Mort à Nice, il y a vingt ans, le
12 septembre 1986, de
Jacques-Henri Lartigue.
Ph. D.R.
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Né à Courbevoie le 13 juin 1894, le photographe français Jacques-Henri Lartigue, issu de la bourgeoisie aisée, aimait à photographier les élégantes, les plages à la mode et les belles automobiles. Photographe mondain, fasciné par la mode et les automobiles, il a porté sur la société de son temps un regard marqué par la joie de vivre : « Je voudrais envoyer du soleil dans le ventre des gens ! »
EXTRAIT I
« En 1942, j’avais vingt-et-un ans ; j’étais assez jolie ; je n’en tirais pas vanité mais j’avais appris à en mesurer les avantages et profitais de ce bonheur. J’étais à Monte-Carlo, parce que c’est dans cette ville que j’habitais, entre mon père, qui était chauffeur et propriétaire de taxis, et ma mère couturière - elle savait créer ou copier pour moi une mode qui m’a donné le goût de l’élégance. Notre famille était d’origine italienne et avait traversé la frontière quelques décennies plus tôt pour fuir un tremblement de terre meurtrier.
A cette époque, j’avais un ami, Roland de L’Espée, avec qui je sortais beaucoup, avec qui je m’entendais bien et dont j’étais relativement amoureuse. Il devait faire un long voyage et craignait peut-être pour moi la solitude. Avant de partir, il avait téléphoné à Jacques qu’il connaissait bien : « si tu vas à Monte Carlo, téléphone de ma part à Mlle Orméa… Son prénom est Florette, elle habite Beausoleil. » À l’énoncé de mon prénom et de mon adresse, il me le racontera plus tard, Jacques avait réagi : « Tiens, on croirait le titre d’un de mes tableaux. »
Florette Lartigue, Jacques-Henri Lartigue, La Traversée du siècle, Bordas, 1990, page 107.
EXTRAIT II
« Jacques pense de plus en plus au rêve qui le tient depuis longtemps : trouver une activité qui lui permette de vivre et de peindre pour son seul plaisir. C’est pourquoi il pense de plus en plus à la photographie. C’est curieux comme ces deux activités se sont toujours relancées l’une l’autre. Si, en 1954, toutes les photos prises de 1912 à 1953 sont entièrement révisées, classées, tirées ou prêtes à tirer, c’est grâce à notre travail de fourmi, mais aussi grâce à la vente des tableaux. Jacques voudrait que les facteurs s’inversent, et le contexte semble devoir lui en donner la possibilité, à lui qui perçoit soudain, en cette année 1953, que le monde entre dans le monde de l’image :
« Réalisation de tous mes rêves de petit garçon. Photos en couleurs instantanées… Cinéma en couleurs à la portée de n’importe quel amateur. Photo au dix millièmes de seconde. Flash. Bientôt, grâce aux nouveaux magazines en couleur, grâce à la télévision, et surtout à cette subite façon d’avoir envie de « regarder » des gens de la terre entière, je pourrai peut-être non seulement réaliser mon rêve de toujours mais en faire un travail. C’est à croire que je suis né trente ans trop tôt et que tous mes bouillonnements intérieurs vont devenir réalisables au moment où j’aurai peut-être trente ans de trop pour pouvoir faire sortir ce que j’avais dans le ventre.
« Pendant ce temps, mes photos noires, les plus belles de toutes ces dernières années, dorment inertes, en négatifs, attendant le bon plaisir de mon portefeuille […] »
Au fil des expositions de peinture, nous nous lions avec Picasso, nous renouons avec Cocteau. Nous les retrouvons de temps à autre à Mougins, ou à Menton où Cocteau travaille à la décoration intérieure de la mairie. Ces rencontres n’ont rein de formel : nous partageons les mêmes occupations, la même vie quotidienne, presque prosaïque. Mon ami, le docteur Creff soigne Picasso par l’acupuncture. Jacques prend des photos pendant la pose des aiguilles. Ces photos sont diffusées dans la presse du monde entier, par l’intermédiaire de l’agence Rapho en particulier. Jacques disait que Picasso était la pomme frite de la peinture :
« Lorsqu’on parle de cuisine en France, on parle des pommes frites. Si l’on parle d’art moderne, on cite Picasso. De cubisme, on cite Picasso. D’art abstrait, on cite Picasso (il n’en a jamais fait !). Les pommes frites ne sont pas mièvres. Picasso n’est pas mièvre ? Alors, tout est là. »
Florette Lartigue, Jacques-Henri Lartigue, La Traversée du siècle, Bordas, 1990, pp. 131-132.
Che bello che sei tornata strega del vento, stanotte vado a leggerti con calma... Baci, tanti
r.
Rédigé par : r.r.florit | 12 septembre 2006 à 18:24
Brava, brava, carissima, mi fa piacere, molto piacere. Ti sento tutta di fuoco, sempre di più !
Rédigé par : Angèle Paoli | 12 septembre 2006 à 19:25
Heureux de trouver un site qui rend hommage à mon aïeule (cousine de mon père) que j'ai peu connue, mais dont j'ai apprécié le peu de temps passé avec elle.
Rédigé par : ORMEA Francis | 29 mai 2007 à 00:52