Fffffff
Ffffffff. Elle court, elle court, comme une toupie affolée. Elle file, elle file à toute allure. Elle tricote, elle tricote de ses huit pattes agiles. Lancées à toute allure comme un bouquet d’antennes vibratiles sur le luisant lisse de la table du jardin. Par moments, elle s’immobilise. Est-ce la vue d’un insecte minuscule qui la fait s’arrêter net en chemin ? Non. Rien à l’horizon.
Elle reprend sa course vagabonde, disparaît à nouveau, ressurgit à l’angle opposé de la table. Elle galope, effrénée, hors d’haleine. Ffffffff . Où va-t-elle ? Que cherche-t-elle sur la surface lumineuse qui lui sert de circuit solitaire ? Je m’attends à la voir reparaître au tournant, à bout de souffle. La voilà, justement qui refait surface. Elle s’arrête, obstinée, au même endroit, avec la même brutalité. A-t-elle déjà ses habitudes ?
Au lieu de poursuivre le parcours engagé, elle bifurque, contre toute attente, à angle droit. Elle bat sans relâche le pavé plastifié de la table. Puis disparaît tout aussitôt. Ressurgira-t-elle à présent que la brise du soir s’est levée et que le soleil tend à se cacher dans l’épaisseur des frondaisons du jardin ? Ffffffff.
Un fil ténu se balance, invisible jusque alors. Je ne sais quelles en sont les attaches. Le fil de soie monte et descend, tendu entre deux mondes que je ne connais pas. Il disparaît à son tour, ondulant au large de mon visage. D’où vient-il ? Où va-t-il ? Peut-être la petite funambule va-t-elle réapparaître au moment où je ne l’attends plus. Balancée finement sur la soie de son fil. Ffffffff.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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mais elle reste dans la limite de son fil. J'ai depuis quelques jours un petit gecko qui me nargue
Rédigé par : brigetoun | 01 juillet 2006 à 16:55