Haworth Moors
D.R. Ph. Constantin R.
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MILD THE MIST UPON THE HILL
Mild the mist upon the hill
Telling not of storms to-morrow;
No; the day has wept its fill,
Spent its store of silent sorrow.
O, I'm gone back to the days of youth,
I am a child once more;
And 'neath my father's sheltering roof,
And near the old hall door,
I watch this cloudy evening fall,
After a day of rain;
Blue mists, sweet mists of summer pall
The horizon's mountain-chain.
The damp stands on the long, green grass
As thick as morning's tears;
And dreamy scents of fragrance pass
That breathe of other years.
July 27, 1839
BROUILLARD LÉGER SUR LA COLLINE
Brouillard léger sur la colline
Et qui ne parle pas d’orage pour demain :
Le jour a pleuré tout son saoul,
Épuisé sa réserve de muet chagrin.
Oh ! Je suis revenue aux jours de ma jeunesse,
Me voici enfant à nouveau,
Et de sous le toit paternel où je m’abrite,
De la porte du vieux château,
Je regarde le soir lourd de nuées descendre
Après une journée de pluie :
Des brumes bleues d’été, de tendres brumes tendent
Les montagnes de l’horizon.
Une moiteur imprègne la longue herbe verte,
Telles les larmes du matin,
Et des bouffées de senteur passent comme en rêve,
Respirant les jours anciens.
27 juillet 1839
Emily Jane Brontë, Poèmes, éditions Gallimard [1963 pour la traduction française], Collection Poésie/Gallimard, 1983, pp. 80-81. Traduction de Pierre Leyris.
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Heureuse de retrouver Emily ici, Emily qui a su si bien rendre l'atmosphère pesante, été comme hiver, de Haworth et de sa lande à perte de vue. Je ne saurais que conseiller le détour par Haworth, hors saison de préférence, sous les brouillards et les paysages désolés de novembre ; on comprend alors comment cette atmosphère lugubre où la mort semble toujours présente a pu forger les personnalités de chaque membre de la famille, et combien le recours à la création littéraire ou artistique a pu être nécessaire pour survivre à la vie triste et oppressante qui était la leur. Impressionnant.
Rédigé par : Pascale | 27 juillet 2006 à 10:24
Merci de cette évocation, Pascale. Elle ravive des souvenirs auxquels je suis restée très attachée. Je n'ai pas eu l'occasion de me promener dans les "Moors" hors saison. Mais déjà, à l'époque où j'ai séjourné dans le Yorkshire, l'été de mes dix-sept ans, j'avais été très impressionnée par la lande. Et bien sûr, je ressentais et recherchais la présence fluide et sauvage de Heathcliff et de Cathy. Je m'attendais à tout moment à les voir surgir, échevelés, au détour d'une de leurs escapades, passionnés et terribles. J'aurais aimé alors que les vents hurlent sur les "Moors".
Rédigé par : Angèle | 27 juillet 2006 à 18:38