
Image, G.AdC
dicembre, notte
« Domani tredici dicembre, santa Lucia. Salgo gli scalini della chiesa con la stessa fatica che guida i passi dei ciechi verso la statua incoronata di fuochi, avanzo senza preghiera sapendo che la luce si sta levando altrove là dove sfolgora per me un linguaggio insormontabile. Ma pago la mia candela e ruoto intorno all'altare, priva – questa è la lezione – della fiamma accesa a pochi passi da un'anonima mano di sagrestia.
Ricorda questa sera, la sua realtà meno splendente
l'altare povero, i pochi fedeli, la messa già finita da ore.
Attraversa lo spazio e il vortice d'erba delle camere ardenti
pensa la fronte - pesante con un testa di bestia
scagliata sul crinale delle mani e il filo trasparente
che nella morte unisce sul marmo le caviglie.
Per te, che il mio amore ha mancato mitemente
- con orrore.
Aspetta che scenda la temuta notte, che scompaia
la luce dal crepuscolo, e ruoti
la terra sul suo asse.
Questa è la verità di questa sera incerta
sei cespugli di acacie e sulle case
questa è la sua misura – un acro di deserto.
Sopporta i tuoi pensieri dentro il buio
che avanzino in fitte di memoria.
Puoi schierarli fino a crinali di spavento
fissarli fino a crinali di spavento
fissarli vacillare quando la pianura si oscura
attenderne il ritorno ora che il cane tace
e la mente si spegne
per un attimo forma senza male
anima del geranio
teso sulla ringhiera. »
Antonella Anedda, Notturni, in Notti di pace occidentale, Donzelli Poesia, Donzelli editore, Roma, 1999, pp. 60-61.
décembre, nuit
« Demain treize décembre, Sainte-Lucie. Je grimpe les marches de l’église avec la même peine que celle qui guide le pas des aveugles vers la statue couronnée de feux, j’avance sans prière sachant que la lumière se lève ailleurs là où fulgure pour moi un langage insurmontable. Je paie cependant mon cierge et tourne autour de l’autel, privée – telle est la leçon – de la flamme allumée à quelques pas par une anonyme main de sacristie.
Souviens-toi de ce soir, sa réalité moins reluisante
l’autel pauvre, les fidèles peu nombreux, la messe déjà finie depuis des heures.
Traverse l’espace et le tourbillon d’herbe des chambres ardentes
imagine la face – lourde comme une tête de bête
dressée au sommet des mains et le fil transparent
qui dans la mort unit sur le marbre les chevilles.
Pour toi, que mon amour a tristement manqué
– avec horreur.
Attends que tombe l’effrayante nuit, que disparaisse
la lumière du crépuscule, et que la terre
tourne sur son axe.
Telle est la vérité de ce soir incertain
sur les buissons d’acacias et sur les maisons
telle est sa mesure - une acre de désert.
Supporte tes pensées dans le noir
qu’elles avancent en foule de mémoire.
Tu peux les mettre en file jusqu’aux sommets de l’effroi
les fixer vacillantes quand la plaine s’obscurcit
en attendre le retour maintenant que le chien se tait
et que l’esprit s’éteint
durant un instant forme sans mal
âme du géranium
tendu sur la balustrade. »
Antonella Anedda, Nocturnes in Notti di pace occidentale, Ecritures de femmes, Les Cahiers de poésie-rencontre, n° 49-50, mai 2002, pp. 23-24. Traduction de Marc Porcu.
SAINTE LUCIE
Riche et belle jeune fille de Syracuse, Lucie, convertie au christianisme, est trahie par son fiancé qui la dénonce au consul. D’abord condamnée à être menée au lupanar, la jeune fille est préservée dans sa vertu par le refus obstiné des bœufs de l’y conduire. Exacerbée par ce prodige, la haine de ses bourreaux ne connaît plus de limites. Non satisfaits de l’asperger d’huile bouillante, ils lui arrachent les dents et les seins. Elle est alors mise sur le bûcher dont les flammes l’épargnent. Elle meurt décapitée en 304 sous l’empereur Dioclétien. Selon une autre légende (rapportée par Fernand Ettori dans Anthologie des expressions corses, Rivages, 1984), la sainte Syracusaine se serait elle-même arraché les yeux pour ne point désobéir à son voeu de chasteté et la Sainte Vierge lui aurait alors restitué des yeux encore plus beaux et plus brillants.
Particulièrement vénérée en Corse, dont de nombreux villages portent le nom, Santa Lucia est une sainte réputée pour guérir les maladies des yeux. Nombreuses sont les fontaines qui lui sont consacrées dans l’île. Et les pèlerins profitent du jour de sa fête pour aller puiser l’« acqua di Santa Lucia », aux vertus curatives pour les yeux malades.
Le 13 décembre, jour où tombait le solstice d’hiver selon le calendrier julien (le jour le plus court de l'année), rappelle « la menace des ténèbres et la nécessité de la protection divine pour garantir le don précieux de la lumière ».
Aujourd’hui encore, l’on retrouve dans la langue corse de nombreuses expressions, proverbes ou dictons où ces yeux tiennent une place importante : « Chì santa Lucia ti mantenga a vista ! » (Que sainte Lucie te garde la vue !) ou « Si santa Lucia li manteni a vista » (Il ira loin si sainte Lucie lui garde la vue). Le continent n’est d’ailleurs pas épargné dans la mémoire collective corse. Ainsi dit-on, à propos d’une personne qui louche : « Ha un ochju chi guarda in Francia ! » (Elle a un œil qui regarde en France !).
Une des plus célèbres représentations picturales du martyre de la sainte est celle du peintre Caravage (Michelangelo Merisi) : le tableau intitulé Seppellimento di santa Lucia (L’Enterrement de sainte Lucie), 1608-1609, anciennement exposé dans l’église Santa Lucia al Sepolcro de Syracuse, a été installé dans l’église Santa Lucia alla Badia, dans l’île d’Ortygia.
Ont aussi été conservées plusieurs toiles de Sainte Lucie peintes par Francisco de Zurbarán (voir la note de lecture que j’ai consacrée à Lucie de Syracuse de Marie Ferranti).
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
Santa Lucia... En Suède aussi elle est très vénérée je crois.
Dans mon pays, c'est moins le cas. Par chez moi, la grande fête est quelques jours plus tôt, à la Saint Nicolas. En Lorraine, il est tenu en très grande vénération, et les souvenirs de Saint Nicolas sont parmi les plus chatoyants et sympathiques de mon enfance...
Rédigé par : Alfred Teckel | 14 décembre 2006 à 13:38