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Épigramme LIV
« Celle clarté mouvante sans umbrage,
Qui m’esclarcit en mes tenebreux jours,
De sa lueur esblouit l’œil volage
A l’inconstant pour ne veoir mes sejours :
Car, me voyant, m’eust consommé toujours
Par les erreurs de son errante fleche.
Parquoy l’esprit, qui desir chaste cherche,
En lieu de mort a eu nouvelle vie,
Faillant aux yeulx (dont le corps souffrant seche)
De mes plaisirs la mémoire ravie. »
Pernette du Guillet, Rymes, édition critique avec une introduction et des notes par Victor E. Graham, Genève, Librairie Droz, 1968, p. 92.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
Née vers 1520, Pernette du Guillet fait partie, comme Louise Labé et Maurice Scève, de l’École Lyonnaise. Mariée en 1538 au sieur du Guillet, Pernette chante dans ses Rymes la passion amoureuse platonique qu’elle nourrit pour Maurice Scève, auteur de la Délie.
En 1544 paraît Délie, objet de plus haute vertu. Les Rymes de Pernette du Guillet sont publiées à Lyon en 1546. Un an après la mort de la poétesse, survenue en 1545, à la suite d'une épidémie de peste. L’édition originale est confiée à Antoine du Moulin, valet de chambre de la reine Marguerite de Navarre et éditeur passionné. À qui le sieur du Guillet a remis le petit « amas de rymes », trouvé dans les effets de la défunte. « Sur les instantes et affectionnées remontrances de son dolent mary », Antoine du Moulin rassemble en un recueil intitulé Rymes, les épigrammes, chansons, épîtres et élégies composés par la gentile, vertueuse et spirituelle Pernette du Guillet, Dame lyonnaise et poète.
Les œuvres de Pernette du Guillet sont consultables sur le site de l'Electronic Research Center, University of Minnesota, Minneapolis. Voir aussi : - (sur Terres de femmes) Jeu d’échange poétique entre Maurice Scève et Pernette du Guillet. |
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Merci, chère Angèle, d'attirer notre attention sur Pernette du Guillet. Elle fait partie des poètes plusieurs fois citées par celles et ceux qui ont bien voulu répondre à l'enquête que je suis en train de mener, pour Poezibao, sur la place des femmes en poésie.
Rédigé par : Florence Trocmé | 08 mars 2006 à 12:41
Une poétesse lyonnaise à l'honneur aujourdhui, voilà qui ne pouvait pas manquer de me faire plaisir !
Ci-dessous un extrait de sonnet de l'autre grande lyonnaise dont les premiers vers polissons comme une invitation ma foi bien tentante avaient retenu mon attention. De Louise Labé donc :
"Baise m’encor, rebayse moy et baise :
Donne m’en un de tes plus savoureus,
Donne m’en un de tes plus amoureus :
Je t’en rendray quatre plus chaus que braise"
Extrait du Sonnet XVIII (voir détails ci-dessous), citation placée en exergue de Jeanne de Nicole Avril, Flammarion, 1984.
Dans l’avertissement du livre des Œuvres de Louise Labé Lyonnoise (édité par Durand et Perrin à Lyon en 1824), un dialogue imaginaire entre Sappho et Louise Labé est ainsi annoncé :
"Un Dialogue, composé par M. Dumas, sert de préface : sous une forme, pour ainsi dire dramatique, il fait connoître le caractère de Louise Labé et le genre de son talent, ainsi que les rapports et les différences qui existent entre elle et l’immortelle Sappho ; et il finit par signaler le but qu’on s’est proposé d’atteindre, en reproduisant pour la sixième fois le recueil entier de ses ouvrages."
Pour consulter l'intégralité du dialogue, cliquer ICI.
Rédigé par : pascale | 08 mars 2006 à 13:57
Merci, Pascale, je connaissais ce dialogue imaginaire entre Louise et Sappho. Mais j'avais occulté le récit de la mort de Sappho qui se serait suicidée en se jetant dans les flots. Le navigateur Phaon étant insensible à ses appels. Pernette fait une brève allusion aux amants dans ses Rymes. Mais surtout, dans un autre poème, elle adresse à Sappho ces reproches:
"Sapho, que faisois-tu,
Qui voulois sans vertu
Tel chemin entreprendre?
Ne valoit-il pas mieux,
Sans fascher les haultz Dieux
Reculer, que descendre?"
Pernette du Guillet, Rymes, p. 126, vers 109 à 114.
Je trouve cette strophe très mystérieuse; et je n'ai rien trouvé qui puisse l'éclairer/m'éclairer...
Rédigé par : Angèle Paoli | 08 mars 2006 à 16:34