
Annick Ranvier
pastel à l'huile *, 50 cm x 65 cm
Collection privée
D.R.
autrement ?
sur le mur
bétonné
Fils
de fer
Dignes
en rouille En désordre Entortillent
l’espace
est neuf
Pressentiment
recommencé
ample Pluies
doucement
affinent
les vides
pointillés
la pierre
pleut
Annick Ranvier, Le rêve dissocié imprègne les pierres rêvent sans rupture, Editions L. Mauguin, 2005, s.f.
OÙ SE SITUE ?
La poésie d’Annick Ranvier est une invite à recomposer le puzzle éclaté du texte. Évadés sur la page selon un subtil vagabondage, écartelés par l’absence presque totale de ponctuation, les mots trouvent leurs résonances, leurs rythmes et leur sens d’une page à l’autre, dans la composition des blancs qui, en apparence, les séparent.
Progressivement, le monde « Suspendu » comme un fil au-dessus du « gouffre», dans les incertitudes de la « hauteur », se reconstitue, ponctué de questions essentielles : « Hauteur ? », « Où se situe ? », « La fin », « Autrement ? », « Quelle séparation ? », « en même temps ? », « défaite ? ». « L’attente est inscrite » au cœur battant du texte. D’une question à l’autre, des espaces de vie surgissent, comme autant de bulles autonomes au sein desquelles le « je » se reconstitue, se réunifie par bribes : « Je me compose », « Je m’adosse », « Je me fixe ».
Dans le même temps se recomposent aussi, selon les règles d’une grammaire inventive, de nouvelles figures syntagmatiques. Des unités de sens fusent et fusionnent autour d’images éclatées de l’enfance et de la vie. Les pierres (cailloux et roc) jalonnent le texte, le ponctuent, l'incisant de leurs traces, griffures et empreintes, de leur forme et de leur couleur. Elles ont à voir avec le rêve, comme l’indique le titre gigogne du recueil poétique. Incrustées dans la « boue » et le monde d’« en bas », elles impriment leur force à l’espace, le cernent, le délimitent et le fondent. Elles se posent, rassembleuses de mots et d’être, et vivent au rythme des émotions, façonnant avec elles le « je ». Qui évolue ainsi dans la binarité, entre plein ciel et abysse, dislocation et enroulement, « effritement » et ensemencement, évidement et « résurrection », « sans renoncement ».
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
* Ce pastel a été exposé en novembre 2005 aux éditions L. Mauguin à l'occasion de la publication du livre Le rêve dissocié imprègne les pierres rêvent sans rupture.
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Le visage bleu -"ton image mélancolique"-
(qui n'a rien à voir avec un visage...)
est effectivement "bouleversant".
Grace à Laurence Mauguin, je découvre aussi, j'essaie de découvrir,
votre "site". Pleine terre. Plein rêve.
Merci pour votre compréhension "hors compréhension". C'est-à-dire (peut-être...) le dedans(:)au-delà.
pour ce que vous écrivez.
Pour votre "coeur battant",
merci beaucoup.
Rédigé par : Annick R. | 20 mai 2006 à 22:34