Image, G.AdC
Le 3 mars 1903 sont publiés les poèmes de Sappho dans une traduction de Renée Vivien (Sappho, « traduction nouvelle avec le texte grec, paraphrasé en français »). Ces poèmes paraissent, sous un anonymat qui ne trompe personne, aux éditions Alphonse Lemerre. Qui vient de publier, en janvier 1903, Évocations, un recueil de poèmes saphiques. Ces deux publications font scandale dans la bonne société, choquée par les mœurs qu’affiche avec tant de naturel la poétesse Renée Vivien.
SUR LE RYTHME SAPHIQUE
Prolonge la nuit, Déesse qui nous brûles !
Eloigne de nous l’aube aux sandales d’or.
Déjà, sur l’étang, les vertes libellules
Ont pris leur essor.
Tes cheveux, flambant sous l’ombre de tes voiles,
Atthis, ont gardé le feu rouge du jour,
Et le vin de fleurs et le vin des étoiles
M’enivrent d’amour.
Nous ne savons pas quelle aurore se lève
Là-bas, apportant l’inconnu dans ses mains…
Nous tremblons devant l’avenir, notre rêve
Craint les lendemains.
Je vois la clarté sous mes paupières closes,
J’étreins vainement la douceur qui nous fuit.
Déesse à qui plaît la ruine des roses,
Prolonge la nuit. »
Renée Vivien, Évocations, Alphonse Lemerre Éditeur, 1903, pp. 9-10.
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