Jeanne Bastide, Lucarnes
L’Amourier éditions,
Collection Thoth, 2006.
Lecture d’Angèle Paoli
Ph., G.AdC
UN RÉCIT DE TERROIR
Les Lucarnes de Jeanne Bastide s’ouvrent sur la luminosité d’une enfance méditerranéenne. Brodées du silence des mots, les lucarnes s’ouvrent côté ombre, côté soleil, sur la bastide de pierre, sertie de son écrin de vigne. Et sur les personnages familiers qui l’habitent pour y vivre et y mourir. La grand-mère, brodeuse de lucarnes « assise au bord des jours », est « le rire de la vigne ». Elle gabelle, pareille aux sarments de la Pierotte. Le grand-père arpente les rangées de ceps et veille sur la « calligraphie » de sa vigne. Josèphe, l’ancêtre folle, emmurée dans sa chambre, hante la maison de son présent sans passé et sans avenir. Louis tisse ses effervescences dans l’entrelacs de ses mains. Mariette, cachée derrière son rideau de cheveux raides, fabule et invente des histoires à faire frémir. La « belle Augusta », pétrie de dévotion et de sensualité, est convoitée de tous. Les autres, agglutinés deux à deux par la terre, bouclent le récit.
Trait d’union entre ces personnages familiers, se glisse la petite fille, campée par ses mots et par ses jours, par ses bonheurs et par ses défis. Par ses inventions d’enfant et par ses effrois. Elle est la narratrice distanciée qui « promène son miroir le long du chemin », déroule le motif de sa perception du monde. Et le « recrée » par pépites et par éclats. Sensations et souvenirs entremêlés.
Broderie tramée sur le tissé des mots, le récit offre une mosaïque de lumière, ajourée sur le passé par l’acuité du regard.
Lucarnes de Jeanne Bastide : un récit de terroir, serti dans l’écriture d’une orfèvre-dentellière.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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un désir soudain
de conquérir ce livre
de partir en voyage le toucher l'éloigner
faire des ronds dans l'air avant de
me poser
immobile au milieu de ses pages
Merci
Rédigé par : Viviane | 14 juin 2006 à 11:50