Il y a 33 ans, le 8 avril 1973, mourait à Mougins (Alpes-Maritimes) Pablo Picasso (né le 25 octobre 1881 à Malaga). Sur son chevalet, à sa mort, une interprétation d'une toile de Cézanne. Picasso est inhumé dans le parc de son château de Vauvenargues, à proximité d’Aix-en-Provence.
Château de Vauvenargues, sous la Sainte-Victoire
Ph, G.AdC
Si Guillaume Apollinaire a été le premier poète « découvreur » de Picasso dès 1917 (c'est le 18 mai 1917 qu'a eu lieu la première de Parade, ballet avec une musique de Satie, un argument de Jean Cocteau, des costumes et des décors de Picasso), Aragon est le premier poète surréaliste à s’être intéressé à Picasso. En 1920, il commande à Picasso un frontispice pour son premier recueil poétique, Feu de joie et lui dédie le poème « La Belle Italienne » (dans le même recueil).
La Belle Italienne
L’azur et ses voiles
Les bras de santé
Crèmes estivales
Sa grande beauté
Mais qu’elle en impose
A qui veut l’aimer
(Parler de la mer
Autrement qu’en prose)
La plus idiote
Avec son œil rond
Luit intelligente
Auprès de ce front
O chère adorée
Au soleil de plomb
Ton regard d’aplomb
Et ta chair dorée
Quand on te décrit
Toutes tes chevilles
Comme des salives
Montent à l’esprit
Dans ta chevelure
Reflet du passé
Tu gardes l’allure
Du papier glacé
Qu’amènent tes lèvres
Les mots maux et fièvres
Mais la voix dit Non
Sur un ton de lave
Aragon, Feu de joie [1920], éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 1970, pp. 46-47.
Ci-dessous un extrait d'un autre poème dédié à Picasso, mais celui-là du poète contemporain Michel Butor :
Ballade du sorcier de Mougins
J’ai pris de la peinture du papier du charbon
de la ficelle et des clous
j’y ai mêlé de la tôle
de la glaise de la colle
je l’ai fait cuire avec du ciment
de la terre de l’osier des feuilles et du plâtre
et j’ai fabriqué des pichets et des verres
des bouteilles des chaises et des guitares
des chevaux des taureaux et des coqs
des chèvres des colombes et des hiboux
du ciel de la mer des arbres
des chevelures des visages et des femmes
cherchant depuis toujours à trouver sans chercher
et trouvant toujours […]
Prince des masques j’ai revêtu les insultes
les ricanements la sottise et la solitude à toute
épreuve
et j’en ai détaillé les baisers de l’enfance
l’alcool de survie et le baume des foules
j’en ai délivré le ventre et les yeux
j’en ai questionné les beautés exclues
né de cette interrogation depuis toujours
et mort naissant toujours
Michel Butor, Ballade du sorcier de Mougins, Gyroscope [1996], Anthologie nomade, éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 2004, page 438
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Je me permets aussi de vous conseiller le roman Aurélien. Magnifique.
Rédigé par : Elise | 29 mars 2007 à 21:16