Il y a 105 ans, le 12 novembre 1915, naissait à Cherbourg Roland Barthes.
 Image, G.AdC
Le 28 octobre 1916, le père de Roland Barthes, Louis Barthes, officier de la marine marchande, périt en mer du Nord, sur Le Montaigne, coulé par les Allemands. Élevé par sa mère dans la famille paternelle, Roland Barthes passe son enfance à Marrac, à la périphérie de Bayonne.
UN SOUVENIR D’ENFANCE
« Lorsque j’étais petit, nous habitions un quartier appelé Marrac ; ce quartier était plein de maisons en construction dans les chantiers desquelles les enfants jouaient ; de grands trous étaient creusés dans la terre glaise pour servir de fondations aux maisons, et un jour que nous avions joué dans l’un de ces trous, tous les gosses remontèrent, sauf moi, qui ne le pus ; du sol, d’en haut, ils me narguaient : perdu ! seul ! regardé ! exclu ! (être exclu, ce n’est pas être dehors, c’est être seul dans le trou, enfermé à ciel ouvert : forclos) ; j’ai vu alors accourir ma mère ; elle me tira de là et m’emporta loin des enfants, contre eux. »
Roland Barthes in Roland Barthes par Roland Barthes, Éditions du Seuil, Collection Écrivains de toujours, 1975.
Je me souviens du Roland Barthes par Roland Barthes et du professeur de littérature qui nous en lisait de larges extraits. Qu’elle commentait au fur et à mesure. J’aurais préféré jouir du texte seul et du seul « bruissement de la langue ». En dehors de cette lecture, il ne me reste de ce cours qu’une anecdote dont je n’ai jamais pu vérifier l’exactitude.
En effet Roland Barthes, sémiologue contesté par ses pairs universitaires, versé dans L’Empire des signes, analyste de la « chose littéraire », textes et mots, n’a jamais écrit de roman. Pas l’ombre de la moindre ligne. Quelle raison à cela ?
Roland Barthes affirmait, disait mon professeur, qu’il ne pouvait écrire de roman, incapable qu’il était d’inventer des noms de personnages. J’ai toujours été fascinée par cette allégation que j’ai toutefois longtemps considérée comme un alibi un peu facile. Ainsi la fiche d’identité du personnage telle qu’imaginée par Balzac ― dont Roland Barthes était un admirateur ―, serait restée inaccessible à son talent ? Je pense qu’en réalité elle constituait une énigme dont lui échappaient les ressorts.
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Barthes ! Brillant Barthes ! Barthes Roland !
Nous auras-tu fléché de tes personnages de papier
Qui agissent parlent et qui ne parlent pas !
Ah ! les Structures…Leurs ombres de tortues
Pour le Lecteur sans âme…Et leur corpus sans pieds !
Rédigé par : jjd | 14 novembre 2006 à 12:33