Ph, G.AdC
STRIDENCES
Eclectiques les fils
du quotidien
dessinent le ciel pommelé
de novembre
stridence sourde
les nuées denses
de novembre
grisaillent sur la mer
les oiseaux strient
- désespérance -
et désertent
le haut treillis
des lignes
capteuses de lumière
des trouées d’ogives
en haute tension vers le ciel noir
promis à ton attente vertige
le ciel menaçant
de novembre attise
électrique ton désir
ton œil funambule
crisse
sur les fils croisés
tendus de vies
vestiges
avide d’extension
tu roules de mâtures en rails
et files d’amont en aval
vers la danse du ciel fui
es-tu triste équilibriste
grésille
dans sa langue acide
le pylône lancé
dans son soliloque
glacé
j’écoute
j’écoute le vent
feuilloler dans les branches
et frissonner la chanson mouvante
des câbles chantants
dans le ciel acidulé
du temps
Angèle Paoli
D.R. angèlepaoli
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Quelle amusante coïncidence de trouver ce soir un poème inspiré des lignes électriques (j'ai failli écrire "éclectiques" !) après la panne de courant qui a hier affecté une partie de l'Europe ! Quelle prescience !Cependant une chose est sûre, jamais, ô grand jamais n'aurait-on chez EDF l'idée et/ou la poésie de parler si joliment d'un "pylône lancé dans son soliloque glacé" ou d'évoquer "le vent feuilloler" ...
Amitiés.
Rédigé par : Pascale | 05 novembre 2006 à 20:55
J'écoute la pluie battre contre les vitres, et je vois Angèle, enfin chez elle, écouter le vent feuilloler les branches du tilleul, s'attendre à plein d'impressions, à l'hiver ... Merci de ce beau poème, et bon courage!
Rédigé par : Ouchy | 05 novembre 2006 à 22:44
Eh bien, une fois n'est pas coutume, ma chère Pascale, et la Corse a échappé à ce cataclysme général, dont paraît-il, on parle tant ! Etrange coïncidence en effet, proche de l'absurde !
Yves et moi avons beaucoup ri en te lisant!
Ouchy, je vais t'envoyer quelques photos qui vont te faire oublier la pluie. Le golfe était magnifique, cet après-midi, avec toutes ces nuances de gris. Quelle beauté! Je ne m'en lasse pas. Toi non plus, je le sais.
Rédigé par : Angèle Paoli | 05 novembre 2006 à 23:20
Pascale a raison : ils seraient bien surpris à EDF de lire ce que des fils électriques t'inspirent... Un poème doux où la métaphore filée est magnifiquement tenue.
J'aime plus particulièrement :
es-tu triste équilibriste
grésille
dans sa langue acide
le pylône lancé
dans son soliloque
glacé...
Merci Angèle !
Rédigé par : nobody | 06 novembre 2006 à 17:20
Merci, Nobody pour l'intérêt que tu portes à ce texte. Peut-être devrais-je tenter ma chance auprès d'EDF en proposant mon poème pour une plaquette promotionnelle ? Qui sait? Encore faudrait-il que je connaisse quelqu'un à la dircom !
Plus simplement, c'est en me promenant autour de mon village que mon attention s'est plus particulièrement portée sur les pylônes et les fils qui traversent le paysage, le trouent de part en part depuis la crête des montagnes jusqu'à la mer. Je me suis amusée à faire abstraction de cet aspect, trop négatif, et à ne considérer que les éléments qui se détachaient sur le ciel. Géométrie dans l'espace. Et, tout compte fait, de l'art. Tout est question de regard.
Rédigé par : Angèle Paoli | 06 novembre 2006 à 22:41