Source
SÒ U FOCU
Sò focu, sò. Campu ind’u focu, ― e mo acque. Catellu lurcu, sò, nè brusgiu nè spampilluleghju. Hè surella mea Marina Tsvetaeva. Sò l’incendiu chì per u sempre si sparghje. Ghjè di u core ch’elle venenu e fiamme, collanu versu u celu. Senza cunsumammi, brusgendu, ― eo, l’infiaratu, ùn sò micca l’ardente bardu ?
In mè, l’estru sanu azzizza e fiamme, ― abbisistite. Sò u focu chì scaticheghja è u focu chì purificheghja. A notte, in sognu, qualchissia s’avvicina di a fucaraccia, ellu vene à u statu suttile, ― a mo forza. Mi ci trovu à le volte cù un antru mè stessu, l’acqua chi fala nantu à a terra, ― O ghjentilezza ! ― Spessu, privu di u soffiu di u spiritu, fumacceghju, negru m’affogu.
Anima errente di u celu, fucarone, sò l’accendita. A verità m’hà stampatu u so segnu. ― l’alluminazione. A saetta hè a mo arma, fulminosu è fulminatu sò. L’ochji mei si chjodenu è ùn vedenu più chè l’irriducibile diamante. A mo parolla hè petra di focu, a lampu accecata, videndu u caghju rossu di u sole chì si pesa, ― celu spurgulatu.
Corsica, 1mu agostu di u 2005.
Sergiu Venturini
JE SUIS LE FEU
Je suis feu. Je vis dans le feu, ― mon élément.
Salamandre, je suis, ni ne brûle ni ne flamboie. Ma sœur est Marina Tsvétaïéva. Je suis l’incendie qui à jamais se propage. C’est du cœur que viennent les flammes, elles montent vers le ciel. Sans me consumer, brûlant, ― moi, l’incandescent, ne suis-je pas l’ardent barde ?
En moi, tout le souffle attise les flammes, ― affamées. Je suis le feu qui ravage et le feu qui purifie. La nuit, en rêve, quelqu’un s’approche du brasier, il vient à l’état subtil, ― ma force. Je croise parfois mon double, la pluie qui descend sur la terre. ― O Bonté ! ― Souvent, sans le souffle de l’esprit, je fume, j’étouffe noir.
Âme errante du ciel, grand feu, je suis l’éclair.
La vérité m’a marqué de son signe. ― L’illumination. La foudre est mon arme, je suis foudroyant et foudroyé. Mes yeux se ferment et ne voient plus que l’irréductible diamant. Ma parole est pierre de feu, je la lance aveugle, voyant le disque rouge du soleil levant, ― ciel bleu.
Corse, 1er août 2005.
Serge Venturini
Poème traduit en langue corse par Jean-Baptiste Giaccomoni.
Très beau poème...
Je ne comprends pas le corse, heureusement que la traduction est là mais rien ne vaut le texte original...
Rédigé par : Leslie | 07 octobre 2006 à 14:02
Chère Leslie,
Merci pour votre "comment-taire". Je n'ai jamais aimé ce mot-là, enfin...
J'ai eu un instant peur qu'il restât sans écho, ce poème d'août.
Mais non, il y a toujours une fine chandelle qui brasille dans les ténèbres, là où personne ne la voit.
Madeleine à la veilleuse, est-ce vous ?
Rédigé par : Venturini | 07 octobre 2006 à 21:43
Le texte original, n'est-ce pas celui en langue française ? Son écriture en langue corse est superbe, aussi.
D'ailleurs, une fois encore, il semble bien que ce qui se joue dans l'entre-deux langues soit plus qu'une traduction : une Re-création - création renouvelée, attisée par le souffle poétique initial- on entend le feu crépiter dans la musicalité phonétique !
Rédigé par : cyrnea | 19 mars 2007 à 03:52
Bonjour,
Je suis tombée par hasard sur votre site et... quelle merveille je me suis régalée... je suis corse de Bastia par mon père mais je n'y habite malheureusement pas.
Ayant vu les noms de Paoli et de Pietri sur votre site, je me permets de vous demander (même si je sais que Paoli est un nom très répandu) si vous ne connaitriez pas des personnes que j'aimerais retrouver et qui étaient jeunes militaires (je ne me souviens plus de leurs prénoms) dans les années 1960 au Tchad, plus précisément sur une petite oasis en plein désert... Largeau-Faya. J'avais dans les dix ans et j'ai gardé un souvenir fabuleux de ces deux jeunes gens que mes parents recevaient chez nous un peu comme la famille... nous étions des corses perdus un peu dans le néant...
Je m'excuse de vous avoir dérangé avec cela, mais, tout à coup, je me suis retrouvée des dizaines d'années en arrière... Je suis passée sur votre site recherchant des articles sur Jean Tardieu qui a été longtemps mon voisin ici dans l'Ain et j'en ai trouvé chez vous... Voilà .. le haSard... et encore mille excuses...
Cordialement ...
Marie Tozzi-Setti
Pace e salute
Rédigé par : marie tozzi-setti | 11 janvier 2009 à 17:52
Mil gracias por haber compartido este maravilloso poema. "Yo soy fuego, yo vivo en el fuego, mi elemento". Admiro a todos los poetes que tiene la capacidad de expresar sentimientos tan profundos comparados comparándolos a la braza que emana ciertamente del corazón, y toma la forma de la poesía.
Amparito
Rédigé par : Amparito SUAREZ | 21 novembre 2012 à 17:19
Cara Ampa !
No se toca siempre el alma profunda.
Rédigé par : Serge Venturini | 06 décembre 2012 à 20:46