Ph., G.AdC
QUAND LES ÎLES POUFFENT DE RIRE
Quand les îles pouffent de rire
elles s'en vont à la dérive
vers de vieux continents gloutons
Aussi préfèrent-elles
s'obstiner
A ne pas décolérer
Marie-Ange Sebasti, Presque une île, La Marge Édition, 1997. Préface de Charles Juliet, page 37.
Ph, G.AdC
« En des poèmes elliptiques, à voix retenue, Marie-Ange Sebasti nous parle de son amour pour la Corse, cette terre où vivent ses racines, et à laquelle elle est à ce point attachée que pour elle ailleurs n'existe pas. Mais l'île est une île meurtrie : envahie, dépossédée de sa solitude, elle est livrée aux camelots, tandis que crépitent les mots de l'orage et que la vendetta se poursuit.
En écho à ces tristes circonstances, à ces malheurs, une plainte étouffée entretient en ces vers une sourde vibration. Mais il arrive que cette plainte émane d'une douleur plus intime :
Elle figurait éperdument
dans le choeur des pleureuses
depuis qu'elle n'avait pu mettre au monde
la joie
qu'elle avait violemment
conçue dans son coeur.
Surcroît d'amertume : il faut quitter l'altière beauté — celle des montagnes, des torrents, des champs d'oliviers, des plages — et vivre enfouie dans le terrier de l'exil. Écrire permettra alors de vaincre le noir, de combler le manque, de conjurer l'attente. L'attente de se retrouver à Sartène, au coeur du monde.
Poèmes âpres, tendus, abrupts. A l'image de cette île qui, jour après jour et d'une voix rauque, invite Marie-Ange à prendre la voie du retour. »
CHARLES JULIET, Presque une île, Préface, op. cit. supra, page 7.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.