Le
22 mai 1911 est créé au théâtre du Châtelet à Paris,
Le Martyre de saint Sébastien, une œuvre du compositeur
Claude Debussy sur un poème de l’écrivain Gabriele D’Annunzio. La chorégraphe
Ida Rubinstein interprète le rôle principal dansé et parlé (
saint Sébastien). Adeline Dudlay, le rôle de la Mère, et la soprano Ninon Vallin intervient dans une voix. L’opéra est dirigé par André Caplet (un ami et collaborateur de Debussy) et les chœurs par Désiré-Emile Inghelbrecht. Décors et costumes de
Léon Bakst.
Antonio et Piero del Pollaiolo
Martyre de saint Sébastien
Vers 1475
Panneau de bois
291,5 cm x 202,6 cm
National Gallery, Londres
Source
En novembre 1910, Gabriele D’Annunzio sollicite le compositeur français pour travailler à l’élaboration d’une œuvre commune. À l’intention d’Ida Rubinstein. Fasciné par le sujet dans lequel « le culte d’Adonis rejoint celui de Jésus », Debussy se lance dans la composition musicale de son œuvre. De son côté André Caplet réalise, avec l’assentiment du compositeur, une « composition orchestrale » qu’il appelle « Fragments symphoniques ».
Composé de cinq « mansions » (selon la terminologie médiévale, la mansion est un décor servant de cadre à une scène), le poème de Gabriele D’Annunzio est rédigé en octosyllabes sans rimes (3 938 octosyllabes en tout). La première mansion intitulée « La cour des lis » annonce le thème de la Croix. Sébastien, ami de l’empereur Dioclétien, proclame sa foi. La seconde mansion évoque les noirs enchantements de « La chambre magique ». Dans la troisième mansion, « Le concile des faux dieux », l’empereur se heurte au refus de Sébastien de se voir couronner devant les dieux. Dans « Le laurier blessé », Sébastien, condamné à être criblé de flèches, exige de ses archers qu’ils respectent les ordres de l’empereur. Intitulée « Le paradis », la dernière mansion montre l’ascension du saint. Debussy déclare au sujet du dernier acte : « Je pense avoir réalisé tout ce que j’ai ressenti, éprouvé à la pensée de l’Ascension. »
Momentanément « mise à l'Index » sur l'initiative de l’archevêque de Paris, l’œuvre reçoit un accueil mitigé de la part de la critique. Gênée par la longueur excessive du poème et la rhétorique emphatique de l’auteur italien. Même si l’art de Debussy s’accorde étroitement avec la sensualité mystique qui émane du poème.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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