Naissance à Minowa (Tokyo), le
25 mai 1940, du photographe japonais
Nobuyoshi Araki. Il est indéniablement le plus atypique, le plus provocateur et le plus démystifiant des photographes japonais d’aujourd'hui, mais aussi le plus charismatique.
Nobuyoshi Araki
Colorscapes, 1991
61 x 51 cm
Source
Nobuyoshi Araki, dit Arakinema, vit et travaille à Tokyo. Ville qui inspire toute son œuvre photographique. Protéiforme et complexe, sa recherche se caractérise par une forte émergence de la mise en scène. Concentré sur une symbolique ritualisée de la sexualité, son art joue de toute la palette d’un nuancier iconique et chromatique des plus raffinés et des plus subtils : plasticité de l’étreinte, des nus féminins et de l’environnement floral, et ce dans les plus sophistiquées variations de contenus et de formes. Araki est parvenu à totalement se confronter à la trilogie qui lui est aussi chère qu'essentielle : l’amour, le sexe, la féminité.
La créativité d’Araki est « prolifique jusqu’à l’exaspération » (Alain Jouffroy*) et sans limites : insistante, foisonnante et débordante d’énergie (Araki a publié plus de cent livres depuis 1970, vendus à plus d’un million d'exemplaires). Sa boulimie frénétique à l’égard de l’image ressort à l'évidence dans sa méthode de travail, à la fois très rythmée et incroyablement dévorante, saturnienne.
« C’est en déboulant ainsi dans le réel qu’Araki photographie absolument tout ce qui vient, mais aussi tout ce qui s’éloigne, juste avant de disparaître de sa vue. Rien ne semble lui échapper. Il veut tout saisir avant sa mort. C’est sa manière d’enregistrer le monde tel qu’il est, de le capter dans son immédiateté, de l’inscrire dans l’interminable manuscrit de son roman visuel, comme si sa propre existence se confondait coûte que coûte avec la volonté de sauver la vie par la vue. » (Alain Jouffroy**)
La série fort connue des polaroids couleur (série Polamandara), mosaïque très dense de 2 373 opuscules autonomes, peut être considérée comme la manifestation la plus spontanée de son art. Un art visionnaire, multicolore et paroxystique qui va jusqu’au tréfonds de la sensibilité féminine.
Nues ou liées, prises ou surprises dans des poses affectées, les femmes qu’Araki choisit pour modèles possèdent une force plastique et esthétique que rendent manifeste et irremplaçable la délicatesse des lignes du corps et la grande expressivité du visage. Pourtant, la représentation de la sexualité n’est jamais violente ni prévaricatrice. Pas même dans les situations extrêmes de bondage fétichiste et sadomasochiste (kinbaku). De chaque photo se dégage une indéniable aura, qui leur confère une poésie visuelle unique.
* Alain Jouffroy, Quatrième de couverture, Araki, Actes Sud, Collection Photo Poche, février 2006.
** Alain Jouffroy, Introduction, id.
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