Paco Puyuelo (né en 1967),
Beso gótico
Marbre, hauteur 50 cm
Source
FERMENTS D’AGITATION
Petits fétus menus têtards
flocons gravés tirets précieux
épis souples graviers mouillés
tendres bourgeons tétons mouvants
grappes liquides lueurs tremblantes
mots enflammés jeunes écailles
duvets moirés chœurs magnétiques
feuilles irisées armes vives
Petits cristaux menues ramures
herbes salées lichens au vent
ailes velues vallons têtus
tendres mousses rides mouvantes
réseaux liquides cris tremblants
yeux enflammés jeunes échardes
forêts moirées gels magnétiques
marbres irisés veines vives
Petits filets menus reflets
criques salées flaques au vent
courants souples ruines mouillées
minces atolls radeaux ténus
palmes liquides chants tremblants
doigts enflammés jeunes éclairs
pinceaux moirés rocs magnétiques
crayons irisés papiers vifs
Petits couteaux menues blessures
chemins salés brumes au vent
roseaux souple chiffons mouillés
tendres laines canaux tremblants
jambes charmeuses bras brûlants
cieux enflammés jeunes épaves
volcans moirés croix magnétiques
laves irisées glaciers vifs
Petits crochets menues poussières
pépins salés bâtons au vent
germes souples traces mouillées
tendres croquis brouillons mouvants
noyaux liquides mains tremblantes
œufs délicats claires lianes
gousses moirées jus magnétiques
refrains irisés baisers vifs.
Michel Butor, Collations, précédé de Hors d'œuvre, scandés par les Souvenirs illusoires d'un Japon très ancien, Poésie Seghers, 2003, page 37.
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On célèbre aujourd'hui le 100e anniversaire de la naissance de Léopold Sédar Senghor. Pour un bref historique de la vie de et l'influence de ce représentant indéfectible de la langue française, voir ICI.
Amitiés à tous.
Rédigé par : Pascale | 09 octobre 2006 à 09:15
Ci-après le poème "Femme noire" de Léopold Sédar Senghor, mis ce jour en ligne par Pascale sur un autre site littéraire :
Femme noire
"Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu'au coeur de l'Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l'éclair d'un aigle
Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fait
lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du
Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée
Femme nue, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux
flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta
peau.
Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or rouge ta peau qui se moire
A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains
de tes yeux.
Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les
racines de la vie."
Extrait de Oeuvres Poétiques, editions du Seuil, 1945.
Rédigé par : Webmestre de TdF | 09 octobre 2006 à 15:47