Ph., G.AdC
DÉMESURE DE LA POÉSIE
« Le poème est ce qui n’a ni nom, ni repos, ni lieu, ni demeure : fissure à l’œuvre se mouvant. Inutile de le circonscrire hors de paysages connus dans quelque zone aux pensées interdite, horizon d’antinature ou alors achevé au terme de son dépassement. Il hante notre espace car il est notre temps. Insaisissable en chacune de ses figures qui ne surgit que pour lier sa tendance naissante à d’imprévisibles successions, le poème sécrète sa propre histoire comme l’avion traceur ses spirales irréductibles dans leur lecture linéaire à ce que fut dans l’azur ce point blanc. Prenant appui sur l’explosion étoilée du langage, ressassant l’amorce naissante de l’événement, sortant le geste de ses fonctionnels usages, le coupant de ses thématiques intentions, le poème fait qu’après lui l’homme foudroyé demande aux pages l’abri et le repos d’une histoire, le modèle entrevu parfait de la pierre bleue sur un visage, l’impossible clef. Sans rémission. »
Jacques Garelli, Prendre appui, 1968, in Anthologie de la Poésie française du XXe siècle, Gallimard, Collection Poésie, page 399.
NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE sur JACQUES GARELLI
D'origine corse (Valle-d'Alesani), le philosophe et poète Jacques Garelli est né à Belgrade le 2 juin 1931. Il a enseigné pendant onze ans la littérature et la philosophie dans les Universités de Yale et de New York (N.Y.U.), puis, à partir de l'automne 1981, à l'Université d’Amiens. Il vit aujourd'hui retiré en Haute-Corse pour la moitié de l'année, aux côtés de la peintre Claude Garelli, son épouse.
- Brèche, Mercure de France, 1966. Prix de l’Académie française.
- La Gravitation poétique, Mercure de France, 1966 (essai). Prix de l’Académie française.
- Les Dépossessions, suivi de Prendre appui, Mercure de France, 1968.
- Lieux précaires, suivi de La Pluie belliqueuse du Souviendras, Mercure de France, 1972.
- Le Recel et la Dispersion, Essai sur le champ de lecture poétique, Gallimard, Collection Bibliothèque des Idées, 1978.
- Artaud et la question du lieu, José Corti, 1982 (essai).
- Le Temps des signes, Librairie des Méridiens-Klincksieck, Collection Horizons du langage, 1983 (essai).
- L’Ubiquité d’être, suivi de Difficile séjour, José Corti, 1986.
- Archives du silence, suivi de Récurrences du songe, José Corti, 1989.
- Rythmes et mondes : au revers de l’identité et de l’altérité, Jérôme Millon, Collection Krisis, 1991 (essai).
- L'Entrée en démesure, suivi de L'Écoute et le regard et de Lettre aux aveugles sur l'invisible poétique, José Corti, Collection En lisant en écrivant, 1995 (essai).
- De la création poétique : Brèche, Les Dépossessions, Lieux précaires, tome 1, Encre marine, 2000. Réédition de trois recueils poétiques.
- De la création poétique, Penser le poème, tome 2 (autour de l’œuvre de Jacques Garelli), Encre marine, 2000 (essai).
- De l'entité à l'événement. La phénoménologie à l'épreuve de la science et de l'art contemporains, Mimesis Edizioni, Milan-Paris ; Mimesis, « L’oeil et l’esprit », Librairie Philosophique J. Vrin, 2004 (essai).
- Fragments d'un corps en archipel, suivi de Perception et imaginaire : Réflexions sur un poème oublié de Rimbaud, José Corti, 2008 (essai).
- Fulgurations de l'être, José Corti, 2011.
« Il est permis de s'étonner que l’œuvre de Garelli, poète et philosophe détaché de toute compromission avec les modes et les snobismes, n'ait pas encore conquis en France le rayonnement qu'elle mérite, alors qu'aux Etats-Unis ― où il est vrai, Garelli a enseigné plus de dix années ―, on n'hésite pas parfois à le rattacher à la lignée d'un des plus grands poètes américains de ce siècle, Ezra Pound. » (Henri Lemaître)
Propédeutique du langage, prophylaxie immunisant les mots contre les faux-semblants contemporains, initiation à la perception pensée de l'être dans le monde : telle est l'expérience heuristique à laquelle nous convie l’œuvre de Jacques Garelli.
Sa Poésie permet aux autistes du monde actuel que nous devenons tous de redécouvrir le sentiment d'appartenance.
Rédigé par : MP Tournier | 06 novembre 2010 à 08:45