Le
16 octobre 1952, le public londonien découvre en avant-première mondiale
Charles Chaplin dans son tout dernier film,
Limelight (Les Feux de la rampe). Avec dans le rôle principal de Calvero, Charles Chaplin lui-même. Le 30 octobre, le film est présenté à Paris en présence de Charles Chaplin, qui reçoit le 31 le titre d'officier de la Légion d'honneur.
Source
LONDRES 1914
Vieux comique de music-hall déserté par son public, Calvero sombre peu à peu dans l’alcool. Un soir de désoeuvrement, il sauve Terry (Claire Bloom) qui tente de se suicider. Calvero recueille la jeune femme chez lui, la soigne et la console. Un amour imprévu naît entre les deux déshérités. Calvero tente à nouveau sa chance dans un music-hall. Il est à nouveau hué. Terry entoure de ses soins Calvero et le sauve du désespoir. Mais elle tombe amoureuse d’un jeune musicien (Sydney Chaplin Jr). Calvero s’efface et disparaît. Le vieux clown, retrouvé dans les rues par l’impresario de Terry et de son amant, se produit une dernière fois sur scène. Le public lui fait un accueil triomphal. Trop tard. Terrassé par une crise cardiaque, Calvero meurt dans les coulisses.
Limelight, l’un des derniers films de Chaplin, est sans doute le plus abouti. En grande partie autobiographique, le film tire sa tension dramatique de l’opposition vieillesse/jeunesse. Qui assume toute sa charge émotionnelle dans le thème de l’échec amoureux. L’effacement de Calvero rend compte d’un désarroi intime et profond, qui dépasse la réflexion sur les clivages sociaux.
Longtemps jugé trop sentimental et trop mélodramatique par la critique, Limelight est imprégné d’une philosophie profondément humaine. Celle d’un auteur et d’un acteur : Charles Chaplin (qui n'a plus souhaité, à compter de ce film, qu'on le prénomme Charlie, prénom qui faisait par trop référence au personnage de Charlot).
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
Pour écouter le thème musical de Limelight, cliquer ICI.
On peut revoir ses films : Chaplin garde sa fraîcheur et sa force. On a parlé de sentimentalisme, et même de complaisance, et c'est vrai : pourquoi se dissimuler cette sensibilité énorme qui gouverne la totalité de son oeuvre ? Seulement ce sentimentalisme est vrai. Loin d'être un ornement de l'oeuvre, plus loin encore d'être jeté au public comme un appât et un gage de succès, c'est Chaplin lui-même qui est ainsi - un coeur, accompagné d'un caractère pas toujours plaisant. Personnellement, j'étais fait pour recevoir ses films tels qu'ils sont, avec la plus grande simplicité et le plus grand bonheur. - J.-M.
Rédigé par : Jean-Marie | 17 octobre 2006 à 21:58
Je n'ai pas vu ce film. Je trouve l'affiche assez étrange, très "plissée", très "vide".
Est-ce que vous pourriez-nous dire - si vous l'avez vu et à votre avis - en quoi ce film est désormais considéré comme le "plus abouti" et non plus comme un mélo?
Quoi qu'il en soit, merci de votre "travail", votre blog est une mine!
Charles L.
Rédigé par : Charles L. | 18 octobre 2006 à 19:43
Merci à Jean-Marie et à Charles L pour ces commentaires.
"Abouti" au sens où ce film est allé totalement au bout de son pacte ambitieux de sincérité (= "le contraire du mensonge" ; cf. Kant et Sous réserve de Hélène Frappat). C'est cette sincérité-là - parfaitement justifiée dans un film dont le projet est autobiographique - qui a agacé la critique de l'époque, qui, n'ayant pas envie de prendre connaissance de l'envers du décor, a préféré charger le film en le qualifiant notamment de "bavard" (qui en dit trop ou démythifiant ?). Aujourd'hui le mythe d'Hollywood ne fait plus illusion auprès de quiconque.
Au fait, "plissé" n'a pas nécessairement une connotation négative si je m'en tiens aux créations de Issey Miyake.
Rédigé par : Angèle Paoli | 19 octobre 2006 à 04:22
Mille mercis de votre réponse Angèle.
"Plissé" et "vide" ne sont absolument pas pour moi négativement connotés. Je vois ces "plis" comme autant de rides (et pas seulement sur le visage : dans les nuages, le rideau, les feux de la rampe).
Sincérité et autobiographie. Oui. Mais il ne suffit sans doute pas d'être "sincère" pour réussir un film (rires).
Rédigé par : Charles L. | 19 octobre 2006 à 09:35