« Vaghe stelle dell'Orsa, io non credea Tornare ancor per uso a contemplarvi Sul paterno giardino scintillanti, E ragionar con voi dalle finestre Di questo albergo ove abitai fanciullo, E delle gioie mie vidi la fine. » Leopardi, Canti, Le ricordanze, éd. par E. Peruzzi, pp. 435-460. « Vagues flammes de l’Ourse, qui m’aurait dit Que je viendrais vous contempler encore Dans le jardin paternel scintillantes, Et parler avec vous des fenêtres De ce logis où j’habitais enfant Et découvris la fin de mes bonheurs. » Leopardi, Chants, Les souvenances. Traduction de Danielle Boillet.
Ouvrage audacieux que celui de l’astronome belge. Et jubilatoire. Puisque la lectrice tout à fait candide que je suis dans le domaine des galaxies, y découvre et y apprend avec stupéfaction et admiration que très nombreuses ont été les femmes astronomes dans l’histoire de l’humanité. Astronomes et femmes dont Yaël Nazé entreprend de révéler l’existence, longtemps occultée par leurs homologues masculins. De remettre ces femmes à leur juste place dans l’histoire des sciences, de faire connaître leurs travaux et découvertes, de les inscrire dans la longue marche des avancées scientifiques dans l’univers des astres, des comètes, des planètes, des étoiles. Des myriades de soleils. Autant dire de l’infini ! Ainsi donc, les femmes ont occupé dans les sciences célestes une place de choix et leur rôle est considérable. Et ce, depuis des temps très reculés, quasi immémoriaux. Les traces les plus anciennes de femmes engagées dans des pratiques scientifiques remonteraient à 6 000 ans avant J.-C. Il faut pourtant attendre la dynastie de l’empereur babylonien Sargon Ier pour identifier avec précision la première astronome de l’histoire: En-Hedu-Anna. Grande prêtresse de Nanna, « l’ornement du ciel », En-Hedu-Anna dirige les observatoires babyloniens. Mais les tablettes de son savoir ont disparu et il ne reste d’elle que ses poèmes ! L’égyptienne Aganike rayonne de ses talents de philosophe et d’astronome à la cour de Sésostris, son père (XIXe siècle av. J.-C.). Mais avec la grecque Aglaonike (Ve siècle av. J.-C.), capable de comprendre les éclipses de Lune, la situation des femmes astronomes se ternit. Elle atteint son paroxysme tragique lors du meurtre de la célébrissime Hypatie, commentatrice de Ptolémée et constructrice d’un astrolabe pour le compte de Synésius de Cyrène, évêque de Ptolémaïs. Un seul nom émerge de la période médiévale, celui de la moniale érudite, Hildegarde von Bingen. Les autres femmes, versées en astronomie, rejoignent le clan des sorcières et sont brûlées sur les bûchers. L’éclipse est longue qui s’étend jusqu’à la Renaissance. Mais dès 1600, des noms de femmes commencent à apparaître avec régularité dans les annales de l’astronomie. Sophie Brahe (1556 ?-1643), brillante scientifique mais assistante très silencieuse de son frère Tycho Brahe. Maria Cunitz (1610-1664), traductrice des travaux de Kepler, qui se consacre à l’amélioration des tables astronomiques. Catherina Elizabetha Margarethe Hevelius (1646-1693), qui publie deux importants catalogues stellaires. Maria Margarethe Kirch (1670-1720), qui découvre la comète de 1702. Toutes vivent dans l’ombre des hommes, père, frère ou époux, scientifiques qu’elles aident dans leurs travaux, les épaulant dans leurs calculs et classifications, poursuivant les recherches après leur mort, les complétant avec patience et précision. Mais il leur faut se battre pour faire valoir leur droit à la connaissance. Et accéder au rang de la reconnaissance. Et seule leur passion et leur obstination les sauvent de l’oubli. Caroline Herschel (1750-1848), passionnée d’astronomie, est spécialisée dans le polissage des miroirs dont son frère William a besoin. Mais elle fabrique aussi des tubes de télescope en carton. Travailleuse acharnée, elle découvre une comète (1786). Elle est la première femme à obtenir une rémunération pour ses travaux. Avec Mary Fairfax Grieg Somerville (1780-1872), traductrice en anglais de la Mécanique céleste du mathématicien Laplace, les choses changent un peu. La géophysicienne participe aux premiers combats « féministes » de son temps. Elle se bat en faveur des droits des femmes. Le couple Shoemaker occupe une place privilégiée dans le monde de l’astronomie moderne. Leurs travaux sont quasi indissociables. Eugène Shoemaker (1928-1997) confie à Carolyn (Carolyn Jean Spellman Shoemaker, née en 1929), passionnée par l’observation du ciel, la recherche d’astéroïdes. En 1982, Carolyn découvre un NEO, Near Earth Object, un astéroïde proche de la Terre. Dès lors, la passion des comètes ne la quitte plus. En onze ans de travail, elle en identifie 32. L’ensemble des travaux fournis par Carolyn lui vaudra d’être récompensée par la NASA. Ensemble, Carolyn et Gene reçoivent le titre de « Scientists of the Year » en 1995. Mais l’ouvrage de Yaël Nazé ne se borne pas à des fiches biographiques. II comporte également de nombreuses explications, parfois fort savantes, agrémentées de tableaux, schémas, graphiques, diagrammes ou ellipses. De photos de nébuleuses et de galaxies. Celles de la mystérieuse NGC4550 et de l’une de ses voisines, la NGC4551. Entre lesquelles navigue Véra Rubin (née en 1928) qui en étudie les mouvements et rotations. Première femme à obtenir de pouvoir travailler dans l’observatoire du Mont Palomar, Véra Rubin est aussi la première femme à avoir réussi à concilier son travail d’astronome et son métier de femme. Véra Rubin a eu un maître exceptionnel en matière de galaxie. Elle a été initiée par Margaret Peachey Burbridge (née en 1919), pionnière dans la mesure de la vitesse de rotation des galaxies. Passionnée par les « quasars », galaxies d’un genre nouveau, Margaret Burbridge forme avec son mari Geoffrey Burbridge et leurs amis William Fowler et Fred Hoyle, le Quatuor B2FH. C’est à ce fameux quatuor que l’on doit, depuis 1964, l’idée d’« effondrement de matière vers un trou noir massif ». Ce qui n’empêche pas les Burbridge de s’opposer, pour des raisons strictement scientifiques, à l’idée du Big Bang.
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Voir aussi : - (sur www.physics.sfsu.edu) The History of Women in Astronomy |
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Ah, Angèle, si vous n'existiez pas, le monde serait considérablement plus triste et moins intéressant. Quel beau "papier", quel bel hommage à toutes ces femmes occultées (éclipsées vous le dites vous-même est le terme qui convient dans ce contexte !) et quelle belle idée d'arpenter pour vos terres de femmes, celles de la science. Bravo et merci, de tout coeur.
Rédigé par : Florence Trocmé | 27 mars 2006 à 19:30
Florence, merci. Votre enthousiasme me ravit. Et il me donne des élans d'exploratrice. N'oubliez pas l'éclipse de soleil de mercredi, à partir de 11h20. Je crois que, s'il fait beau, je ne vais pas résister à l'envie d'aller l'observer du bord de mer.
Rédigé par : Angèle | 27 mars 2006 à 21:54
Sempre preziosa Angèle che ci fai conoscere una storia sotterranea, ma di grande forza.
A me piace perdermi in Alpha Centauri, Altair in particolare o forse nelle sue *canzoni* del grande Rafael Alberti :)
Lascia stare le eclissi però, poi ti spiegherò il perché...
Rédigé par : r.r.florit | 27 mars 2006 à 23:38
Ma, Rita, l'avevo capito che tu sei una vera stella solare !
Eclissi ? "Lasciare stare le eclissi ?" Penso di capire quel che vuoi sottintendere colle eclissi. Ma preferirei che tu mi dica, tu, personalmente !
Rédigé par : Angèle Paoli | 28 mars 2006 à 12:25
Chère Angèle,
Vous voilà maintenant la tête dans les étoiles en bien belle compagnie !
Les astres ont toujours fasciné l’humanité. C'est ainsi qu'au dix-huitième siècle, dans l'Inde du nord, le mahârâja Sawâî Jai Singh II fit construire l'Observatoire de Jantar Matar, en forme de jardin astrologique d’où il pouvait observer les mouvement du ciel et des planètes … C’est aujourd’hui un haut lieu de poésie parfaitement conservé qui fait encore rêver…
Je vous invite à vous y rendre dans une interprétation photographique toute particulière (je n’en suis, hélas, pas l’auteur…). Et oui, la Toile permet de voyager, et vos lecteurs peuvent vous suivre partout dans vos pérégrinations intergalactiques…
Je ne vous en dis pas plus : regardez simplement !
Amicizia
Guidu____
Rédigé par : Guidu | 28 mars 2006 à 18:29
Guidu, merci, quel superbe espace onirique, en effet ! Toutes ces courbes, ces volutes de couleur en plein air ! C'est génial ! Vous êtes un internaute de talent ! Merci de nous faire partager vos trouvailles.
Rédigé par : Angèle Paoli | 28 mars 2006 à 23:00