Eugène Delacroix (1798-1863) Chasse au tigre, 1854 Huile sur toile, 0,735 m x 0,925 m. Paris, musée d'Orsay Photo RMN 1er juillet 1854 | Journal d’Eugène Delacroix Journée de travail sans interruption. Grand sentiment et délicieux de la solitude et de la tranquillité, du bonheur profond qu’elles donnent. Il n’est point d’homme plus sociable que moi. Une fois en présence de gens qui me plaisent, même mêlé aux premiers venus, pourvu qu’aucun motif irritant ne m’inspire contre eux de l’aversion, je me sens gagné par le plaisir de me répandre ; je prends tous les hommes pour des amis, je vais au-devant de la bienveillance, j’ai le désir de leur plaire, d’être aimé. Cette disposition singulière a dû donner une fausse idée de mon caractère. Rien ne ressemble autant à la fausseté et à la flatterie que cette envie de se mettre bien avec les gens, qui est une pure inclination de nature. J’attribue à ma constitution nerveuse et irritable cette singulière passion pour la solitude, qui semble si fort en opposition avec des dispositions bienveillantes poussées à un degré presque ridicule. Je veux plaire à un ouvrier qui m’apporte un meuble ; je veux renvoyer satisfait l’homme avec lequel le hasard me fait rencontrer, que ce soit un paysan ou un grand seigneur ; et avec l’envie d’être agréable et de bien vivre avec les gens, il y a en moi une fierté presque sotte, qui m’a fait presque toujours évité de voir les gens qui pouvaient m’être utiles, craignant d’avoir l’air de les flatter. La peur d’être interrompu, quand je suis seul, vient ordinairement quand je suis chez moi, de ce que je suis occupé de mon affaire, qui est la peinture : je n’en ai pas d’autre qui soit importante. Cette peur, qui me poursuit également quand je me promène seul, est un effet de ce désir même d’être aussi sociable que possible dans la société de mes semblables. Mon tempérament nerveux me fait redouter la fatigue que va m’imposer cette rencontre bienveillante ; je suis comme ce Gascon qui disait en allant à une action : « Je tremble des périls où va m’exposer mon courage. » Eugène Delacroix, Journal 1822-1863, Plon, 1996, page 438. |
■ Eugène Delacroix sur Terres de femmes ▼ → 26 avril 1798 | Naissance d’Eugène Delacroix → 1er mars 1847 | Journal d’Eugène Delacroix → 6 octobre 1849 | Journal de Delacroix → 1er mai 1850 | Journal de Delacroix |
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Juste un simple mot, bravo, votre magazine est vraiment très beau et bien conçu et de plus intéressant
Pierre Gaudin
Rédigé par : Pierre Gaudin | 29 juillet 2006 à 19:42
Bonjour Angèle,
Sais-tu qu'il y a une nouvelle édition du "Journal" ?
http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?post/2009/09/15Quoi-de-neuf---Delacroix%2C-le-Journal.-163
http://www.jose-corti.fr/titresromantiques/JournalDelacroix.html
Tibi,
A.
Rédigé par : Agnès | 05 mars 2013 à 16:38