LA SORTE D’OMBRE
(extraits)
Il existe une sorte d’ombre
dans la mort où je te ressemble
Près de la mer par le mutisme
d’un oiseau qui s’était posé
entre les algues je veillais
Quand l’oiseau des algues s’est tu
nous étions dans un arc-en-ciel
lui et moi où tu revenais
de l’horizon avec les vagues
Je suis allé vers le ressac
comme si c’étaient des diamants
Je les ai versés sur ma tête
Je suis revenu sur mes pas
et j’ai vu que tout était vrai
Je veux l’écrire devant moi
avec de l’ombre sur le sable
Les tiges brisées par le vent
qui tiennent encore à des fibres
creusent des cercles concentriques
sur les dunes déjà marquées
de pattes d’oiseaux et d’insectes
Pendant ce temps je te regarde
Les vagues reviennent toujours
et je sais que tout est parfait
*
Je reste là
tout seul avec le bruit des vagues
Je vois de l’ombre
dans les traces que j’ai laissées
Le ciel me suit
et met de l’ombre sur le sable
Je suis moins seul
que les limites de mon corps
Me l’ont fait croire
les empreintes de mes pieds nus
Sont pleines d’ombre
il me semble que c’est étrange
Jean-Pierre Colombi, La Sorte d’ombre, in Anthologie de la poésie française du XXe siècle, Gallimard, Collection Poésie, 2000, pp. 562-563.
NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE
Jean-Pierre Colombi est né le 12 février 1941 à La Ciotat.
Poète de « l’énigme du monde », il a publié :
- Leçons de ténèbres, Gallimard, Collection blanche, 1980 ;
- Allégories de l’automne et des autres saisons, Gallimard, Collection blanche, 1985 ;
- La Sorte d’ombre, Gallimard, Collection blanche, 1996.
Jean-Pierre Colombi est aussi traducteur de poésie espagnole (il a notamment traduit Théophanies d'Ángel Crespo chez Arfuyen, 1997). Il a également été publié en Espagne aux Ediciones Olifante en 1992 : Lecciones y alegorías (introduction et traduction d'Ángel Crespo).
Jean-Pierre Colombi a été retenu dans l’Anthologie de la poésie française contemporaine (Antologia della poesia francese contemporane) publiée aux éditions Marcos y Marcos (Milano, 2000) et établie par Fabio Pusterla.
Retour au répertoire du numéro de mai 2006
Retour à l' index des auteurs
Naturellement, c'est grâce à toi, point de départ de mon flaner dans les allées de lectures, que j'ai découvert, et aimé J.-P. Colombi, dont j'ai gardé cette poésie que j'aime beaucoup :
"Cedo quello che so
all'oscurità del cuore
cedo i miei sentimenti
a passi nell'erba umida
e il silenzio in cui sono
trovo più desiderabile
dell'ombra in cui abbiamo scorto
quel che crediamo del mondo
poi so che sono là
come un po' dopo la morte
Leggere prove le nostre".
(Antologia della poesia francese contemporanea a cura di Fabio Pusterla)
Je te salue amicalement en espérant que tu aies pu remettre en vigueur...
TA Fête des Mères !
Rédigé par : madeinfranca | 21 mai 2006 à 20:47
il est resté seul sur la plage et il a vu qu'elle était là. et je dirai que je suis restée seule devant mon écran,
à minuit j'étais seule, à deux heures du matin j'étais seule devant mon écran et mon écran me renvoyait de la lumière et cette lumière c'était le poème de la vie sur la plage, de l'homme sur la plage qui l'avait vue lui aussi, qui avait vu la lumière de l'arc-en-ciel.
clem
Rédigé par : clem | 22 mai 2006 à 01:13