Amina Saïd Image, G.AdC l’élan le souffle le silence le rêve de l’âme l’instant d’éternité l’ombre transfigurée de ma mort ce qui en moi vainement te cherche tout commence et meurt avec les racines calcinées du soleil sur le monde car de toi me vient une part de lumière mirage d'île sur l'écume de la mer ainsi je ne dis pas, je chante je brise la lumière pour que de toi elle se multiplie je peins mes paupières aux couleurs de la terre mes yeux se ferment sur une idée de la beauté que tu portes comme une pudeur intime je sème les pierres blanches de ma mort je vole une minute de vie à la courbe légère du temps car de toi me vient une part de lumière mirage d'île sur l'écume de la mer je suis au monde comme un fruit triste et heureux de la bouche qui l’embrasse la voix de l'aube se mêle à la tienne ainsi je ne dis pas, je chante ce qui en moi vainement te cherche depuis le jour où mes ombres s'éparpillèrent autour de moi crépuscule ébloui de la face d'un dieu barbare le jour où une théorie d’oiseaux innocents survola le mirage de mon île rêve pur incisé dans la chair du temps ainsi libre captive je m’achève et renais avec la nuit ses miracles lumineux * apparu disparu avec l’impétuosité du printemps comme un corps nu dans la lumière éteinte une étoile lyrique dans la nuit ensorcelée tu me gratifias d'une esquisse de sourire depuis je célèbre le tumulte intérieur ma folie de femme lentement détruite puis reconstruite le profil d’un sourire qui s’étend sur le silence de mon poème femme de peu de mots qui écrit qui écrit comme si elle savait comment mon histoire a la tristesse à fleur de corps l’aérienne innocence des ténèbres Amina Saïd, La Douleur des seuils, Clepsydre/Éditions de la Différence, Paris, 2002, pp. 36-37. NOTICE BIO-BIO-BIBLIOGRAPHIQUE Née à Tunis le 23 juillet 1953 d’une mère dauphinoise et d’un père tunisien, Amina Saïd vit à Paris où elle est enseignante. D’expression francophone, Amina Saïd est une des plus grandes voix de la poésie maghrébine. Elle est notamment l’auteur de deux livres de contes tunisiens (Le Secret, Critérion, Paris, 1994, et Demi-coq et compagnie, L’Harmattan, Paris, 1997) et de seize recueils de poésie : - Paysages, nuit friable, Barbare, Vitry-sur-Seine, 1980. - Métamorphose de l’île et de la vague, Arcantère, Paris, 1985. - Sables funambules, coédition Arcantière/Écrits des Forges, Paris-Trois-Rivières (Québec), 1988. - Feu d’oiseaux, Revue Sud, n° 84, Marseille, 1989. Prix Jean Malrieu. - Nul autre lieu, Écrits des Forges, Trois-Rivières (Québec), 1992. - L’une et l’autre nuit, Le Dé Bleu, Chaillé-sous-les-Ormeaux, 1993, Prix Charles-Vildrac (Société des gens de lettres) en 1994. - Marcher sur la terre, La Différence, Paris, 1994. - Gisements de lumière, La Différence, 1998. - De décembre à la mer, La Différence, 2001. - La Douleur des seuils, La Différence, 2002. - L’horizon est toujours étranger, CD, Paris, Artalect, 2003. - Au présent du monde, La Différence, 2006. - Tombeau pour sept frères, éditions Al Manar, Collection Poésie du Maghreb, Paris, 2008. Calligraphies d’Hassan Massoudy. - L’Absence l'inachevé, La Différence, 2009. - Les Saisons d'Aden, Al Manar, 2011. - Le Corps noir du soleil, éditions Rhubarbe, 2014. - Clairvoyante dans la ville des aveugles, dix-sept poèmes pour Cassandre, cahier d’arts et de littératures Chiendents, n°93, éditions du Petit Véhicule, 2015. - Chronique des matins hantés, éditions du Petit Véhicule, Collection « La galerie de l’or du temps », Nantes, 2017. - Dernier visage avant le noir, éditions Rhubarbe, 2020. |
AMINA SAÏD Ph. Michel Durigneux Source ■ Amina Saïd sur Terres de femmes ▼ → alors au pied d’un arbre (extrait de Tombeau pour sept frères) → amour notre parole (extrait de De décembre à la mer) → [de ce côté-ci du monde ou de l’autre](extrait de Clairvoyante dans la ville des aveugles) → Du Vieillard de la mer et de la Source de vie (extrait du Corps noir du soleil) → [écrire] (extrait de Dernier visage avant le noir) → enfant moi seule (extrait d’Au présent du monde) → Jusqu’aux lendemains de la vie (extrait de L’Absence l’inachevé) → l’élan le souffle le silence (extrait de La Douleur des seuils) [+ une notice bio-bibliographique] → Les Saisons d’Aden (note de lecture d’AP) → [si long fut l’exil du jour](extrait de Chronique des matins hantés) → (dans la galerie Visages de femmes) le Portrait d’Amina Saïd ■ Voir | écouter aussi ▼ → (sur le site berlinois lyrikline) Amina Saïd lisant à voix haute le poème ci-dessus |
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