Ph., G.AdC
BLEU DE PRUSSE
Le ciel par-dessus les toits s’étire
pourpoint doré de Magellan du haut de Sirius
Il contemple son visage halé de comète source claire
son corps délié qui sinue sous les vents tièdes d’Orient
sa traîne filante mille éclats qui draine son incandescence
Il est temps, dit-il, de restaurer le printemps
de réinventer les dunes célestes
de chanter l’énigme des attentes éperdues
de rendre à leur légèreté initiale les mots
de tisser l’instant des épousailles sous la lune
le soleil incertain ose quelques rires sur ces impromptus
mais rôdé à ces battements de cœurs
il sourit à ces fantaisies d’un mode mineur
d’un temps autre d’une autre ronde sidérale
dédaigneuse elle lance son désir au firmament
poursuit ses chimères folles
devine la soif des hydres insatiables
devance en jubilatoires inventions
les divinités lasses
et lui pourpoint doré de Magellan
il proclame la guerre aux sentiments informes
s’abreuve aux rêves insulaires
pourfend ses inconséquences
récuse l’inaccessible divague au-delà
des formes du plausible et des appels
de l’infini
hors d’haleine ils s’arrêtent
aux abords du fleuve séculaire
une hermine furtive dépose sa trace
dans les méandres de silice
une fouine pas feutrés
se faufile dans leurs hésitations
officiants silencieux ils présentent leur offrande à l’étoile
une majuscule pour ornementer chaque vers
un soupir posé entre deux notes
un respir pour alléger la phrase
une larme salée lune fertile
pour enluminer la page
d’eau pure
bleu de Prusse
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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AUTOBIOGRAPHIE DU BLEU DE PRUSSE _____
de
FLAIANO ENNIO
Littérature Italienne
Éditeur : GALLIMARD
Parution : 01/1992
Collection : LE PROMENEUR
ISBN : 2070725219
CE QU'EN DIT L'ÉDITEUR :
« Le Bleu de Prusse hait les mystiques et la xylographie, tient de sa mère une certaine ténacité, partage avec son frère (le Bleu Outremer) le goût des personnages faibles et des compagnes équivoques, lit Schopenhauer et s'en trouve mal, avoue sa partialité et son horreur des médiocres... D'alibis en faux-semblants, de fictions en anecdotes, d'aphorismes en fables désabusées, Flaiano poursuit ici son autoportrait indirect, livrant feuillet, page de carnet, note, aperçu fulgurant : autant d'ébauches, d'esquives, de rendez-vous en apparence manqués, de tortueuses dissipations qui finissent pourtant par constituer une œuvre unique en son genre et à dresser la carte d'une identité fuyante - celle d'un ironiste lucide qui passa son existence à faire mine de s'émerveiller de tout dans la lumière dorée des fins d'après-midi romaines. »
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Puis VERLAINE/POEMES SATURNIENS
Une grande dame
Belle " à damner les saints ", à troubler sous l'aumusse
Un vieux juge ! Elle marche impérialement.
Elle parle - et ses dents font un miroitement -
Italien, avec un léger accent russe.
Ses yeux froids où l'émail sertit le bleu de Prusse
Ont l'éclat insolent et dur du diamant.
Pour la splendeur du sein, pour le rayonnement
De la peau, nulle reine ou courtisane, fût-ce
Cléopâtre la lynce ou la chatte Ninon,
N'égale sa beauté patricienne, non !
Vois, ô bon Buridan : " C'est une grande dame ! "
Il faut - pas de milieu ! - l'adorer à genoux,
Plat, n'ayant d'astre aux cieux que ses lourds cheveux roux
Ou bien lui cravacher la face, à cette femme !
Amicizia
Guidu ____
Rédigé par : Guidu | 10 avril 2006 à 16:07
Aux errances informatiques (j'allais cherchant en quoi un village désuet avait pu être jadis "capitale du Bleu de Prusse") - et c'est toujours pareil : il n'y a que quand un texte poétique s'y détache que l'écran électronique reprend vie. Comment survivre en rire et légèreté, malgré les hydres insatiables ?
Rédigé par : Baudouin Pfersdorff | 22 octobre 2006 à 12:25
BLUES INDIGO
ECOUTER
(Paroles: David Mc Neil / Musique: Julien Clerc)
Persans, gouttières ou mistigris,
Si la nuit tous les chats sont gris,
Les hommes aussi sont tous égaux
Quand tombe cette chape indigo.
Ciment de poussière et d'ennui
Qui descend autour de minuit
Sur les pavés, les quais de gare,
Les arrivées, les cases-départ
Des jeux de l'oie perdus d'avance
Quand les dés roulent sans qu'on les lance...
Sans quand les lance...
On fouille aussi dans les poubelles
Des souvenirs, on se rappelle
Des princesses et des cendrillons,
Des éphémères, des papillons
Qui tournaient dans les abat-jours
De nos palais de rois d'un jour.
On se bat dans les terrains vagues.
Eux font leurs griffes, on fait des tags
Et des marelles, mais pas de chance,
La boîte tombe pas où on la lance,
Où on la lance,
Où on la lance...
Chat des palaces, voleurs, voyous,
Des favelas ou du bayou,
Qu'on soit Mozart ou John Coltrane,
C'est toujours le même blues qu'on traîne.
Faudrait, sur la carte du Tendre,
Des Touaregs pour nous attendre,
Quelques repères et des sherpas,
Des guides, des boussoles, des compas
Ou des Livingstone dans nos jungles,
Moins de foin, un peu plus d'épingles,
Des camions entiers d'amoureuses,
De mygales, de mante-religieuses,
Que nos appels aux ambulances,
Elles les entendent quand on les lance,
Quand on les lance,
Quand on les lance...
Rédigé par : Guidu | 30 mai 2009 à 01:24