aussi ce qu’on pourrait appeler la vraie intelligence, celle qui ne craint plus de s’ouvrir à la totalité de la vie – l’être humain et ses abîmes, la société, la nature, l’univers – une intelligence libérée des œillères du moi, de ses points de vue bornés et fragmentaires.
Quand le savoir concernant l’être humain et l’art n’est pas ordonné et mis en œuvre par une pensée qui se serait au préalable clarifiée, il n’est que confusion, fatras […]
Le savoir ne sait pas, constatait déjà Zhuang Zi il y a vingt-quatre siècles. Il affirmait encore : ce qui peut s’enseigner ne mérite pas d’être appris. De cette manière provocatrice qu’il affectionnait, il soulignait l’importance de ce qui ne peut s’enseigner. Et ce qui ne peut s’enseigner, c’est précisément cette connaissance qu’on doit tirer de soi en faisant pénétrer le conscient dans l’inconscient – moyen de détrôner le moi. De donner à l’être et à la pensée de solides et durables fondations.
Cette joie grave qui m’habite, elle porte encore en elle un peu de la souffrance dont elle est née.
Charles Juliet, L’Autre faim, Journal V, 1989-1992, P.O.L, 2003, page 90.
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Cara Angèle,
passo di qui per portarti i miei auguri più affettuosi per questi giorni e soprattutto per un buon Natale.
Un abbraccio, e grazie per questo "luogo" ricco e stimolante che non si finisce mai di assaporare fino in fondo.
Rédigé par : Stefania | 23 décembre 2006 à 23:37
"Détrôner le moi", un beau chemin rocailleux vers la lumière métaphysique de soi, merci pour ce partage, et pour la photo aussi, très originale...
baci ? Bagi ? - Je ne sais plus -, Baisers - voilà ! -
Martine.
Rédigé par : Martine | 22 décembre 2010 à 13:37