TRIPTYQUE DE L’ÎLE
Là-haut tout là-haut
elle l’a saisie
dans sa nudité épurée
évidée de ses jours
rassemblée dans ses formes
ramassée
re-serrée sur elle-même
contenue tout entière
entre les courbes de ses ailes
mer et montagne jointes
dans le fusionnement
de leurs contours
engloutie soudain
dans les flots bleus du ciel
Dans la demi-brume du matin
elle a surgi
alanguie de sommeil
et de lenteur
lourde encore
des paresses du rêve
elle s’est étirée
elle a déroulé les secrets de ses courbes
elle s’est déliée
pli contre pli
noble et fière
elle s’est campée
indomptée
dans la lumière
des flots
du ciel et de la mer
Bientôt
elle s’éloignera
dos rond
recroquevillée
dans ses criques
tours noyées
féline équarrie
par les confins
des horizons
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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Puis-je te l'emprunter, en renvoyant bien sûr à ton site ?
Rédigé par : brigetoun | 30 septembre 2006 à 11:09
Mais, naturellement, ma chère brigetoun. Avec plaisir. J'ai écrit ce matin ce texte en pensant à mon vol Bastia-Paris de 16h50. Le pincement au coeur. Je reviens dans mon village le 10 octobre. Entretemps, beaucoup de tribulations liées à mon déménagement/emménagement. D'une terre à l'autre. Du Nord au Sud.
Rédigé par : Angèle | 30 septembre 2006 à 11:34
D'autres plis de la même mer mais vécue à raz-de-sable...
POUR LIRE CE TEXTE IL FAUT FERMER LES YEUX
C’est ainsi que je l’écris d’ailleurs à l’instant, écoutant la mer d’un premier décembre
Pour lire ce texte qui est entrain de s’écrire il faut s’asseoir sur un tronc à demi-calciné, échoué là, sur les pierres qui prolongent, en léger surplomb, la langue de sable
Pour lire ce texte il faut, en effet, fermer les yeux et s’écouter…
enfin un peu, assez suffisamment, jusqu’à ne plus s’entendre,
s’oublier dans la mer qui bruit et joue son éternelle symphonie
Pour lire ce texte, qui à présent, bon gré mal gré, s’est inscrit, il faut avoir marché longtemps sur les petites pierres posées, sur la longue plage, comme autant de lettres
Pour lire ce texte il faut se souvenir qu’un premier décembre on a été la mer et son oreille, les cailloux de sa plage, son arbre à demi-calciné…
et la douceur des mots silencieux.
Rédigé par : jj dorio | 30 septembre 2006 à 17:20
Angèle
ce texte c'est toi,
tu es ton île,
belle comme elle...
tendres pensées
Elisanne
Rédigé par : double je | 02 octobre 2006 à 10:43
Angèle à Jean-Jacques
Pour lire ce texte et tant d’autres encore venus d’ailleurs, il faut coller l’oreille au coquillage des sables abandonné là par les dernières vagues d’automne, il faut fermer les yeux, oui, aussi, pour voir surgir le tronc à demi calciné et les pierres couchées où se tenaient les dernières essentielles palabres.
Pour lire ce texte et tant d’autres venus d’ailleurs, il faut entrer en résonance avec soi et avec le monde, descendre, descendre encore, plus loin. Puis oublier peu à peu la densité des choses et le rythme du sang et ne percevoir plus que le chant régulier de la vague qui se brise et s’endort sur la rive.
Pour lire ce texte et tant d’autres encore, il faut laisser le temps déposer, dans les replis de la mémoire, « la douceur des mots silencieux ». Des mots venus d’ailleurs.
Rédigé par : Angèle | 02 octobre 2006 à 13:08
Chère Angèle votre - Triptyque de l’île – me fait penser à
- Come le onde del mare - de Gianmaria Testa
"ma certe nostre sere hanno un colore
che non sapresti dire
sospese fra l'azzurro e l'amaranto e vibrano di un ritmo lento, lento
e noi che le stiamo ad aspettare
noi le sappiamo prigioniere
come le onde del mare,
come le stelle del mare.
si muovono e c'incantano le ore
di certe nostre sere
e sanno di partenza e di tramonto
e di sorvolare lento, lento
ma noi che le sappiamo prigioniere
non le possiamo liberare
come le onde dal mare
come le stelle dal mare"
en voici l’introduction musicale
elle me semble accompagner merveilleusement votre très beau texte, il parle si bien de votre Cap Corse … de notre Ile …
Amicizia isulana
Guidu ________
Rédigé par : Guidu | 02 octobre 2006 à 19:06
Bonjour !
Votre blog est vraiment intéressant et ce texte très joli !
Moi aussi je vis en Corse, plus au sud, en plaine orientale... J'ai créé une revue (c'est le tout début du projet) et je me suis permise de vous mettre parmi les liens ici : www.polyfiction.fr Etes-vous d'accord ?
Si ce projet vous intéresse n'hésitez pas à y déposer vos textes et à me faire des remarques et suggestions. A suivre...
A bientôt !
cordialement
Rédigé par : Anne | 03 octobre 2006 à 10:01
Une île ancrée
entre mer et ciel
juste pour l'espoir.
L'éternité d'une île
dans les replis de la mémoire
juste pour l'échange
le dialogue avec l'origine.
Une île enfin
pour déposer nos armes.
De notre sauvagerie
il ne reste qu'un éboulis
et cette ronce inoffensive
ce besoin de miel et d'eau
et de tous les visages
et de toutes les voix
à l'infini.
un live, ce matin en lisant ton beau poème…
Rédigé par : nobody | 03 octobre 2006 à 11:12
=> Merci, Elisanne, merci de tes mots. Ils me touchent beaucoup. Merci de ta tendresse. Je suis très émue.
=> Merci, Cavaliere. J'aime beaucoup cette chanson et j'ai une tendresse particulière pour notre chanteur-chef de gare. C'est vrai, cette chanson de Gianmaria Testa nous ressemble. Elle est en accord avec nous, avec notre nostalgie méditerranéenne. Dommage que l'extrait soit si court. Il me faut attendre quelques jours avant de pouvoir écouter l'intégralité de cette chanson. Et comme toujours, je l'écouterai en boucle. Elle sera désormais associée dans ma mémoire à ces moments si particuliers que je traverse et que je vis. Grazie a te.
=> Nobody, merci de ton beau poème en écho au mien. Merci de m'offrir de partager avec toi ce "besoin de miel et d'eau".
Merci à tous, mes ami(e)s, de cette émouvante polyphonie.
Rédigé par : Angèle | 05 octobre 2006 à 17:20