Z (ÉPILOGUE) Tu as cru que toutes ces choses peuvent et ne peuvent être vues. Puisque ce qu'on voit, tout comme l'univers dans son expansion, s'ourdit dans ce qui ne se voit pas. Entre elles, se fend une ligne effilée, introuvable (que tu espérais dénouer avec les arcanes de ce Livre de signes et d'ombres). Une ligne aussi étroite que le chemin, que les entrailles d'entre les mots et les non-mots. Tu l'as cru. Mais voilà qu'arrive un petit fonctionnaire ― un parmi ceux qui s'affairent sous terre ― et abaisse lentement, lentement, la barrière. C'est une nouvelle barrière, dont personne ne connaissait l'existence. On l'a extraite d'un gisement la nuit dernière. Linda Maria Baros, Le Livre de signes et d'ombres, Cheyne, 2004, page 55. |
■ Linda Maria Baros sur Terres de femmes ▼ → La porte à visage d’oiseau → Poivre dit de Séchouan (+ notice bio-bibliographique) → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) Nœuds de voies ferrées ■ Voir | écouter aussi ▼ → (sur Lyrikline) plusieurs poèmes de Linda Maria Baros dits par elle-même → le site officiel de Linda Maria Baros |
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Est-ce à cause de : "Tu as cru que toutes ces choses peuvent et ne peuvent être vues." ou la brusque apparition du fonctionnaire préposé à la nouvelle barrière, j'ai pensé à Kafka...
Près de toi, en pensée, avec toi dans le tumulte de la vie, je t'embrasse chère Angèle !
Rédigé par : nobody | 20 octobre 2006 à 14:38
Tu n'as pas tout à fait tort, nobody. Je pense aussi à Kafka dès qu'il est question de fonctionnaire, de ceux dont l'administration regorge, et qui se bardent dans une bonne conscience inébranlable. Camouflés sans risque derrière leurs écrits, ils sont très avides de faire surgir d'incompréhensibles et inquiétantes barrières.
Mais ici, dans cet épilogue poétique, je n'avais pas songé à Kafka avant que surgisse in extremis, comme un diable de sa boîte, la figure inquiétante du fonctionnaire. Je naviguais jusque là entre les deux infinis, "l'infiniment grand" que nous savons exister et qui échappe en même temps à notre regard borné par ses propres limites et "l'infiniment petit" qui répond "également" aux mêmes caractéristiques. Entre les deux et au-delà/en deçà, c'est tout le bruissement du monde qui s'exprime, pour peu que l'on ne s'ingénie pas à faire surgir d'insurmontables barrières.
Rédigé par : Angèle Paoli | 21 octobre 2006 à 20:08