XXXVI
SONNET A TOMMASO CAVALIERI
Je vois par vos beaux yeux une douce lumière
que par les miens, aveugles, je ne saurais voir ;
je porte avec vos pieds un fardeau sur l'échine
que les miens claudicants, n'auraient jamais souffert ;
Je vole avec vos ailes, moi qui suis sans plumes,
par votre esprit sans cesse entraîné dans le ciel ;
je suis à votre gré ou livide ou vermeil,
transi dans le soleil ou chaud par froide brume.
Mon désir ne réside qu'en votre vouloir,
mes pensées ne se forgent que dans votre coeur,
mes paroles ne naissent que de votre souffle.
Je ressemble à ce qu'est, d'elle-même, la lune
dont nos yeux ne sauraient découvrir dans le ciel
qu'une portion: celle qu'embrase le soleil.
Michel-Ange, Poèmes, traduits et présentés par Pierre Leyris, Gallimard, Collection Poésie, 2004, page 76. |
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