Le 9 juin 1947, le Musée national d’Art Moderne est officiellement créé à Paris. Grâce aux actions menées par Jean Cassou, critique d’art et conservateur en chef du musée de 1945 à 1965.
C’est à Charles Baudelaire (Salons) que revient la paternité de la notion de « modernité » dans le domaine de l’art. Mais peut-être convient-il de remonter au tout début du XIXe siècle pour répondre à la question : de quand date l’idée de création d’un musée d’Art Moderne ? C’est en 1818 que Louis XVIII décide d’ouvrir le musée royal du Luxembourg aux peintres vivants. L’ancien palais de Marie de Médicis accueille cette année-là soixante-quatorze toiles signées David, Gros, Prud’hon, Girodet, Delacroix. Le premier musée d’art moderne vient de voir le jour. Au cours des années suivantes, il s’enrichit d’importantes collections. Mais il est réservé aux peintres académiques français. Il faut attendre 1864 pour que les choses évoluent et que des artistes étrangers puissent y faire leur entrée. En 1869, le musée est chassé par le Sénat et s’installe provisoirement à l’Orangerie. Un provisoire durable, qui s’étire sur cinquante années ! C’est le legs Caillebotte, soixante-sept toiles au total, qui bouleverse le cours assoupi des choses. Tout est à reconsidérer. Les collections sont dispersées. Caillebotte et les impressionnistes, considérés avec mépris, sont hébergés au Louvre (ils reviendront en 1986 au musée d’Orsay). Tandis que les Étrangers sont transférés au Jeu de Paume. On est en 1922. Les très modernes, eux, les Picasso, Delaunay, Léger, Rouault..., sont refoulés. Il faut encore attendre. A l'occasion de l’Exposition Internationale Arts et Techniques de 1937, l’État se décide enfin (en 1934) à créer un Musée d’Art Moderne destiné à abriter les collections d'Art Moderne de l'État et celles de la Ville de Paris. Le musée est construit au pied des collines de Chaillot. Sur les bords de Seine. Sur le terrain de l'ancienne manufacture des tapis de la Savonnerie, situé entre l'avenue du Président-Wilson et le quai de Tokyo. Mais le musée se cantonne toujours dans l’académisme. Il faut que Jean Cassou prenne les rênes du Musée national d'Art Moderne (en tant que conservateur en chef) en octobre 1945 et s’implique, des années durant, dans des actions tenaces, pour que le musée s’enrichisse de nouvelles collections. Et que le musée national d’Art Moderne assume pleinement sa fonction. Officiellement ouvert le 9 juin 1947, le musée ne sera véritablement inauguré que le 6 juillet 1961 au lendemain du legs (1953) d'un collectionneur privé, le docteur Girardin. En 1977, enfin, la totalité des œuvres d'Art Moderne de l'État est transférée au Centre d’Art Moderne Georges-Pompidou (inauguration le 31 janvier 1977). Qui s’ouvre aux collections étrangères : expressionnisme allemand, école de New York, œuvres dada, surréalisme, art abstrait. Aujourd’hui, si le Centre Georges-Pompidou est l’un des plus importants et des plus réussis musées d’Art Moderne du monde (le plus riche en collections après le MoMA de New York), c’est en grande partie à Jean Cassou qu'il le doit. Quant au bâtiment de l'Avenue du Président-Wilson (aile est du Palais de Tokyo, l'aile ouest étant aujourd'hui occupée par le Site de création contemporaine), il conserve les collections d'Art Moderne de la Ville de Paris (8 000 pièces d'artistes de nationalité française) et abrite d'importantes expositions temporaires, dont, tout dernièrement, celle de Bonnard (2 février – 7 mai 2006) et celle de "Rouault, Matisse, correspondances" (27 octobre 2006 - 11 février 2007). Il a bénéficié en 2004-2005 d'importants travaux de rénovation, et a rouvert ses portes en février 2006. Angèle Paoli D.R. Texte angèlepaoli |
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