![]() Léon Bakst, Nijinski dans L'Après-midi d'un faune, 1912
L’Après-midi d’un faune [EXTRAIT] Églogue LE FAUNE Ces nymphes, je les veux perpétuer. Si clair, Leur incarnat léger, qu'il voltige dans l'air Assoupi de sommeils touffus. Aimai-je un rêve ? Mon doute, amas de nuit ancienne, s'achève En maint rameau subtil, qui, demeuré les vrais Bois mêmes, prouve, hélas ! que bien seul je m'offrais Pour triomphe la faute idéale de roses. Réfléchissons... ou si les femmes dont tu gloses Figurent un souhait de tes sens fabuleux ! Faune, l'illusion s'échappe des yeux bleus Et froids, comme une source en pleurs, de la plus chaste: Mais, l'autre tout soupirs, dis-tu qu'elle contraste Comme brise du jour chaude dans ta toison ? Que non ! par l'immobile et lasse pâmoison Suffoquant de chaleurs le matin frais s'il lutte, Ne murmure point d'eau que ne verse ma flûte Au bosquet arrosé d'accords; et le seul vent Hors des deux tuyaux prompt à s'exhaler avant Qu'il disperse le son dans une pluie aride, C'est, à l'horizon pas remué d'une ride Le visible et serein souffle artificiel De l'inspiration, qui regagne le ciel. Stéphane Mallarmé, Poésies, Gallimard, Collection Poésie, pp. 58-59. |
■ Voir aussi ▼ → (sur le site du CNDP) une fiche très documentée sur ce spectacle → (sur le site de l’Université de Gand) le texte intégral de l’églogue de Stéphane Mallarmé |
Retour au répertoire de mai 2006
Retour à l' index de l'éphéméride culturelle
Retour à l' index des auteurs
Elle marche dans la rue. Seule. Elle aime marcher dans la rue. Elle aime son rêve, même si ce n'est qu'un rêve. Elle sait qu'elle aime son rêve. Et si son rêve n'était pas un rêve ? Elle marche dans la rue. Seule. Elle entend l'oiseau chanter sur la branche du platane. Elle lève les yeux pour mieux écouter l'oiseau. Tout son corps écoute l'oiseau. Elle n'est plus seule à marcher dans la rue. Elle n'est plus seule à aimer son rêve. L'oiseau chante son rêve qu'elle aime. L'oiseau chante toujours le rêve.
clem
Rédigé par : clem | 29 mai 2006 à 21:14
Le faune s'avance, surpris par cet attroupement de nymphes qui court vers la rivière.
Une seule, moins sauvage, se laisse approcher et lui laisse une écharpe.
Celui-ci, émerveillé, la serre contre lui comme dernière preuve d'un amour inconnu...
Rédigé par : math | 27 mars 2007 à 19:14
Mallarmé...
Puis il y a aussi, cette autre force qui nous propulse au quotidien, toujours et encore, en danse, en écriture, en poésie jusque là, chez l'aïeule savoyarde qui parvenue à trépas ne parlait presque plus qu'en patois en me jouxtant...
Mallarmé...
Il ne dit rien, il donne à éprouver; ce qu'il veut dire, lui seul le sait, a si peu d'importance, les mots dissipent sa souffrance itinérante, la forme de son cheminement relié à sa quête importe; à moins de lire en universitaires armés de connaissances, on s'en fiche, en revanche, ce que notre intelligence sensible en retient au toucher est transmissible au plan humain, on ne s'en fiche pas, on fait silence pour agir, "par le petit garçon qui meurt près de sa mère" et l'ave Maria lacéré sur le lutrin; l'astronef mallarméenne doit atterrir au quotidien. Il faut regarder en traversant la vie, non l'idée qu'on s'en fait.
Poésie in situ; poésie de facto; interactive; connectée au temps réel...
La danse nous propulse en ce sens.
Cordialement, mct
Rédigé par : Marie-Christine Touchemoulin | 29 mai 2009 à 23:22