Te voilà à nouveau
au bord de tes dérives
prisonnière de faux songes
oublie la rue désossée
et le pas malaisé qui trébuche
sur les pavés disjoints
laisse les gouttes serrées de la pluie
laver ton visage
des angoisses du sommeil
vois l’immense vaisseau blanc
qui vient à ta rencontre
et hisse fier le pavois de sa grue
sur la muraille lumineuse de sa proue
efface de ta mémoire
les accents détachés
et la froideur des mots qui lassent
avance vaillamment
vers les squares amoureux
saisis-toi de l’instant
luciole de lumière
de la caresse d’eau
qui effleure ta joue
s’insinue dans tes pores
se glisse lisse
sous les rides de ta peau
marche marche encore
qu’un pas alerte t’aide
à ranimer
la pulsion de vie qui vibre
en toi
plein sang
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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Flap ... l'oiseau se pose et dépose ... en écho ... écho ... écho ... éch ...
*
Trahison
A trahir mon esprit pour de fausses raisons
A trahir mon esprit par de fausses raisons
Il finit par sombrer dans les gouffres amers
Comme le fin voilier qui voguait fier hier
Et qui éperonné par une vague faux
A coulé corps et bien au plus profond de l’eau.
*
busard
Rédigé par : busard | 15 mars 2006 à 18:21
Merci, mon cher Busard, pour ces vers qui sonnent haut et juste, en dépit des bonnes fausses raisons qui parfois nous conduisent. Les gouffres, c'est vrai, si nous n'y prenons garde, ne sont jamais loin.
Rédigé par : Angèle | 15 mars 2006 à 22:49
Flap ...
[busard] – Hier ...
[Angèle] - Oui ?
[busard] – ... hier j'ai écrit un poème différent...
[Angèle] – Différent en quoi ?
[busard] – Je suis parti d'un mot et j'ai écrit...
[Angèle] – Cela n'a pourtant pas l'air d'être différent...
[busard] - ... j'ai pratiqué une écriture sans censure, posé les mots les uns derrière les autres sans aucune contrainte technique.
[Angèle] – Quel en est le résultat ?
[busard] - Ecoute...
*
La main
La main
La main
La main
La main
Main qui prend
Main qui donne
Main si douce à ma peau
Main si chère à mon cœur
Main rugueuse
Du labeur acharné corrompue
Aux veines si présentes
Main rongée
Main d’arrêt
De douleurs hésitantes
Au sable fugitif
Maintenant si changeantes
Demain
Demain
Demain
Demain
Là
Ici
Toi
Je
Au-delà du sommeil qui ride cet espace
Je coule au vermeil de ce sang qui se glace
Main que mensonge abîme
Pour attraper la cime
Fusionne
Au contact
La main se tend
Froide ou chaude
Main polie
Main jolie
*
busard
Rédigé par : busard | 17 mars 2006 à 10:24
"efface de ta mémoire
les accents détachés
et la froideur des mots qui lassent…
…marche marche encore
qu’un pas alerte t’aide
à ranimer
la pulsion de vie qui vibre
en toi
plein sang"
S'il fallait ne retenir que quelques passages de ce magnifique poème, ce sont ces mots que je choisirais. J'ai laissé tes mots filtrer lentement en moi avant d'écrire cette petite note.
Ce poème semble s'adresser à chacun de nous, abusé par les chimères, par l'espérance de choses qui ne seront pas, par les "faux songes".
Le réel, la pluie, l'instant luciole, la marche… toutes ces choses peuvent nous retenir, retenir nos rêves débridés qui nous entraînent parfois bien au-delà du supportable.
Ce poème semble s'adresser à moi qui suis une incorrigible rêveuse, qui bâtis des mondes sur le sable ou les marécages…
Très beau, Angèle ! Simplement : merci !
Rédigé par : nobody | 22 mars 2006 à 09:25
=> Merci à vous, mon cher busard, pour ce bel hommage à la main chancelante, ce bel oiseau improbable, saisissant dans sa diversité volage. C'est un très beau texte que le vôtre. Mille mercis.
=> Merci à toi aussi, nobody, merci de partager avec moi cet "instant luciole", très dense, qui m'a portée avec sa force, vers l'écriture de ce texte.
Rédigé par : Angèle | 22 mars 2006 à 23:01