Image, G.AdC
Jeudi 14 février 1493
« Cette nuit, le vent augmenta encore et les vagues étaient épouvantables. Allant l’une contre l’autre, elles se heurtaient, embarrassaient en se brisant sur lui la marche du navire qui ne pouvait avancer ni se sortir d’entre elles. L’Amiral avait fait hisser la basse voile du grans mât afin de dégager seulement un peu son navire d’entre les flots. Il alla ainsi trois heures et courut vingt milles. La mer devenait toujours plus grosse et le vent plus violent. Voyant le péril grandir, il s’abandonna à courir en poupe où le vent le portait ; parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire. Alors la caravelle Pinta où allait Martin Alonzo Pinzon commença à courir aussi, puis disparut, quoique toute la nuit l’Amiral lui fit des signaux auxquels l’autre répondait, et cela jusqu’à ce que la violence de la tempête ne le lui permit plus et parce qu’elle se trouva fortement écartée du chemin de l’Amiral. Celui-ci alla cette nuit au nord-est quart est et parcourut cinquante-quatre milles qui font treize lieues.
Après le lever du soleil, le vent devint encore plus violent et la mer démontée plus terrible. L’Amiral ne gardait que la basse voile du grand mât, et très basse pour que le navire ne s’enfonçât pas mais pût sortir d’entre les vagues qui se croisaient. Il courut en direction nord-est, puis au quart nord-est. Il alla environ six heures ainsi, faisant sept lieues et demie.
Il ordonna que l’on tirât au sort celui qui se rendrait en pèlerinage à Santa Maria del Guadalupe, lui portant un cierge de pure cire de cinq livres, et que tous fissent vœu que celui que désignerait le sort accomplirait le pèlerinage. Il commanda d’apporter à cet effet autant de pois chiches qu’il y avait de personnes sur le navire, d’en marquer un d’une croix au couteau et de les mettre tous, bien remués, dans un bonnet. Le premier qui y mit la main fut l’Amiral et il en tira le pois chiche à la croix. Ce fut ainsi que le sort tomba sur lui et, dès ce moment, il se considéra comme pèlerin, tenu d’aller accomplir le vœu.
On tira au sort de nouveau pour l’envoi d’un autre pèlerin à Sainte-Marie-de-Lorette dans la marche d’Ancône, terre du pape, maison où Notre-Dame a fait et fait encore de nombreux et grands miracles. Le sort tomba sur un marin nommé Pedro de Villa, du port de Santa Maria, et l’Amiral lui promit de lui donner l’argent nécessaire aux frais du pèlerinage. On décida d’envoyer un autre pèlerin passer une nuit de veille à Santa Clara de Moguer et d’y faire dire une messe. Pour le désigner, on remit dans le bonnet les pois chiches dont celui à la croix, et le sort désigna encore l’Amiral.
Après cela, l’Amiral et l’équipage firent vœu d’aller, tous en chemise, dès l’arrivée à la première terre, en procession prier dans une église qui fût sous l’invocation de la Vierge.
Outre les vœux généraux ou communs à tous, chacun faisait le sien en particulier, car personne ne pensait échapper. Au milieu de la terrible tempête qui sévissait, tous se tenaient pour perdus. Ce qui augmentait encore le péril, c’est que le navire manquait de lest. Sa charge était allégée déjà des vivres mangés, de l’eau et du vin bus, et l’Amiral n’y avait pas pourvu dans son désir de profiter du beau temps qu’il avait eu par les îles. Son dessein était de faire prendre du lest à l’île des femmes où il avait résolu d’aller. Le remède dont il usa en cette nécessité fut, dès qu’il le put, de faire remplir d’eau de mer les pipes vides d’eau et de vin. Ainsi pourvurent-ils à ce danger… »
Christophe Colomb, La Découverte de l'Amérique, I. Journal de bord et autres écrits, 1492-1493, La Découverte/Poche, 2002, pp. 283-284.
A lire aussi sur Christophe Colomb : Une histoire populaire des États-Unis, De 1492 à nos jours (Paris, Agone, 2003, ISBN 2-9108-4679-2) de Howard ZINN, qui nous montre toute l'horreur de la colonisation.
Rédigé par : pnyx | 15 février 2006 à 11:34
Votre mot sur Christophe Colomb appelle en moi un écho de ma ville natale*, où fut baptisée l'Amérique voici presque cinq siècles.
Sans un petit groupe d'érudits vosgiens, la mémoire de Colomb se serait peut-être inscrite dans les cartes de géographie, au lieu de celui d'Amerigo Vespucci...
Que d'ironie dans cette histoire je trouve, où un patelin paumé au fond du duché de Lorraine baptise le Nouveau Monde, le tout d'après une fausse information...
* Lien fait par le Webmestre de TdF.
Rédigé par : Alfred Teckel | 15 février 2006 à 16:59
Voici AMERICA _________
de Roberto Kuntsler, un cantautore Romain d’aujourd’hui.
" Colombo disse terra
Infatti fu così
I marinai guardarono
Dritti ad occidente
E videro una striscia
Che non sembrava niente
Nasceva da lontano
Un sogno nella mente
Ah, ah, America
La sera sulla spiaggia
Come se ci fosse il vino
Colombo restò solo
Parlò con un bambino
E udì la vecchia storia
Degli uomini giaguaro
Che usavano le perle
Al posto del denaro
Ah, ah, America
Ritornò dalla regina
E disse c'è una terra
Se vuoi sarà un impero
Ma ci vorrà una guerra
E quante guerre ancora
Dovremo sopportare
Per liberare il cielo
Per liberare il mare
Ah, ah, America."
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Et la traduction/adaptation que j’en donne :
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AMERICA
Christophe Colomb s’écria - Terre -
Et il en fut ainsi
AMERICA…
Les navigateurs regardèrent droit vers l’occident
Ils virent un détroit qui ne ressemblait à rien
Et dans le lointain un rêve mental naquit
AMERICA…
Le soir sur la grève en une veillée de vin
Le Génois resta seul à parler avec un gamin
Il écouta la vielle histoire des hommes jaguar
Ceux qui en guise de monnaie
Se servaient des perles
AMERICA…
De retour au royaume d’Espagne
À la Reine il annonça
Il y a une terre qui si tu le veux
Peut devenir un empire
Mais il faut lui faire la guerre
AMERICA…
Combien de guerres devrons-nous faire encore
Pour libérer le ciel et la mer…
AMERICA…
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Consulter le site de Roberto Kunstler
Qui dit puiser une bonne part de son inspiration chez http://www.lyber-eclat.net/salon/auteurs/michelstaedter.html >Carlo Michelstaedter (1887-1910), philosophe, poète et artiste Italien.
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Amicizia
Guidu ________
Rédigé par : Guidu | 27 février 2006 à 13:43