 Ph., G.AdC
[ÎLE, POÈME DE LA MER]
l’île du bout du monde - celle qui est sur l’arc de l’horizon -
l’origine de l’homme est une île - l’enfance est une île - les îles,
les îles - dans l’île toute espérance est permise et tout amour : c’est
dans le couple-île que s’accomplit le mystère de l’amour - attraction
des îles, attraction des sources - les îles-oasis - chaque fille est
une île, chaque ville est une île, aborder les îles, aborder les
filles - entrer dans les îles, entrer dans les filles - aborder les
villes, entrer dans les villes - entrer dans le miroir trouver l’île
de l’autre côté du miroir - une « île si petite un oiseau sur la mer » - îles les mots - îles les morts dans la nuit qui n’appartient
qu’à eux - Isles désertes de la mer du Sud […]
les îles, les îles, les îles, […]
les îles, tant de voyages -
Il est exclu que j’écrive si je ne sais pas d’abord que je suis océan
et oiseau - le voyage d’île en île est toujours intérieur - purifiant -
l’île chose naturelle et spirituelle - la Terre - mais aussi le nom « île » à la merveilleuse seule syllabe, et ce point affleurant,
disparaissant, affleurant, dans cette cime, dans ce mât, l’accent
circonflexe - mot naviguant - mot avec un innombrable mouvement
circulaire autour de lui - mot ricochet qui fait tant d’ondes sur
l’eau - île - un point de force - voici le mot - hélice immobile et
mobile dans le vocabulaire, il navigue ancré - il file à l’horizontale
et à la verticale - mot maritime - île - on n’a jamais en un seul
nom écrit plus beau poème de la mer.
Pierre Garnier, préambule, in Ilse Garnier, Les Îles ou le Voyage de St. BRENDAN, Poème du I, Poème spatial, Paris, Éditions André Silvaire, Collection Spatialisme, 1980. Préface de Martial Lengellé.

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Il n’y a pas d’îles en mer
Juste d'imperceptibles affleurements du temps
Rédigé par : Yann | 26 octobre 2006 à 10:55
Sans avoir jamais été fan de Serge Lama, il y a cette chanson de lui, Une île, qui m'a toujours paru belle par l'impression de puissante pureté qui en émane, un peu comme dans ce maritime poème.
Rédigé par : Pascale | 26 octobre 2006 à 12:21
Je te reconnais bien là, mon cher Yann, et tu as sans doute raison, toi aussi, dans ton approche intemporelle.
Je serai sur une minuscule île du golfe du Morbihan ce week-end. J'attends beaucoup de cette échappée bretonne. Et j'aurai une pensée toute particulière pour toi.
Pascale, merci de nous rappeler ce rapprochement avec l'île de Serge Lama, auquel je n'avais pas pensé. D'où qu'on la regarde et de quelque manière que l'on s'y prenne pour tenter d'en cerner les contours, l'île, multiple et changeante, chatoyante et sauvage, échappe à toute définition linéaire et unique. Profondément féminine, la belle ?
Rédigé par : Angèle Paoli | 26 octobre 2006 à 21:32
c'est un hommage que l'île rend à l'océan...
elle lui doit son existence
elle nous donne existence au moment où,
naufragés,
elle se profile sur l'horizon de cet océan qui est notre vie...
"terre...terre" c'est toujours une île dans notre imaginaire,
n'est-ce pas?
bisousricochetants!
Rédigé par : madeinfranca | 01 novembre 2006 à 06:42
je suis entrée dans l'île de vos mots
j'ai vu des ombres et des lumières
des oiseaux qui chantaient et d'autres
qui se cachaient,
je suis entrée dans l'île de vos mots
et vous êtes venue partager mon île de mots
quelquefois, souvent tard le soir,
et j'ai vu cette éclipse sur l'île,
c'était beau ce rayon de lumière
c'était comme un matin ensoleillé
c'était comme un arc-en-ciel
je suis entrée dans votre île des mots,
et j'y ai vu quelques silences
qui se dessinent dans le lointain
emportés par des nuages de pluie
l'arc-en-ciel est apparu sur
l'île de vos mots, et l'ange a
dansé sur l'île de vos mots
pour vous dire, pour vous dire
ce que vous auriez voulu écouter,
et retenir tout près de votre coeur
le soir, votre coeur qui est si grand
je suis entrée sur votre île de mots
et c'était beau.
clem
Rédigé par : clem | 02 novembre 2006 à 20:31
Franca, amica mia, oui, le mariage de l'île et de l'océan est sans doute l'un des plus subtilement aboutis. Et il nourrit durablement nos craintes, nos attentes, nos espoirs, nos fantasmes.
Et puis l'on touve sur l'île, en condensé, mille et une choses que l'on ne sait plus voir ailleurs. Avec le temps de regarder, de voir, de respirer. J'aime ce ralenti spécifique à l'île. Mon oeil se pose. Sur les tuiles des toits, sur le lézard menu qui se cache sous la lauze, sur les chats qui se pelotonnent au soleil, sur l'immobilité du tilleul. Sur la rondeur des citrons qui finissent de jaunir, sur les jeux de lumière dans les palmes ...du palmier. Sur la qualité du silence troué de temps à autre par l'égrènement des heures qui sonnent au clocher. Et puis, dès que je sors de mon périmètre abrité, je retrouve le large et la beauté grandiose qui enveloppent l'horizon.
C'est aussi, offertes ce matin, les girolles fraîchement ramassées puis les châtaignes rôties.
Franca, amica, grazie a te per la tu amicizia che mi va dritto al cuore. Baci tanti
da Angela
Rédigé par : Angèle Paoli | 03 novembre 2006 à 15:12
Clem, petite Clem, quel beau texte et quel tendre hommage que le tien. Je suis émue, profondément, sincèrement par la douce amitié qui nous lie. Merci de tes mots, cueillis pour moi sur les sentiers de l'île. Et de ce qu'ils me disent, de derrière leur zone d'ombre.
Rédigé par : Angèle Paoli | 03 novembre 2006 à 15:18
Ci-après TEM-TEM(1962)d'Ilse Garnier, lu par Ilse Garnier [Source].
Rédigé par : Webmestre de TdF | 28 janvier 2007 à 23:49
Chère Angèle : je ne comprends pas ta mise en ligne du Poème du I d'Ilse Garnier. Peux-tu me dire s'il s'agit d'un montage de ta part où tu n'aurais rassemblé que les mots d'Ilse, tirés alors de leur écriture spatiale, ou s'il s'agit de la reproduction telle quelle d'un texte de pré- ou de post- face d'Ilse Garnier ?
Alain
Rédigé par : Alain Marc | 22 novembre 2008 à 14:28
Cher Alain,
Le texte ci-dessus n’est ni une préface (la préface de ce recueil est de Martial Lengellé), ni une postface, ni un avant-propos (rien n'est annoncé de tel dans le cahier de tête), mais plutôt un texte liminaire (signé P. Garnier) de la série I (Les Îles ou le Voyage de St. Brendan) du Poème du İ d'Ilse Garnier. Les deux séries suivantes s'intitulent Ciel et Passages. Elles ne comportent, elles, qu'une page de titre. Ci-joint un scan (agrandissable) de la page :
J'ai bien respecté la mise en page initiale (une exigence que je mets toujours en application dans Terres de femmes), mais j'ai effectué une coupe initiale, puis deux coupes in-texte, coupes que j'ai indiquées, selon l'usage, par des crochets [...]. Je me suis toutefois autorisé des guillemets droits et non des guillemets à l'anglaise. Ce texte ne comporte pas à l'origine de titre. Le titre Poème de la mer est repris des derniers mots du texte,
Amicizia,
Angèle
Rédigé par : Angèle | 22 novembre 2008 à 15:42
Merci beaucoup chère Angèle - les livres sont toujours tellement difficiles à trouver... C'est très très bien d'avoir ajouté cette page spatiale en plus. Cela enlève l'ambiguïté et remet le lecteur sur la bonne piste, à savoir qu'Ilse a travaillé exclusivement et produit, des livres spatialistes et donc visuels. Il n'est alors absolument pas difficile pour tout lecteur un peu attentionné de remarquer qu'il y a des différences d'expression entre Pierre et Ilse, qu'Ilse, par exemple dans Blason du Corps Féminin (Y a-t-il bien les majuscules sur le titre du livre ?), en tant que femme, va tout compte fait beaucoup plus loin que les hommes, et en l'occurence que Pierre - avec ce jeu des lettres du mot corps dans un grand X...
Rédigé par : Alain Marc | 22 novembre 2008 à 18:39
Impossible, cher Alain, de répondre à cette délicate question des majuscules dans le titre Blason du corps féminin. J'ai vérifié dans ma bibliothèque, rayonnage spatialisme (qui nécessite l'usage d'un escabeau !!). Le titre est entièrement en Capitales, tant sur la première de couverture que sur la page de titre. La seule différence est la présence de l'accent sur le e de féminin sur la page de titre.
Une remarque : l'ouvrage BLASON DU CORPS FEMININ n'étant ni broché, ni folioté, l'ordre de lecture risque d'être totalement aléatoire, pour peu que l'on ne replace pas chaque page à sa place antérieure. Pour l'instant la page corps libre est la première, la page corps interdit la seconde, et la page corps tendre la troisième. Il suffirait d'un méchant coup de vent pour que la page corps interdit devienne la première.
Rédigé par : Angèle | 22 novembre 2008 à 19:07