14 juin 1907 : naissance à L'Isle-sur-Sorgue (aujourd'hui L'Isle-sur-la-Sorgue) [Vaucluse] de René Char (mort à Paris le 19 février 1988).
Ph., G.AdC
POST-MERCI
Nous sommes des météores à gueule de planète. Notre ciel est une veille, notre course une chasse, et notre gibier est une goutte de clarté.
Ensemble nous remettrons la Nuit sur ses rails ; et nous irons, tour à tour nous détestant et nous aimant, jusqu’aux étoiles de l’aurore.
J’ai cherché dans mon encre ce qui ne pouvait être quêté : la tache pure au-delà de l’écriture souillée.
En poésie, devenir c’est réconcilier. Le poète ne dit pas la vérité ; il la vit ; et la vivant, il devient mensonger. Paradoxe des Muses : justesse du poème.
Dans le tissu du poème doit se retrouver un nombre égal de tunnels dérobés, de chambres d’harmonie, en même temps que d’éléments futurs, de havres au soleil, de pistes captieuses et d’existants s’entr’appelant. Le poète est le passeur de tout cela qui forme un ordre. Et un ordre insurgé.
René Char, Post-merci, Recherche de la base et du sommet. IV. À une sérénité crispée, Œuvres complètes, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, pages 759-760.
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oui
un ordre insurgé
c'est exactement cela...
Que c'est beau.
Et vrai.
Rédigé par : Viviane | 15 juin 2006 à 09:47
A l'occasion du centième anniversaire de la naissance de René Char a lieu le mercredi 14 mars 2007, à 18h30, une rencontre avec Marie-Claude Char, Paul Veyne et Gilles Plazy :
René Char, « une poésie qui n’est pas de mesure commune »
Bibliothèque de la Part-Dieu,
Lyon
tél.: 04 78 62 18 00
Marie-Claude Char, épouse de René Char, publie ce mois Pays de René Char, Flammarion.
Paul Veyne, professeur d’histoire romaine au Collège de France, a été l’ami de René Char et est l’auteur de René Char en ses poèmes, NRF Essais, Gallimard, 1990.
Gilles Plazy, écrivain et photographe, est l’auteur de René Char, Fiction sublime, éditions Jean-Michel Place, 2003.
Médiateur : Dominique Carlat, universitaire.
Rédigé par : Agenda culturel de TdF | 01 mars 2007 à 14:45
"Un ordre insurgé". Voilà ce qui manque à tant de poèmes aujourd'hui qui minaudent dans le formalisme le plus abject.
Les frissons n'ont plus rien de nouveau, les petits éditeurs disparaissent dans l'indifférence généralisée, les vrais livres n'ont plus d'échos que post-mortem...
Partout l'ordre règne juste ou injuste ! A l'heure où René Char est médiatisé, canonisé, mais non LU, - passeurs d'ordre insurgé, où êtes-vous ?
Rédigé par : Serge Venturini | 13 mai 2007 à 15:20
Relire peut être La Communauté inavouable...
à propos de Georges Bataille :
"la communauté de ceux qui n'ont pas de communauté (...) :
"Il n'en sait que mieux que la communauté n'est pas destinée à l'en guérir ou à l'en protéger, mais qu'elle est la manière dont elle l'y expose, non par hasard, mais comme le coeur de la fraternité : le coeur ou la loi." (Maurice Blanchot)
"L'écriture et la littérature selon Blanchot, sont inséparables de l'être en commun et de la communication. L'écriture n'est pas pour Blanchot, un objet formel et fermé , ce n'est pas un objet esthétique ni autistique , mais l'écriture c'est le rapport d'adresse par lequel non seulement un moi s'adresse à un toi , mais par lequel il y a seulement un moi et un toi, un un et un autre et par lequel seulement il peut y avoir une solitude et un dehors de la solitude, une expression, ou pour reprendre le mot de Bataille une extase.
L'écrivain et le lecteur se font l'un l'autre, et se faisant l'un l'autre, ils se déplacent l'un l'autre et ils se déplacent l'un par rapport à l'autre. Ils n'ont pas quelque chose à se communiquer, ils n'ont pas un message à se transmettre, ce qu'ils partagent, l'écrivain et le lecteur, c'est à dire aussi l'un et l'autre en général dans la communauté, ce qu'ils partagent c'est la puissance et la passion de se communiquer et à ceux qui attendent de l'écriture en ce sens une signification déterminable et communicable.
Il vaut mieux dire qu'il n'y a rien à communiquer, mais ce rien à communiquer n'a rien de nihiliste. Il n'y a pas moins nihiliste que Blanchot . Blanchot est celui qui écrit d'ailleurs les pessimistes n'écrivent pas et donc la communauté est immontrable, imprésentable. Elle ne peut pas elle-même devenir un terme donné, elle ne peut pas être mise en Oeuvre contrairement à ce qu'ont voulu les totalitarismes et contrairement à ce que veut sans doute toute volonté qui n'est que politique. Mais pour autant la communauté n'est pas une abstraction, ni un idéal flottant en l'air ; la communauté est elle-même ce mouvement ce rapport sans cesse en déplacement ; la communauté est le mouvement de l'écriture
Lorsque Blanchot parle dans la communauté inavouable (éd. Minuit, 1983), du fond sans fond de la communication, il n'y a là aucune acrobatie verbale, aucun mysticisme. Ce fond sans fond de la communication nous savons tous très bien ce que c'est, c'est ce sans fond auquel tout échange aboutit non pas comme à une impasse mais comme à l'ouverture qui est précisément l'ouverture de l'un de sur l'autre ou l'ouverture de l'un à l'autre.
Cet échange étant celui dont Blanchot dit aussi – seule en vaut la peine la transmission de l'intransmissible – et la peine que vaut la transmission de l'intransmissible on pourrait dire que c'est la peine infinie qu'il y a à comme ont dit couramment se faire comprendre, ce à quoi on aboutit jamais.
Mais dans ce non-aboutissement du se faire comprendre il y a en même temps tout le mouvement de l'ouverture de la communication, c'est à dire aussi tout le mouvement par lequel un moi sort de son moi et de ses petites préoccupations, c'est à dire aussi le seul mouvement par lequel on existe véritablement." (Jean Luc Nancy)
Rédigé par : cyrnea | 14 mai 2007 à 05:18