Rome : Rilke à Lou Andreas-Salomé à Göttingen
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COMMUNICATION
Quelle foudre inflexible a pris ce corps en main,
l'a pétri, ravagé d'orages sans pitié !
Ce qui dévaste n'a pas de nom, pas de mains,
saisit l'esprit entier. Il faut manger ses cris.
Et le corps en douleurs sent le vent de la peur,
un vide où rien ne protège plus de la mort,
l'espace du rien qui l'angoisse, l'humilie,
ne laisse plus qu'un noir entre lui et la mort.
La personne petite où se débat la vie
voit derrière son oui les arbres toujours verts,
puis soudain ce visage imprégné de noblesse,
presque inconnu dans sa douceur et sa noblesse,
rayonnant d'un souvenir qui n'a pas de fin,
et dans ses yeux tout ce qui reste de lumière.
Jean Mambrino, Le Chiffre de la nuit, José Corti, 1989.
Rédigé par : M.P. | 27 avril 2005 à 21:08
Oui, Marie-Pool, ce poème de Jean Mambrino, poète chrétien et jésuite, rééquilibre la déclaration terrifiante de Rilke. Il est vrai que Jean Mambrino, qui invite à partager le monde, n'est pas un critique comme les autres. Il conduit son lecteur aux origines mêmes de la création littéraire, qui est à la fois "saveur et sens".
Jean Mambrino est l'inventeur, comme tu le sais, du mot "Hespérie", qui contient en résonance le mot "espoir".
Es-tu sûre que le poème comporte deux fois le terme "noblesse" à la rime? Cela m'étonne.
Rédigé par : Angèle Paoli | 27 avril 2005 à 22:39
Le redoublement du mot "noblesse"dans ce poème de Jean Mambrino existe dans le nrf Poésie/Gallimard (Anthologie de la poésie française du XX° siècle, page 222). Il faudrait vérifier dans la version CORTI. Cette répétition m'a moi aussi intriguée.
Intriguée aussi par ce talent de Rilke à séduire les femmes et son impossibilité à construire quelque chose de l'ordre d'une vie réelle avec elles. Ce qu'il dit de sa mère dans cette lettre à Lou éclaire un peu sur les motivations profondes de cet "empêchement".
Dans ce texte de Jean Mambrino, l'idée de "manger ses cris" est une image très forte de la violence d'un empêchement à se délester de la détresse qui doit être impérativement ravalée. Que cela finisse en orages n'est que pure nécessité. On ne peut devenir sereins sous des orages permanents, à moins de les banaliser. Mais quand le ciel s'ouvre et se referme sur tant de bruit, on ne s'entend plus et on est contraints à se boucher les oreilles. La solitude est alors forcée. Elle n'est qu'un répit tristement convoité.
Rédigé par : M.P. | 28 avril 2005 à 06:39
Existe-t-il plusieurs "anthologie de la poésie française du XXe siècle" chez nrf/Gallimard? Car je possède une telle anthologie sous les yeux et nulle trace de ce poème dans mon exemplaire. Y a-t-il plusieurs tomes? Merci.
Rédigé par : Marielle | 28 avril 2005 à 10:43
Oui, Marielle, il y a bien deux tomes pour l'Anthologie de la poésie française du XXe siècle de la Collection Poésie/Gallimard. Ce poème de Mambrino est dans le deuxième tome.
Rédigé par : Yves | 28 avril 2005 à 12:25