Le
24 mars 1886 naît à Highland Park (Illinois)
Edward Weston.
Nu d’Edward Weston (1936),
photo que j'ai découverte pour la première fois
(il y a fort longtemps) lors d'une exposition
Edward Weston au Palazzo Pubblico à Sienne.
Source
Edward Weston, photographe autodidacte, obtient ses premiers succès avec des photographies « picturalistes ». Au contact d’autres artistes (Alfred Stieglitz, Charles Sheeler et Paul Strand) et grâce à sa fréquentation de l’art contemporain, son art évolue de l’imitation de la peinture vers d’autres formes d’esthétique. Il opte notamment pour la « straight photography ». Une photographie « pure », précise, exacte et rigoureuse, dépouillée de tout artifice. Dans l'échantillon des sujets choisis - coquillages, souches d’arbres, poivrons, paysages et nus -, Edward Weston met l'accent sur des formes, des lignes, des motifs privilégiés. Bannissant le flou au profit de plans rapprochés, le photographe focalise son regard sur un seul point fort. Par son travail sur le rendu de la matière, le photographe rejoint parfois l’abstraction.
De 1923 à 1943, Edward Weston tient un journal qui rend compte de son parcours artistique. Un précieux patrimoine qu’il lèguera à Brett et Cole, ses deux fils photographes.
En 1932, cofondateur avec Ansel Adams et Imogen Cunningham du groupe f/64, il considère que « l'image existe dès que le photographe appuie sur le déclic ». Privilégiant la précision plutôt que l’interprétation, il est attaché à la « franche photographie ».
Mais il est impossible de parler du photographe Edward Weston sans évoquer les femmes qui ont accompagné son parcours ou influencé son art. Depuis la mort de sa mère, survenue au cours de sa petite enfance, en passant par sa sœur May qui se charge de son éducation, et par Flora Chandler qu’il épouse le 30 janvier 1909, jusqu’aux nombreuses maîtresses qui jalonnent sa vie sentimentale, la carrière de photographe d’Edward Weston doit beaucoup aux femmes qui l'ont entouré. Avec Tina, la première maîtresse, il quitte momentanément la vie bourgeoise conventionnelle dans laquelle il étouffe.
Il rencontre ensuite, grâce à ses amis du groupe f/64, Sonia Noskowiak. La jeune étudiante en photographie devient sa maîtresse. Et le demeure cinq ans durant. Charis Wilson, poétesse de vingt ans, prend sa place en 1934. Elle lui inspire ses plus belles photos de nus. Et le pousse en outre à concourir pour le Guggenheim Fellowship. Prestigieux prix artistique qu’il obtient et qui lui permet de recevoir la première bourse Guggenheim attribuée à un photographe. Cette vie sentimentale mouvementée se solde par le divorce de Flora et d’Edward, et par son mariage avec Charis, dont il finira également par se séparer en 1945.
Edward Weston, qui allie à ses conceptions rigoureuses un art subtil des modulations de la lumière, laisse derrière lui une œuvre d’une très grande puissance émotionnelle.
Angèle Paoli
Angèle, quand vous écrivez Cette vie sentimentale mouvementée, c’est une litote concernant les photographes ... et ceux qui les côtoient aussi !
Dans le petit texte qui suit, le photographe est une photographe …
"…Le soir était tombé, dans le ciel la lumière était devenue irréelle, une phosphorescence qui se dégradait en bleu foncé, une humidité subtile, une odeur de ville mouillée se séchant par irradiation. Philippe et Anne Marie marchaient dans la ville, dans le silence du soir. L'appareil photo d'Anne-Marie sur sa hanche, la main de Philippe dans la poche, crispée sur son carnet.
Silencieusement, ils marchaient sans rien dire. Ils s'écoutaient, la respiration sur le qui-vive, celle d'Anne-Marie ample, apaisante, un souffle léger, une caresse du vent. Celle de Philippe s'emballait en rafale. Ils ne confrontaient rien, aucune impression subjective, un souffle contenu, une même exaltation, une même joie triste les accompagnaient, une ombre à leur côté, un trac invisible, cruel…"
Tout ça pour dire que Edward Weston est un immense photographe et pas seulement de nus féminins, vous l’avez dit. Un portraitiste de l’âme tout simplement, avec une respiration sur le qui-vive, qui traduit un trac invisible oui … d’une très grande puissance émotionnelle.
Ce portfolio en ligne le confirme.
Amicizia
Guidu ______
Rédigé par : Guidu | 24 mars 2006 à 19:04
Un petit commentaire un peu banal :
Cette photo de nu est sublimement sensuelle
Je la connaissais, mais n’en connaissais pas l’auteur.
Merci Angèle
Rédigé par : Yann | 24 mars 2006 à 19:51
Encore un excellent lien, Guidu. Merci.
Rédigé par : pascale | 25 mars 2006 à 13:10
Le lien de Guidu est celui qu'avait retenu Angèle pour la source de la photo du nu de 1936.
Rédigé par : Webmestre de TdF | 25 mars 2006 à 13:26
=> Merci, Yann, tes commentaires sont les bienvenus. Je suis heureuse de t'apporter une réponse sur cette photo.
=> Guidu, vous pratiquez excellemment l'art de l'écart. Je soupçonne que vous êtes un admirateur de Magritte. Et de sa célèbre toile Ceci n'est pas une pipe. J'ai envie d'ajouter : ceci n'est pas un commentaire de photographe! Qu'en dites-vous?
Rédigé par : Angèle | 25 mars 2006 à 15:19
Edward Weston a été mon maître a penser durant soixante ans de photographie .J'ai en simples mots un immense respect pour cet homme et ce qu'il a apporté à la photographie moderne. Jamais je ne pourrais le remercier de ce qu'il m'a donné, non seulement comme vision mais comme sens à ma vie.
Rédigé par : guy borremans | 03 janvier 2010 à 05:38
C'est vrai que la photographie est très présente dans le site Terres de Femmes : créations magiques de Guidu (et ici ce texte splendide), créations d'Angèle qui nous offrent son regard sur son île et ses voyages mais aussi, au fil des jours, Cartier-Bresson, Korda, Jacques-Henri Lartigue, Edward Weston... L'art devient chose mentale et bonheur raffiné.
Travail des noirs profonds et des blancs intenses, modulations des gris ou des couleurs brillantes, lignes qui fracturent le réel, silhouettes de promeneurs. Beauté génératrice de silences contemplatifs et de mots transmettant leur imaginaire. Coprésence de l'invisible de l'avant et du visible de maintenant qui ne repose que sur la diffusion de la lumière le temps d'une prise de vue, d'un regard. Présence-absence discrète, devinée de leur auteur. Monde de l'éphémère dans le travail interminable d'une quête... car pour voir, il faut du temps, de la patience !
Et pour nous aider à regarder ces oeuvres, à les entrecroiser aux écritures offertes, produisant des effets inattendus, il y a l'immense travail de mise en pages, audacieux, subtil, du webmestre du site, donnant cohérence et unité à ce projet artistique et poétique.
Rédigé par : Christiane | 03 janvier 2010 à 13:47